Le commandant a tiré sa révérence mardi
Gala
publié le 20/08/2010 à 18h10
Il aura tenu 90 ans, François Marcantoni. Quatre-vingt-dix ans dont plusieurs décennies à régner en
maître sur le grand banditisme français. Mardi, la star des parrains, ou le parrain des stars, s’est éteinte à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris.
Son nom ne rappelle peut-être rien aux plus jeunes et pourtant, François Marcantoni était en France l’un des truands les plus connus et les plus appréciés. Décédé mardi à 90 ans,
ce vieux de la vieille, un cigare à la main, un verre d’alcool dans l’autre, s’était imposé au fil des années comme une figure emblématique du grand banditisme français. Grand résistant torturé
par la Gestapo, Marcantoni a
préféré l’argent au labeur, après la guerre. «J’aurais pu devenir un honnête citoyen, mais une fois goûté au champagne, la limonade m’a paru fade» expliquait-il en 2001 dans une interview.
Voyou par excellence, Marcantoni a braqué des banques, volé des tableaux, des bijoux, enlevé des gens,
fait travailler des filles la nuit, et multipliait les magouilles et business. Mais toujours avec classe, en suivant un «vrai code d’honneur». Si bien que François Marcantoni se fait un nom, et côtoie les plus grands noms du milieu, comme Mémé Guérini, Pierrot le Fou,
René la Canne, ou Francis le Belge. C’est qu’il a le bras long, François. Si long qu’il devient ami avec des célébrités, et notamment avec Alain Delon. C’est d’ailleurs cette
amitié et le scandale qui l’entourera, qui feront de Marcantoni un nom à jamais gravé dans les mémoires.
Le 1er octobre 1968, la police découvre dans les Yvelines le cadavre de Stephan Markovic. Or, ce dernier était l’ancien grade du corps d’Alain Delon. Marcantoni est inculpé en janvier 1969 pour meurtre, puis passe un an en prison, avant de bénéficier d’un non-lieu
huit ans plus tard.
Une affaire qui a touché jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat, puisqu’elle impliquait même Georges Pompidou
et son épouse. Markovic aurait été le témoin un peu trop gênant de soirées de débauche. «Si j’avais accepté de dire ce que les policiers me suggéraient, je ne serais pas resté longtemps en prison
mais Pompidou, qui voyait souvent les Delon, aurait été éclaboussé par le scandale et n’aurait jamais été élu
président», a expliqué celui que l’on surnommait «le commandant». Ami des bandits, Marcanoni l’était aussi
des stars. Il aurait même, selon ses propres confessions dans son livre Monsieur François, Le Milieu de A
à Z, «habité chez Mireille Darc pendant quatre ans».
Gangster de légende, François Marcantoni était connu comme le loup blanc par les politiciens comme par les
people. C’est d’ailleurs Jean-Paul Belmondo qui a signé la préface de son dernier roman Strass Et Voyous.
Si l’on en croit France Soir, le truand aurait même dû recevoir une légion d’honneur des mains du président Sarkozy cette année. Parrain redouté au caractère bien trempé, ce corse a toujours
assuré «n’avoir eu de sang sur les mains qu’au moment de la Résistance pour exécuter les collaborateurs».
Monsieur François, c’était les voyous et les strass, Monsieur François, c’était la grande classe.