Monory René

Publié le par Mémoires de Guerre

René Monory, né le 6 juin 1923 et mort le 11 avril 2009, est un homme politique français. D'origine modeste, il est mécanicien automobile de profession. Par la suite engagé en politique, il est notamment maire de Loudun, président du conseil général de la Vienne et président du conseil régional de Poitou-Charentes. À ce titre, il est un des fondateurs du Futuroscope de Poitiers. Le président Valéry Giscard d'Estaing le nomme ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat en 1977, puis ministre de l'Économie en 1978. Lors de la première cohabitation, de 1986 à 1988, il doit faire face, en tant que ministre de l'Éducation nationale, à d'importantes manifestations étudiantes lors de la présentation du projet de loi Devaquet. Membre de l'UDF, il est sénateur entre 1968 et 2004 et président du Sénat de 1992 à 1998. 

Monory René
Monory René
Monory René
Monory René
Origines et carrière professionnelle

Titulaire d'un brevet élémentaire et d'un brevet industriel, il commence à travailler à l’âge de 15 ans comme apprenti garagiste dans l'atelier de son père, à Loudun, dans le nord du département de la Vienne. En 1943 pendant l'Occupation, refusant le Service du travail obligatoire (STO), il se cache pour échapper à la déportation et, dès la Libération, reprend le garage paternel pour en faire une des concessions les plus prospères de la région poitevine. Très vite, il y ajoute d’autres activités (vente et réparation de machines agricoles, carburant…). Tout au long de sa carrière politique, il est surnommé « le garagiste de Loudun ». Dès son engagement en politique dans les années 1950, René Monory est aussi surnommé le « shérif », sans que l'origine de ce surnom soit clairement établie. 

Implantation locale

La réussite de ses affaires à Loudun favorise sa candidature aux élections municipales de 1955 ; il est élu maire de la commune en 1959, mandat qu'il conserve jusqu'à sa démission, quarante ans plus tard, en 1999. En 1961, il est élu conseiller général de la Vienne dans le canton de Loudun. En 1973, il crée et devient président d'une des premières communautés de communes de France (syndicat intercommunal de solidarité pour l'expansion du Loudunais, devenu ensuite communauté de communes du Pays loudunais). En 1980, alors qu'il est ministre et président du conseil général de la Vienne, il favorise la création de la centrale nucléaire de Civaux situé dans le sud de la Vienne, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Poitiers (la centrale rentrera en service en 1997). Il est élu à la tête du conseil régional de Poitou-Charentes le 25 mars 1985, au premier tour de scrutin, avec 27 voix contre 18 voix pour le président sortant de gauche, Raoul Cartraud. 

Il occupe cette fonction jusqu'aux élections régionales de l'année suivante, à l'issue desquelles Louis Fruchard, qu'il soutenait, lui succède. Convaincu par les politiques de décentralisation du début des années 1980, il favorise l’implantation des fonderies Renault. En 1984, il lance le projet du Futuroscope de Poitiers, parc européen de l'image, s'auto-qualifiant « vulgarisateur d'idées nouvelles ». Il s'appuie alors sur l'université et le tissu industriel local. Consacré aux technologies nouvelles, le site du Futuroscope comporte un vaste parc d'attractions et une technopole. Depuis son ouverture, le parc a accueilli plusieurs dizaines de millions de visiteurs et employé de nombreux salariés. En 1996, il lance le premier plan Internet départemental permettant d’équiper toutes les écoles primaires et maternelles ainsi que les collèges de la Vienne d’un accès à Internet avec un poste informatique pour 10 élèves. 

Élu national et ministre

Élu sénateur en septembre 1968, il est remarqué par Raymond Barre, alors Premier ministre, et devient son ministre de l'Industrie en 1977. Dans le même temps, à la mort du centriste Pierre Abelin, il lui succède à la tête du conseil général de la Vienne. Puis en avril 1978, alors qu'il clame n'avoir jamais lu un livre d'économie et prône le « bon sens » comme règle de vie, il est nommé ministre de l’Économie dans le troisième gouvernement Barre, cumulant cette fonction avec celle de président du comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) de novembre 1980 à mai 1981. 

Durant sa présence au gouvernement, jusqu'à la défaite de Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle, il suit le dossier de l’énergie nucléaire en France et celui de la libération des prix (libération des prix industriels, loi « Monory » favorisant l’actionnariat…). Lors de la cohabitation de 1986-1988, il est Ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement Chirac. Attaché à la formation des jeunes, son mandat est marqué par de nombreuses contestations étudiantes à la suite du projet de réforme universitaire de son ministre délégué Alain Devaquet et où un étudiant, Malik Oussekine, trouve la mort le 6 décembre 1986, à la suite de brutalités policières. 

