Le criminel nazi Heim serait mort en 1992

Publié le par Le Point

C'est dans un petit hôtel, à l'orée du vieux Caire, en Égypte islamique, qu'Aribert Heim se cachait sous le nom de "docteur Tarek"

Le criminel nazi Heim serait mort en 1992

Le "médecin de la mort" ou "boucher de Mauthausen" Aribert Heim, criminel nazi le plus recherché au monde et en cavale depuis un demi-siècle, est mort en 1992 en Égypte où il s'est caché près de vingt ans sous l'identité d'un musulman. Heim a été emporté à 78 ans d'un cancer de l'intestin, le 10 août 1992 au Caire, selon un reportage de la chaîne allemande ZDF, diffusé mercredi soir. "Il s'est éteint le jour de la fin des Jeux olympiques (de Barcelone), tôt le matin", a affirmé son fils, Rüdiger Heim, interrogé dans cette enquête commune de la chaîne de télévision et du quotidien américain New York Times.

La police criminelle du Bade-Würtemberg, qui a refusé de confirmer ce décès, a déclaré que le reportage de ZDF "recoupait les informations les plus récentes des autorités" allemandes. La police a donc décidé de rechercher des restes du cadavre pour pouvoir certifier la mort de l'ancien nazi.

Considéré comme l'un des nazis les plus sadiques, Heim aurait torturé et assassiné des centaines de détenus, principalement juifs, tués par des injections de poison dans le coeur ou éviscérés sans anesthésie au camp de concentration de Mauthausen en Autriche. Il a aussi officié aux camps de Sachsenhausen et Buchenwald en Allemagne. Cet ancien membre de la Waffen SS a longtemps été le deuxième nazi le plus recherché après Alois Brunner, l'un des artisans de la "solution finale". Mais celui-ci serait mort en Syrie il y a une dizaine d'années.

Docteur "Tarek"

C'est dans un petit hôtel, à l'orée du vieux Caire islamique, qu'Aribert Heim se cachait sous le nom de "docteur Tarek". "Une sorte de géant, peu causant, mais ne ratant pas une prière à la mosquée", se rappelle Gamal Abou Ahmad, qui occupe aujourd'hui son ancienne chambre, au 6e étage de l'hôtel Qasr el Medina, rue Port-Saïd. Informé de la révélation de la vraie identité de l'ancien nazi par la télévision allemande ZDF et le quotidien américain New York Times , cet ancien commerçant n'en est pas bouleversé.

"Moi, je l'ai connu quand j'avais 17 ans, je savais que le docteur Tarek, que je voyais tous les jours, était allemand et musulman, et cela ne m'a jamais intrigué. (...) Sa vie était toute réglée, de l'exercice le matin, les prières à la grande mosquée al-Azhar, et de longues lectures et séances d'écriture, assis sur un fauteuil à bascule", raconte-t-il. Comment était-il arrivé ici ? Il dit l'ignorer. Mais il fait remarquer qu'il avait de très bonnes relations avec la famille Doma, propriétaire de l'hôtel, et plus encore avec le gérant, un militaire égyptien germanophone, Mohamed Chérif.

Une centaine de documents personnels ( ici des fac-similés ), qui étaient aux mains de la famille Doma, et l'aveu de son fils Rüdiger ont permis aux journalistes du New York Times et de ZDF d'affirmer avoir retrouvé définitivement la trace du fuyard. Sur les circonstances de son décès, les versions diffèrent, son fils affirmant aujourd'hui qu'il était présent, ce qu'estime inexact Abou Ahmad. "Il venait le voir et lui apporter de l'argent tous les trois mois, mais n'était pas là ce jour-là, j'en suis certain", affirme-t-il.

"Les sorties étaient aussi rares que les amis"

Selon lui, "il a été retrouvé mort un matin dans sa chambre. Rien n'avait été prévu pour l'enterrer quand une ambulance est venue chercher son corps, qui a été mis dans la journée dans une tombe commune". D'après lui, les sorties du "Dr Tarek" durant ces dix années de sa vie étaient aussi rares que les amis qui lui rendaient visite, et en tout cas, pas des Allemands, alors que de nombreux anciens nazis s'étaient réfugiés en Égypte. "Il était très solitaire, et très pieux. Sans porter la barbe, il n'était jamais rasé de près, et jeûnait toujours pendant le mois de Ramadan", se souvient-il encore.

