Carl Albrecht Oberg, né le 27 janvier 1897 à Hambourg (Allemagne) et mort le 3 juin 1965 à Flensburg (Allemagne), est un général SS allemand avec le grade de SS-Obergruppenführer et le titre de « chef supérieur de la SS et de la Police » (Höhere SS- und Polizeiführer) pour la France.
Carl Oberg fait ses études dans la ville de Hambourg où il obtient son baccalauréat à l'âge de dix-sept ans. Dès le mois d'août 1914, il s'engage dans l'armée pour se retrouver en septembre sur le front français avec le grade de lieutenant. Il est décoré de la Croix de Fer de 2e puis de 1re classe. Au retour de la guerre, il participe activement à la tentative de putsch de Kapp menée par l’extrême-droite allemande, en mars 1920, pour renverser le gouvernement démocratique de la République de Weimar. Il travaille chez un marchand de biens jusqu'en 1921 et change de métier plusieurs fois avant de se marier en 1923. En 1926, il s'installe de nouveau à Hambourg où il travaille à un poste de direction dans une société d'importation de fruits tropicaux. Durant la Grande Dépression des années 1930 où sévissent chômage et misère, il s'installe à son compte près de l'hôtel de ville de Hambourg.
En juin 1931, il adhère au NSDAP et, dix mois plus tard, il entre dans la SS. Fidèle adepte du national-socialisme, en 1933 il devient responsable du SD à Hambourg, puis chef d'état-major au sein de la direction du SD à Munich et ensuite à Berlin jusqu'en 1935. Oberg coordonne avec le responsable du bureau du SD de Munich — Werner Best — les actions contre la SA dans le Sud de l'Allemagne pendant la nuit des Longs Couteaux. Après un différend avec Heydrich, il reçoit le commandement des unités SS du Mecklembourg en 1935 puis du district SS de Hanovre jusqu'en 1938. Finalement il devient préfet de police (Polizeipräsident) de la ville de Zwickau.
En septembre 1941, Carl Oberg est nommé « chef de la SS et de la Police » (SSPf) dans le district de Radom, dans le Gouvernement général de Pologne, où il contribue à l'extermination de Juifs et de Slaves, et au ratissage des travailleurs forcés polonais.
Décret de Hitler pour la France
Le 9 mars 1942, Hitler signe le décret dotant la France d'un « chef supérieur de la SS et de la Police » (HSSPf ) chargé d'organiser les rapports avec la Police française :
« Quartier général du Führer, le 9 mars 1942
Dans ce domaine d’activité, il a le droit de donner des instructions aux autorités et forces de police françaises et le droit de les contrôler. Il dispose de l’engagement des forces de police françaises de la zone occupée. La fixation du droit, ainsi que la promulgation des dispositions fondamentales pour l’organisation et les prescriptions juridiques des autorités françaises, y compris leur annonce, sont l’affaire du commandement militaire. Dans la mesure où il s’agit, dans ce cas, des domaines visés à l’alinéa 1, le chef supérieur de la SS et de la Police est le service du commandant militaire qui traite ces questions.
1 - Le chef supérieur de la SS et de la Police reçoit ses instructions :
2 - Dès que des troubles intérieurs ou des opérations militaires exigent des mesures à diriger de façon uniforme, le commandant militaire — dans le cas de danger pressant également les chefs de district — pourra disposer passagèrement des forces de la SS et de la Police de son ressort. Dans ce cas, il y a lieu d’observer que c’est précisément en corrélation avec l’engagement de la troupe qu’une importance particulière revient aux mesures de police prises sous responsabilité propre.
Le 5 mai 1942, Oberg est nommé HSSPf pour la France. Il arrive à Paris avec le grade de SS-Brigadeführer, et prend ses fonctions le 12 mai pour s'occuper de la lutte contre les réseaux de la résistance française et il est responsable de la « question juive ». Lui et ses collaborateurs rendent le port de « l'étoile jaune » obligatoire, règlent et ordonnent la déportation d’environ 100 000 personnes dans les camps de la mort.