Président du Sénat

En vue de l'élection du président du Sénat de 1992, René Monory est désigné candidat de l'Union centriste (UC) contre Pierre-Christian Taittinger. Le 2 octobre, il est élu président de la chambre haute au second tour de scrutin, après avoir devancé au premier tour Charles Pasqua, desservi par ses prises de position contre le traité de Maastricht. La présidence de René Monory est marqué par sa volonté de moderniser le Sénat, avec notamment la création d'une division des relations internationales et d'un service de l'informatique et du développement technologique. Seul candidat de la droite sénatoriale à la présidence, le « plateau », en 1995, il est aisément réélu face au socialiste Claude Estier.

Lors de la publication, en avril 1996, d'un rapport d'une commission de l'Assemblée nationale préconisant de restreindre les droits des clandestins, René Monory déclare que les immigrants doivent être traités de « façon correcte », mais considère qu'il faut « éviter qu'il en vienne d'autres », se félicitant du débat provoqué par ce rapport. Sa rencontre médiatisée avec Bill Gates, le 5 février 1997, et ses fréquents voyages en Chine, Japon et Corée renforcent sa position d'homme politique soucieux des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Chaque année, il visite la Silicon Valley californienne, dont il vante constamment les mérites. En 1995, il fait mettre en place le site internet du Sénat.

Le 1er octobre 1998, René Monory, visiblement affaibli par l'âge, brigue un troisième mandat. À la surprise générale, le gaulliste Christian Poncelet le devance de 16 voix au premier tour de scrutin, ce qui conduit le président sortant à retirer sa candidature en vue du second tour. Après avoir longtemps porté les couleurs de l'UDF, dont il était vice-président, René Monory rejoint l'UMP lors de sa fondation. Il met un terme à sa carrière politique en 2004 en ne se représentant pas aux élections cantonales et sénatoriales. 

Retraite

Il vit dès lors dans son domaine de Beaurepaire, à quelques kilomètres du centre de Loudun. En août 2008, René Monory, dont l'état de santé s'est fortement dégradé à partir de 2007, est hospitalisé pour des problèmes respiratoires au CHU de Poitiers. Il meurt le 11 avril 2009, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 85 ans. Ses obsèques sont célébrées en l'église Saint-Pierre de Loudun le 16 avril suivant, en présence du président de la République, Nicolas Sarkozy, du Premier ministre, François Fillon, du président du Sénat, Gérard Larcher, et du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. Valéry Giscard d'Estaing, Christian Poncelet, Jean-Pierre Raffarin, Roger Karoutchi, Simone Veil, François Bayrou et Yves Guéna assistent également à la cérémonie. 

Vie privée

En 1945, il épouse Suzanne Cottet, décédée le 3 juillet 2016 à l'âge de 95 ans. De ce mariage, naît une fille, prénommée Michèle. Grand sportif, il est un adepte de sport automobile, de tennis de table (il est un temps classé parmi les 15 meilleurs joueurs de France), de chasse et de pêche au gros (il est champion du monde pour avoir pêché un espadon de 47 kg avec un fil de 1,2 mm). Il crée en 1990 le circuit du Val de Vienne, un circuit automobile situé sur la commune du Vigeant (Vienne). 

Distinction
  • Chevalier de la Légion d'honneur (mars 2005)
Mandats et fonctions
Au gouvernement
  • 30 mars 1977 - 31 mars 1978 : Ministre de l’Industrie, du Commerce et de l'Artisanat
  • 5 avril 1978 - 13 mai 1981 : Ministre de l'Économie
  • 20 mars 1986 - 10 mai 1988 : ministre de l'Éducation nationale
Au Sénat
  • 2 octobre 1968 - 29 avril 1977 : sénateur français, élu dans la Vienne
  • 3 octobre 1977 - 1er novembre 1977 : sénateur français, élu dans la Vienne
  • 19 septembre 1981 - 19 avril 1986 : sénateur français, élu dans la Vienne
  • 4 septembre 1988 - 30 septembre 2004 : sénateur français, élu dans la Vienne
  • 2 octobre 1992 - 1er octobre 1998 : président du Sénat
À l'international
  • novembre 1980 - mai 1981 : président du comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI)
Au niveau local
  • 20 mars 1959 - 20 mars 1999 : maire de Loudun
  • 1961 - 2004 : conseiller général de la Vienne, élu dans le canton de Loudun
  • 1973 - 2002 : président du syndicat intercommunal de solidarité pour l'expansion du Loudunais, puis de la communauté de communes du Pays loudunais (président honoraire à partir de 2003)
  • 1973 - 1989 : conseiller régional de Poitou-Charentes
  • 1977 - 2004 : président du conseil général de la Vienne
  • 25 mars 1985 - 16 mars 1986 : président du conseil régional de Poitou-Charentes
Publications
  • René Monory, Combat pour le bon sens, Albin Michel, 1983
  • René Monory, Des clefs pour le futur, Éditions du Futuroscope, 1995
  • René Monory, La volonté d’agir, Odile Jacob, 2004
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article