Mangin Stanislas
Alias : "Mojon". Stanislas Mangin est né le 20 septembre 1917 à Paris (16e). Fils du général d'armée Charles Mangin, fondateur des troupes coloniales et décédé en 1925.
Il entre à Saint-Cyr en 1939 (promotion "Amitié franco-britannique") et, en 1940, il est nommé sous-lieutenant dans l'Infanterie. Fait prisonnier le 19 juin, il s'évade le 1er août suivant de la
caserne d'Orléans, rejoint la zone non occupée puis est affecté à un régiment de l'Armée d'Armistice.
En congé sur sa demande le 1er novembre, Stanislas Mangin forme bientôt un groupe avec le capitaine Maurice Andlauer, le lieutenant Roger Warin, l’adjudant-chef Gaston Tavian et le sergent Edgard
Tupët. Il est nommé en janvier 1941, chef de cabinet du préfet de Rodez mais démissionne bientôt dans le but de rejoindre les Forces françaises libres. Par le colonel Groussard, son ancien
commandant d'école, il est mis en contact avec Pierre Fourcaud, envoyé en mission de Londres qui doit faciliter son passage par l'Espagne.
En mars 1941, Roger Warin établit une liaison directe avec l'Etat-major de la France libre à Londres par l'intermédiaire de Pierre Fourcaud, chargé de mission du général de Gaulle. Le 1er avril
1941, Stanislas Mangin devient, avec ses quatre camarades de résistance, le premier engagé militaire secret dans les Forces françaises libres. Il accepte en juin 1941, d'occuper un deuxième poste
de chef de cabinet de préfet grâce auquel il fournit des renseignements et des moyens.
Fin 1941, Wybot parti pour l’Angleterre et Fourcaud arrêté, Mangin est chef du renseignement du réseau de renseignement "Ali" et en novembre, il est désigné par le Comité national français à
Londres comme chef de mission dans les deux zones. En janvier 1942, il démissionne à nouveau de ses fonctions de chef de cabinet et crée en zone occupée le réseau "Crolland et Pierre Pigagnol"
grâce aux contacts établis par Edgard Tupët.
Le 1er mars 1942, il rejoint Londres avec Louis Andlauer, membre du réseau, grâce à une opération Lysander montée par Edgard Tüpet, chef de la branche action de "Ali-Tir". Le départ a lieu depuis
le champ cultivé par Jean Faillon, membre d’"Ali-Tir", aux Lagnys dans l’Indre. Maurice Andlauer prend alors la succession de Stanislas Mangin à la tête du réseau.
Affecté au Bureau Central de Renseignements et d'Action (BCRA), il s'engage alors officiellement dans les Forces françaises libres (à compter du 1er avril 1941), sous le nom de "Mojon". En
novembre 1942, il est désigné pour Saint-Pierre et Miquelon où il prend le commandement du Détachement d'instructeurs commando puis pour les Etats-Unis où il se consacre à l'entraînement du
Bataillon des Antilles, de janvier à juillet 1943.
En septembre 1943, il rejoint la 1ère Division Française Libre en Tunisie. Affecté au Bataillon de Marche n°11, il est rappelé pour un temps au Bataillon des Antilles avant de rejoindre en
Italie, en juillet 1944, le 1er Régiment de Fusiliers Marins où il prend le commandement du 2e peloton au 4e escadron. Il participe à la campagne de France et se distingue dès les opérations sur
Hyères et La Garde, les 22 et 23 août 1944, où il conduit remarquablement son peloton. Blessé, il refuse de se laisser évacuer et continue ses missions de reconnaissance sous des feux violents
d'armes automatiques, d'antichars et d'artillerie. Il permet ainsi de définir la ligne ennemie et de situer les positions des batteries.
Il s'illustre encore à Lyon, où il entre le premier, le 3 septembre 1944, à la tête de son peloton et y organise la défense et la protection des points vitaux pour le passage de sa division. Il
se distingue de nouveau à Longevelle le 22 septembre et à Fresse du 22 septembre au 8 octobre, où, chargé de missions d'Infanterie, il effectue à pied des reconnaissances et des liaisons sous des
feux violents d'artillerie.
Le 24 novembre, il provoque par sa présence d'esprit, bien que blessé à deux reprises, la reddition d'un armement d'antichar et d'une section ennemie, entrant ainsi le premier de l'Armée
Française en Alsace.
Blessé une troisième fois le 28 novembre 1944, son commandant d'escadron ayant été évacué, il prend le commandement du groupement blindé, ne se laissant évacuer à son tour qu'après avoir été
remplacé.
Stanislas Mangin termine la guerre avec le grade de capitaine et en janvier 1945, participe à la création de la Surveillance du Territoire dont il devient Directeur adjoint. En 1951, il est
maître des requêtes au Conseil d'Etat avant d'être breveté du Centre des Hautes Etudes Administratives deux ans plus tard. Rappelé en Algérie en 1956 comme chef de bataillon, il est, de 1960 à
1967, conseiller technique de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la région parisienne. En 1961, Stanislas Mangin est rapporteur général de la commission de l'équipement culturel et du
patrimoine artistique au Commissariat Général du Plan (IVe puis Ve plans). En mars 1967, il devient Conseiller d'Etat et en juillet, il est nommé Président de la Commission Spéciale de révision
de certains titres de Résistance.
S'engageant pour les étrangers en France, il est, dès 1970, Président de "l'Amicale pour l'enseignement aux Etrangers" qui publie la revue Vivre en France. En 1977 il prend une retraite anticipée
de Conseiller d'Etat, obtient la licence en droit qui lui permet de s'inscrire au Barreau de Paris (1977-1981) pour assurer la défense judiciaire des immigrés. Stanislas Mangin est décédé le 16
juin 1986 à Paris. Il a été inhumé au cimetière du Père-Lachaise.