Le directeur de l'antenne israélienne du centre Simon Wiesenthal spécialisé dans la traque des criminels nazis, Ephraïm Zuroff, s'est voulu prudent dans l'attente de preuves de la mort d'Heim. "Nous ne disposons pour l'heure ni de cadavre ni de sépulture et à plus forte raison, pas non plus de confirmation ADN", fait-il savoir, qualifiant de "sérieuses" les informations de ZDF, mais soulignant "l'intérêt" de certains à accréditer la thèse d'un décès. "Si sa mort en Égypte se confirme, je dois constater que le monde arabe est malheureusement le seul où un tel criminel puisse être traité en héros", poursuit-il.

315.000 euros de récompense

Heim s'est installé au Caire au milieu des années 1970, où il s'est ensuite converti à l'islam, selon son fils. Il a d'abord vécu sous le nom de Ferdinand Heim, puis de Tarek Farid Hussein, précise ZDF, qui a produit une copie de son acte de décès. Visé par un mandat d'arrêt international émis par l'Allemagne, Heim faisait l'objet d'une traque planétaire, avec à la clé une récompense de 315.000 euros. Au fil des ans, sa trace a été repérée en Argentine, en Égypte, mais aussi en Uruguay ou en Espagne, selon le centre Wiesenthal. Son fils, qui a évoqué sur ZDF des refuges en France et au Maroc, a indiqué que la soeur d'Aribert Heim lui virait régulièrement de l'argent. À l'été 2008, le centre Wiesenthal a évoqué la possibilité qu'Aribert Heim se cache entre le Chili et l'Argentine.

Né le 28 juin 1914 en Autriche, Heim a adhéré au parti nazi NSDAP avant même l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en 1938, puis rejoint les SS en 1940. Après la guerre, les Américains l'ont détenu pendant deux ans et demi en Allemagne, sans jugement. Son nom a refait surface en 1962, mais Heim s'est volatilisé avant que la police allemande ne l'arrête. Dans un livre en 2007, un colonel israélien Danny Baz soutenait qu'il avait été exécuté en 1982 par une organisation clandestine, La Chouette.

Le "médecin de la mort" ou "boucher de Mauthausen" Aribert Heim, criminel nazi le plus recherché au monde et en cavale depuis un demi-siècle, est mort en 1992 en Égypte où il s'est caché près de vingt ans sous l'identité d'un musulman. Heim a été emporté à 78 ans d'un cancer de l'intestin, le 10 août 1992 au Caire, selon un reportage de la chaîne allemande ZDF, diffusé mercredi soir. "Il s'est éteint le jour de la fin des Jeux olympiques (de Barcelone), tôt le matin", a affirmé son fils, Rüdiger Heim, interrogé dans cette enquête commune de la chaîne de télévision et du quotidien américain New York Times.

La police criminelle du Bade-Würtemberg, qui a refusé de confirmer ce décès, a déclaré que le reportage de ZDF "recoupait les informations les plus récentes des autorités" allemandes. La police a donc décidé de rechercher des restes du cadavre pour pouvoir certifier la mort de l'ancien nazi.

Considéré comme l'un des nazis les plus sadiques, Heim aurait torturé et assassiné des centaines de détenus, principalement juifs, tués par des injections de poison dans le coeur ou éviscérés sans anesthésie au camp de concentration de Mauthausen en Autriche. Il a aussi officié aux camps de Sachsenhausen et Buchenwald en Allemagne. Cet ancien membre de la Waffen SS a longtemps été le deuxième nazi le plus recherché après Alois Brunner, l'un des artisans de la "solution finale". Mais celui-ci serait mort en Syrie il y a une dizaine d'années.

Docteur "Tarek"

C'est dans un petit hôtel, à l'orée du vieux Caire islamique, qu'Aribert Heim se cachait sous le nom de "docteur Tarek". "Une sorte de géant, peu causant, mais ne ratant pas une prière à la mosquée", se rappelle Gamal Abou Ahmad, qui occupe aujourd'hui son ancienne chambre, au 6e étage de l'hôtel Qasr el Medina, rue Port-Saïd. Informé de la révélation de la vraie identité de l'ancien nazi par la télévision allemande ZDF et le quotidien américain New York Times , cet ancien commerçant n'en est pas bouleversé.

