Pinkos Feigleson à Paris. Pierre Laval à Vichy
publié le 12/07/2010 à 19h16
12 Juillet : Pinkos Feigleson à Paris. Pierre Laval à Vichy
En ce mois de juillet 1940, Pinkos Feigelson, originaire de Vilnius, en Lituanie, refuse de rester inactif face aux drapeaux
à croix gammée qui ont envahi Paris. S'il a émigré en France, ce n'est ni à cause de l'antisémitisme, ni poussé par la misère. Il admirait tout simplement cette « patrie des droits de
l'homme » qui n'hésitait pas à graver les mots Liberté, Egalité et Fraternité sur les façades des édifices publics.
Dans la boutique de machines à coudre, qu'il tient avec sa femme Luba, boulevard Saint-Marcel dans le Vème arrondissement, il a souvent reçu des Juifs allemands qui avaient fui leur pays dès
1933. Ils lui racontaient ce qu'ils avaient subi. Par ailleurs, il a lu « Mein Kampf » et Hitler ne lui inspire
que de la méfiance. La présence des nazis dans le pays auquel, à Vilnius, il avait si souvent rêvé et où il a choisi de vivre le révolte. Chaque soir, à peine le rideau du magasin baissé, il
rédige « La lettre de monsieur Paul », un texte appelant à la résistance.
Son fils, Raphaël, 14 ans, le recopie en autant d'exemplaires qu'il peut et ensuite, discrètement, va distribuer les feuilles dans des boîtes aux lettres du quartier. Parmi les phrases que
Raphaël a retenues de cette époque, celle-ci: « Nous sommes dix qui ne nous connaissons pas, et bientôt nous serons cent qui, peut-être, ne nous connaîtrons jamais. »
Au Grand casino de Vichy
A 200 kilomètres de là, Vichy offre un autre visage, moins glorieux, d'une France désormais coupée en deux: au nord, la zone occupée qui le long de la côte atlantique descend jusqu'à Hendaye, et
au sud, la zone dite « libre ». Ce 12 juillet 1940, le pays a changé de régime. Deux jours auparavant, en effet, au grand Casino de la ville d'eau, députés et sénateurs ont voté les pleins
pouvoirs au « vainqueur de Verdun » qui, le 17 juin, avait appelé à « cesser le combat ». 569 voix pour, 17 abstentions et seulement 80 voix contre. La nouvelle constitution, précisait le projet
de résolution « devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie ».
Le 11 juillet, le vieil homme aux cheveux blancs s'est octroyé le titre de « chef de l'Etat français », cumulant les fonctions de Président de la République et de président du conseil. Et voilà
qu'aujourd'hui il forme son gouvernement: douze membres, ainsi que le prévoit la nouvelle constitution. A sa tête : Pierre Laval, nommé vice-président du conseil. Plusieurs fois président du conseil sous la Troisième République, cet
avocat, originaire de Châteldon, dans le Puy-de-Dôme, a d'abord été socialiste, élu, sous l'étiquette SFIO, député d'Aubervilliers, commune ouvrière du nord de Paris, puis maire, sénateur de la
Seine, et, ensuite du Puy de Dôme. Il va devenir un pilier de la politique de collaboration avec l'Allemagne.