Interviews Jennifer Flay

Publié le par ParisArt - Samantha Longhi

ParisArtpublié le 18/05/2005 par Samantha Longhi

Selon Jennifer Flay, Directrice artistique de la Fiac, les acteurs culturels doivent avoir davantage confiance en la situation culturelle française. La France a des atouts qu'il faut savoir défendre et revendiquer. Un changement majeur s'impose, celui des mentalités à l'intérieur de la France.

Flay JenniferJennifer Flay est Directrice artistique de la Fiac depuis novembre 2003. Après une première édition en 2004, elle a œuvré cette année aux côtés de l'ancien Délégué aux arts plastiques, Martin Bethenod, afin de régénérer la foire parisienne. Ancienne galeriste de renom, ayant cultivé des amitiés sincères dans le milieu de l'art contemporain, elle a tout en main pour réussir ce qu'elle entreprend entre la Porte de Versailles et le Grand Palais.

Samantha Longhi. Jennifer Flay, vous avez ouvert votre première galerie, rue Debelleyme, en 1991, au début de la crise du marché de l'art.

Jennyfer Flay. En effet, j'étais bien placée à l'époque pour observer le phénomène de spéculation qui a précédé la crise, ainsi que les premiers signes de l'effondrement du marché, car j'ai commencé à travailler en galerie en 1982. On ne l'a pas vue arriver pour autant. Personne ne s'attendait à voir s'assombrir aussi rapidement le climat euphorique qui régnait sur le marché depuis l'automne 1987. A la foire de Chicago en mai 1990, et en juin à Bâle, on a observé un certain manque de réactivité. Puis, à la rentrée de septembre, la crise s'est confirmée et s'est installée pour de bon.

La décision de créer ma galerie s'est faite avant la crise, mais les événements ne m'ont pas conduite à abandonner ce projet. J'avais fait de longues études d'histoire de l'art et, entre 1982 et 1991, j'ai travaillé avec trois galeries : Catherine Issert à Saint-Paul de Vence, puis Daniel Templon et Ghislaine Hussenot à Paris.

Au fur et à mesure, j'ai ressenti le besoin de m'investir en mon nom propre, au plus près de ma conscience, à côté des artistes de ma génération. C'est une démarche qui relève d'une nécessité personnelle, de la prise de conscience d'un besoin impérieux d'agir. Elle s'accompagne, bien sûr, d'une mise en danger. A cette époque, tout le monde a voulu m'en dissuader. Mais c'est souvent dans ces moments d'incertitude, de tensions sociales palpables, que la création artistique est particulièrement forte. En ce qui concerne l'état du marché, les années 90 ont été extrêmement difficiles. En 1992-93, comme pour s'auto-persuader d'un avenir «meilleur», on disait : «Stay alive till ninety five», mais en 1995 la situation était identique. Je n'ai pourtant aucun regret.

Et en 1997, vous avez fait partie du mouvement de départ vers la rue Louise Weiss.

Cela a été une aventure fabuleuse et, avec le recul, on se rend compte que c'était un moment important dans l'histoire des galeries en France. C'est ce contexte de crise durable qui a donné l'impulsion pour notre délocalisation. On se connaissait alors tous entre galeristes. J'ai fait une bonne partie de mes études ici. J'étais l'assistante de Daniel Templon quand Anne de Villepoix était l'assistante de Yvon Lambert. Fabienne Leclerc était en stage chez Daniel Templon quand j'y travaillais.

Édouard Merino et moi nous nous sommes connus à Nice au début des années 80. J'ai rencontré Florence Bonnefous quand je travaillais chez Templon. Elle était alors à l'École du Magasin avec Édouard. Nous avons rencontré Emmanuel Perrotin quand il travaillait dans la galerie de Charles Cartwright à partir de1985. Il avait 17 ans. Dans chaque génération, il y a des liens qui se créent tout naturellement entre des personnes qui partagent les mêmes intérêts. On se réunissait régulièrement de manière informelle et amicale. On parlait de nos galeries, de nos artistes et des problèmes que nous rencontrions au quotidien pour imposer notre activité au plus haut niveau, tout en se maintenant à flot dans une situation de crise pérenne, de l'entraide possible…

De fil en aiguille, nous avons évoqué la possibilité de déménager ensemble dans un quartier non affecté traditionnellement aux galeries d'art, dans l'espoir d'y trouver des loyers moins chers, tout en conservant notre public du fait d'être regroupés. Nous avons visité des ensembles immobiliers dans le XXe, dans le Xe, etc., et c'est finalement dans les locaux du XIIIe repérés par Bruno Delavallade, que nous nous sommes installés.

Ce qui s'est passé par la suite, c'est la concrétisation de ce qui se passait déjà entre nous de manière informelle : la mise en commun de nos énergies et d'un certain nombre d'outils de développement et de communication. Il y avait une vraie dynamique de groupe même si chaque galerie conservait, bien entendu, sa raison sociale et son identité propre. Cet esprit collégial existe vraiment dans notre métier. La dynamique collective a contribué à la reconnaissance de nos galeries sur le plan international. Notre groupe ne représentait ...


Publié dans Articles de Presse

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