"Moi, je l'ai connu quand j'avais 17 ans, je savais que le docteur Tarek, que je voyais tous les jours, était allemand et musulman, et cela ne m'a jamais intrigué. (...) Sa vie était toute réglée, de l'exercice le matin, les prières à la grande mosquée al-Azhar, et de longues lectures et séances d'écriture, assis sur un fauteuil à bascule", raconte-t-il. Comment était-il arrivé ici ? Il dit l'ignorer. Mais il fait remarquer qu'il avait de très bonnes relations avec la famille Doma, propriétaire de l'hôtel, et plus encore avec le gérant, un militaire égyptien germanophone, Mohamed Chérif.

Une centaine de documents personnels ( ici des fac-similés ), qui étaient aux mains de la famille Doma, et l'aveu de son fils Rüdiger ont permis aux journalistes du New York Times et de ZDF d'affirmer avoir retrouvé définitivement la trace du fuyard. Sur les circonstances de son décès, les versions diffèrent, son fils affirmant aujourd'hui qu'il était présent, ce qu'estime inexact Abou Ahmad. "Il venait le voir et lui apporter de l'argent tous les trois mois, mais n'était pas là ce jour-là, j'en suis certain", affirme-t-il.

"Les sorties étaient aussi rares que les amis"

Selon lui, "il a été retrouvé mort un matin dans sa chambre. Rien n'avait été prévu pour l'enterrer quand une ambulance est venue chercher son corps, qui a été mis dans la journée dans une tombe commune". D'après lui, les sorties du "Dr Tarek" durant ces dix années de sa vie étaient aussi rares que les amis qui lui rendaient visite, et en tout cas, pas des Allemands, alors que de nombreux anciens nazis s'étaient réfugiés en Égypte. "Il était très solitaire, et très pieux. Sans porter la barbe, il n'était jamais rasé de près, et jeûnait toujours pendant le mois de Ramadan", se souvient-il encore.

Le directeur de l'antenne israélienne du centre Simon Wiesenthal spécialisé dans la traque des criminels nazis, Ephraïm Zuroff, s'est voulu prudent dans l'attente de preuves de la mort d'Heim. "Nous ne disposons pour l'heure ni de cadavre ni de sépulture et à plus forte raison, pas non plus de confirmation ADN", fait-il savoir, qualifiant de "sérieuses" les informations de ZDF, mais soulignant "l'intérêt" de certains à accréditer la thèse d'un décès. "Si sa mort en Égypte se confirme, je dois constater que le monde arabe est malheureusement le seul où un tel criminel puisse être traité en héros", poursuit-il.

315.000 euros de récompense

Heim s'est installé au Caire au milieu des années 1970, où il s'est ensuite converti à l'islam, selon son fils. Il a d'abord vécu sous le nom de Ferdinand Heim, puis de Tarek Farid Hussein, précise ZDF, qui a produit une copie de son acte de décès. Visé par un mandat d'arrêt international émis par l'Allemagne, Heim faisait l'objet d'une traque planétaire, avec à la clé une récompense de 315.000 euros. Au fil des ans, sa trace a été repérée en Argentine, en Égypte, mais aussi en Uruguay ou en Espagne, selon le centre Wiesenthal. Son fils, qui a évoqué sur ZDF des refuges en France et au Maroc, a indiqué que la soeur d'Aribert Heim lui virait régulièrement de l'argent. À l'été 2008, le centre Wiesenthal a évoqué la possibilité qu'Aribert Heim se cache entre le Chili et l'Argentine.

Né le 28 juin 1914 en Autriche, Heim a adhéré au parti nazi NSDAP avant même l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en 1938, puis rejoint les SS en 1940. Après la guerre, les Américains l'ont détenu pendant deux ans et demi en Allemagne, sans jugement. Son nom a refait surface en 1962, mais Heim s'est volatilisé avant que la police allemande ne l'arrête. Dans un livre en 2007, un colonel israélien Danny Baz soutenait qu'il avait été exécuté en 1982 par une organisation clandestine, La Chouette.

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