Histoire

Publié le par La Croix par Bouthors Jean-François

La collection « Bouquins » de Robert Laffont poursuit sa publication de La Grande Histoire des Français sous l'Occupation. Ce deuxième volume rassemble Les Beaux Jours des collabos et Le Peuple réveillé, les tomes 2 et 3 de la saga écrite par Henri Amouroux, publiés en 1978 et 1979, qui tournaient l'un et l'autre autour de l'année 1941, dont l'une des dates clés est celle du 21 juin, lorsque les Allemands attaquent l'Union soviétique. Cela justifiera pour certains la collaboration, permettant de dissimuler l'antisémitisme et l'anglophobie derrière l'anti-bolchevisme, tandis que cela provoquera l'entrée des communistes « en résistance ».

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En collaboration avec l'Association Liberté-Mémoire (Lucie et Raymond Aubrac, François Bedarida, Stephane Hessel, Pierre Sudreau, etc.), les Editions du Félin poursuivent la réédition de quelques grands témoignages de la Résistance. La nouvelle livraison est double. Le récit de François-Louis Closon (qui fondera plus tard l'Institut national de la statistique), publié pour la première fois en 1974, va de sa rencontre avec Jean Moulin en février 1943 jusqu'à la Libération. Closon ramènera à Londres le dernier rapport de « Max », avant qu'il ne soit arrêté et torturé à mort par la Gestapo. On trouvera dans ce témoignage quelques pages consacrées à la courageuse attitude de Mgr Salièges à Toulouse.

Le second livre est celui de Claude Bourdet (disparu en 1996). Engagé dans la Résistance dès 1940, arrêté en 1944 et déporté à Buchenwald, Bourdet (qui fut l'un des fondateurs de ce qui est devenu Le Nouvel Observateur) a livré ses souvenirs dans un long dialogue avec Jean-Marie Borzeix qui a finalement pris la forme d'un livre en 1975. Ce retour sur le passé, par un homme de la « nouvelle gauche » est aussi une interrogation sur le rôle du général de Gaulle pendant la Résistance et après la Libération.

  • Le Temps des passions, de François-Louis Closon, Editions du Félin, 240 p., 120 F.
  • Aventure incertaine, de Claude Bourdet, Editions du Félin, 480 p., 240 F.

De quoi donc est faite l'histoire ? Si la question est sans cesse rebattue du côté du sens, l'historien belge Jean Stengers, non sans malice et goût de la provocation iconoclaste, vient apporter une réponse inattendu, sous la forme de l'étrange grain de sable du hasard.

La défaite de Napoléon en Russie ne doit-elle rien au rhume qui l'empêcha de parachever la victoirer de Borodino ? Comment comprendre que des avancées scientifiques majeures doivent tant à l'intervention de personnalités inattendues que rien ne prédisposait a priori à ce rôle ? Et si l'on peut aussi s'interroger sur les effets de la chronologie sur certaines décisions, force est de constater que la connaissance même de l'histoire doit beaucoup au hasard, à la découverte fortuite. Un petit essai émoustillant...

  • Vertige de l'historien. Les histoires au risque du hasard, de Jean Stengers, Les empêcheurs de penser en rond, 166 p., 120 F.

L'« Autre Europe », celle qui, jusqu'en 1989, était enclose derrière le rideau de fer, aspirait _ avant la chute du mur de Berlin _ à la démocratie qui s'épanouissait à l'Ouest. Ce n'est pas pour autant qu'elle n'avait pas sa propre réflexion politique. Mais celle-ci nous était mal connue.

Pour la première fois, voici présenté un ensemble de contributions _ pour la plupart centre-européennes _ qui s'efforce de combler cette lacune. L'ouvrage qui s'adresse d'abord aux spécialistes (historiens, politologues, philosophes) intéressera ceux qui pressentent que le centre-est du Vieux Continent n'est pas simplement demandeur de bénéficier des « largesses de l'Union européenne » mais riche d'une personnalité qui peut apporter sa part au renouvellement de la pensée politique.

Comme le souligne Chantal Delsol dans sa belle préface, en Europe centrale, l'idée de la liberté est indissociable de celle de la culture, autour de laquelle se bâtit l'identité nationale. De plus, ces « petites nations », longtemps dominées, portent loin l'interrogation morale en politique en se demandant : « A quoi servirait finalement de recouvrer notre indépendance, de nous doter d'un Etat, si c'était pour nous conduire de la même manière que nos anciens occupants ? » A découvrir, donc, la pensée politique de ces peuples européens qui n'ont pas voulu perdre leur âme.

Histoire des idées politiques de l'Europe centrale, sous la direction de Chantal Delsol et Michel Maslowski, PUF, 604 p., 178 F.

Publié dans Articles de Presse

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