Sous les ordres de Oberg, sont placées deux grandes unités :
et les autres subordonnés sont (organisation calquée en grande partie sur celle du RSHA à Berlin) :
Il publie l’ordonnance suivante le 10 juillet 1942 :
« J'ai constaté que ce sont souvent les proches parents d'auteurs d'attentats, des saboteurs et des fauteurs de troubles, qui les ont aidés avant ou après leur forfait. Je me suis donc décidé à frapper des peines les plus sévères non seulement les auteurs... mais aussi, au cas où ils seraient en fuite, les familles des criminels s'ils ne se présentaient pas dans les dix jours à un service de police allemande ou française. En conséquence, j'annonce les peines suivantes :
Par un décret de Hitler du 16 novembre 1942, la compétence de Oberg est étendue à la zone sud qui vient d'être occupée : désormais il contrôle l'ensemble du territoire français. Oberg (de profil, en civil et portant un feutre) s'est spécialement déplacé de Paris pour s'assurer que la rafle de Marseille se déroule sans accroc. Plusieurs régiments de police (de l’OrPo ) sont affectés à la lutte contre la Résistance dans l'ancienne zone libre dans les maquis. En janvier 1943, Oberg délègue le 14e régiment de police qui sécurise le secteur côtier en Provence pour encadrer la rafle de Marseille et les opérations de destruction du quartier du Vieux-Port qui suivent. En avril 1943, Oberg est promu SS-Gruppenführer und Generalleutnant der Polizei ; les Français le surnomment aussi « Le Boucher de Paris ». En 1944, le 19e régiment de police (de l’OrPo ) participe aux combats des Glières en Savoie et du mont Mouchet en Auvergne. Le 20 juillet 1944 vers 20 h, Carl Oberg est arrêté par le général Walter Brehmer, à la tête de la 325. Sicherungs-Division, qui est impliqué dans le complot contre Hitler. À 22 h 30, après l'annonce de l'échec de l'attentat, il est libéré. En août 1944, Oberg est promu SS-Obergruppenführer und General der Polizei.
Départ de France et fin de la guerre
À l'automne 1944, les Allemands font retraite vers l'Est, et Oberg se réfugie dans la ville de Plainfaing dans les Vosges jusqu'à la dissolution de son poste de HSSPf Frankreich le 29 novembre 1944. Il est ensuite attaché à l'état-major du groupe d'armées « Oberrhein », responsable des unités de l’Ordnungspolizei, de la SiPo et du SD jusqu'en janvier 1945. Puis, il est transféré sur le front de l’Est et commande brièvement une ligne de défense dans le secteur de Stargard en Poméranie, sous la direction de Himmler qui commande alors le groupe d'armées « Vistule ». Il termine la guerre sans affectation au sein de la direction juridique de la SS à Munich, où il est fait prisonnier par les troupes américaines.
Après la fin de la guerre, Carl Oberg est jugé et condamné à mort en 1946 par les tribunaux alliés et incarcéré à Munich. Il est de nouveau condamné à mort par les tribunaux français, le 9 octobre 1954 à Paris pour crimes de guerre. Il est incarcéré à la prison de Mulhouse, d'où il fait appel de sa peine qui est commuée en prison à perpétuité par le président de la République René Coty par grâce individuelle ; cette disposition est confirmée en 1958. Condamné à la prison à vie, il est libéré en toute discrétion de la prison de Mulhouse avec Helmut Knochen, le 28 novembre 1962, sur ordre du général de Gaulle. La mansuétude française à son égard s'explique dans le contexte de la politique de réconciliation nationale des gouvernements français successifs et de réconciliation avec l'Allemagne en vue de la signature du traité de coopération franco-allemand du 22 janvier 1963. Trois ans après sa libération, âgé de soixante-huit ans, Oberg meurt à Flensbourg en Allemagne.
Carl Oberg connaît une certaine renommée posthume en France grâce au cinéma et à la télévision : en effet, France 2 le mentionne dans Lorsqu'il fallait sauver les Juifs en 2008 et dans L’Armée du Crime en 2009 ; de même France 3 le cite dans son reportage du 19 décembre 2012, La Libération de Paris.