Les temps sont durs pour les réfugiés nazis

Publié le par Le Matin par Antonio Castigneira, Buenos Aires

Argentine - Les temps sont durs pour les réfugiés nazis. Le pays n'est plus un eldorado pour les criminels de guerre: le Croate Sakic a été arrêté à son tour. Accueillis à bras ouverts au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par le régime de Peron, les anciens nazis réfugiés en Argentine courent aujourd'hui le risque de se faire arrêter et extrader

Les temps sont durs pour les réfugiés nazis

Dernier exemple en date: celui du Croate Dinko Sakic. A l'image du nazi Erich Priebke, arrêté et expulsé en 1996 vers l'Italie, ce capitaine oustachi (extrémiste croate allié des nazis) a commis l'erreur de se laisser séduire par la télévision. Repéré par une équipe de journalistes, cet ancien chef du camp de concentration de Jasonovac, où sont mortes près d'un demi-million de personnes entre 1942 et 1944, n'a pas hésité à leur accorder une généreuse interview. Sakic a reconnu avoir dirigé le camp de concentration, tout en affirmant que personne n'y avait été maltraité.

Non sans fierté, il a même affirmé avoir rencontré Franjo Tudjman, lors d'une récente visite officielle en Argentine de l'actuel président croate. Cinquante ans sans problème. Les déclarations de Sakic ont aussitôt mis fin à une paisible retraite de plus de cinquante ans en Amérique du Sud. Arrivé en Argentine en 1946 avec de nombreux autres Oustachi recherchés pour crimes contre l'humanité, le Croate a vécu sans problème aussi longtemps qu'il a su garder sa langue. Diffusée à la mi-mars, l'interview télévisée a aussitôt provoqué un de ces tollés médiatiques dont l'Argentine a le secret.

Du jour au lendemain, des hordes de journalistes se sont mises à la recherche de Sakic, qui a aussitôt pris la clé des champs. La justice et les autorités croates ont, en revanche, mis plus de temps pour réagir.Le président Carlos Menem est lui-même monté au front pour demander son arrestation. Après avoir attendu et reçu une demande d'extradition de la part de la Croatie, le juge Hernan Bernasconi a ordonné l'arrestation de Sakic jeudi. Quelques heures plus tard, il était arrêté... à son domicile. Traditionnel pays d'accueil. L'Argentine a accueilli plusieurs dizaines de milliers de réfugiés nazis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Selon le journaliste Jorge Camarassa, qui a publié un livre intitulé «Odessa Al Sur», il y avait parmi eux près de 150 criminels de guerre. Outre de nombreux SS, la plupart des chefs oustachi ont mis le cap sur le pays du président Peron, arrivé au pouvoir en 1946. Le leader des extrémistes croates, Ante Pavelic, faisait partie du lot. L'Argentine a refusé deux fois son extradition.

Victime d'un attentat en 1957, il a choisi de se réfugier dans un couvent en Espagne, où il est mort deux ans plus tard. La plupart des criminels de guerre sont devenus des partisans du régime de Per-n. Et c'est curieusement un président «peroniste», Carlos Menem, qui a décidé d'employer la manière forte avec les ex-nazis et de les extrader vers leur pays d'origine. Il a aussi ouvert les archives sur les criminels de guerre en 1992.

Le cas de l'ex-SS Erich Priebke est probablement celui qui a eu le plus de répercussions médiatiques. Mais d'autres collaborateurs du régime nazi continuent de faire du bruit en Argentine. Le dénommé Wilfred von Oven, qui se présente comme un ancien adjoint de Goebbels, continue ainsi d'exprimer dans les médias sa fierté d'avoir serré la main de Hitler.

Publié dans Articles de Presse

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