Philippe Henriot, né à Reims (Marne) le 7 janvier 1889, tué par un commando du COMAC (mouvement de Résistance) à Paris le 28 juin 1944, est un homme politique français, figure de la Collaboration en France avec l'occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Membre de plusieurs organisations d'extrême droite, il est issu de la droite catholique. Il enseignait dans une école catholique de Gironde et son père avait été, à Saint-Cyr, un condisciple du futur maréchal Pétain. En 1924, il rencontre l'abbé Bergey, député de la Gironde, et participe aux campagnes du parti de celui-ci, l'Union populaire républicaine (UPR). De 1925 à 1932, il s'engage dans le militantisme catholique de droite aux côtés du général de Castelnau et de l'abbé Bergey. Il donne des conférences organisées par la Fédération nationale catholique et publie des articles dans La Liberté du Sud-Ouest. En 1932, il remplace l'abbé Bergey comme député de Bordeaux. Élu vice-président de la Fédération républicaine, il coordonne au plan national les Jeunesses de la Fédération (JFR), créées en 1935. Réélu en 1936, il est député jusqu'en 1940. Inscrit à la Fédération républicaine, il est anticommuniste, antisémite, antimaçon et antiparlementaire.
Durant l'entre-deux-guerres, il est violemment anti-hitlérien, avant de défendre vigoureusement, en 1938, les accords de Munich. En 1940, il se rallie au maréchal Pétain et soutient la politique de la Révolution nationale dans des organes comme Gringoire et Je suis partout. Il devient très pro-allemand en juin 1941, lorsque commence la guerre entre l'Allemagne et l'URSS. Son anticommunisme s'avère plus fort que son antigermanisme. Il est très actif dans la collaboration, s'engage dans la Milice. Sous l'Occupation, il prend la parole tous les jours à l'antenne de Radio Paris pour défendre la collaboration, attaquer la France libre et les Français libres du Général de Gaulle. Orateur virulent, il participe à une guerre des ondes qui se déroule entre les radios de la France libre (Radio Londres) et les radios de la France occupée (Radio Paris). Il se bat particulièrement contre Pierre Dac et Maurice Schumann. Il est surnommé le Goebbels français. Une de ses auditrices les plus fidèles aurait été l'épouse du maréchal Pétain. L'invasion de la Zone libre en novembre 1942 ne l'empêcha pas de continuer sa propagande. Il avait la réputation de pouvoir présenter les sujets les plus complexes d'une façon claire et directe ; Il arrivait ainsi à défendre la Collaboration mieux que Pétain lui-même, ou Laval. Pour convaincre, il n'hésita pas à se rendre en Haute-Savoie pour interviewer des maquisards qu'on venait d'y capturer et les présenter comme stupides, méchants et remplis de haine.
À en croire le préfet du Vaucluse, cette propagande aurait eu de l'effet : si deux mois plus tôt les gens avaient été massivement du côté de la Résistance, Henriot avait réussi à les faire changer d'avis. Sous la pression des troupes d'occupation allemandes il devient, le 6 janvier 1944, secrétaire d'État de l'Information et de la Propagande du gouvernement de Vichy, en même temps que Joseph Darnand est nommé ministre chargé du maintien de l'ordre. Laval est seul à signer leur acte de nomination, Pétain ayant refusé de le faire. Le 10 mai 1944, Philippe Henriot sur Radio-Paris s'en prend aux Juifs français réfugiés à Londres, pour qui, selon lui, la France ne compterait pas. Pierre Dac, sur Radio-Londres lui répondra : « Mon frère en France a bien sur sa tombe l'inscription “mort pour la France”, alors que sur celle de Philippe Henriot on écrira “mort pour Hitler, fusillé par les Français” ».
Cette réponse fut prémonitoire : Henriot sera tué par la Résistance 45 jours plus tard. Le COMAC reçoit l'ordre d'enlever ou à défaut d'exécuter cet orateur ultra-collaborationniste. Charles Gonard, dit Morlot, futur Compagnon de la Libération, est chargé de la mission. Le 28 juin 1944 à 5 h 30, il pénètre au ministère de l'Information, 10 rue de Solférino, accompagné d'un groupe de résistants. Muni de faux papiers de milicien, il convainc Philippe Henriot de lui ouvrir la porte de sa chambre. Face aux hommes armés qui se présentent, Henriot tente de se défendre et est alors abattu. La femme de Henriot, qui se trouvait dans la pièce, est alors épargnée. L'un de ses fils, membre du NSKK (formation militarisée rassemblant les chauffeurs nazis), était reparti la veille pour le front. Cependant, selon Xavier Vallat, la veuve Henriot et ses enfants auraient été inquiétés en juin 1945.
L'assassinat de Georges Mandel par trois membres de la Milice est ensuite présenté comme une mesure de représailles. D'autres exactions ont lieu dans toute la France, notamment à Rillieux-la-Pape, près de Lyon, où le milicien Paul Touvier fait exécuter sept Israélites pour venger la mort de Henriot. Philippe Henriot eut droit à des obsèques nationales, organisées par le régime de Vichy, à la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence du cardinal Suhard et d'une foule importante.