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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Grudet Fernande

Fernande Grudet, dite Madame Claude, née le 6 juillet 1923 à Angers et morte le 19 décembre 2015 à Nice, est une proxénète française qui, dans les années 1960-1970, était à la tête d'un réseau de prostitution qui travaillait pour des dignitaires de gouvernements, des diplomates et des hauts fonctionnaires.

Grudet Fernande

Fernande Grudet naît dans un milieu très modeste. Sa mère, Fernande, est née à Angers en 1883. Son père tient un café rue Diderot à Angers et vend des sandwiches à la gare pour subvenir aux besoins de sa famille. Du couple naissent deux filles : Joséphine, la première fille, qui meurt en 1924, à l'âge de 19 ans, puis Fernande, qui, née en 1923, ne connaîtra jamais sa sœur aînée. Le père meurt sous l'Occupation à 58 ans, le 26 janvier 1941, d'un cancer du larynx. Fernande, âgée de 18 ans, enterre son père ; sa mère est avec elle. Elle est élève à l'institution Jeanne-d'Arc puis à l'Immaculée-Conception à Angers. Alors qu'elle a des origines modestes, elle s'invente une enfance dans une famille bourgeoise, puis le passage par la résistance et le camp de déportation de Ravensbrück. Fille-mère, elle s’installe à Paris et prend le prénom de Claude. Elle fréquente les milieux du banditisme et se prostitue. Elle monte à la fin des années 1950 son entreprise de prostitution de luxe au 32, rue de Boulainvilliers, dans le 16e arrondissement de Paris.

Cette vie tissée de mensonges perdra de son lustre avec l’arrivée de Valéry Giscard d'Estaing au pouvoir et de Michel Poniatowski à la tête du ministère de l'Intérieur. À partir de 1976, le juge Jean-Louis Bruguière entreprend de démanteler le réseau ; le proxénétisme est sévèrement réprimé et Madame Claude est poursuivie par le fisc, qui lui réclame 11 000 000 francs. Condamnée cette même année, elle s’enfuit aux États-Unis, afin d'échapper au fisc. Persuadée d'être protégée par la prescription fiscale, elle revient en France en 1985 et purge une peine de quatre mois de prison. À sa sortie, elle tente de monter un nouveau réseau de prostitution. Elle est alors poursuivie par le fisc en 1986 puis par la justice pour proxénétisme aggravé en 1992 (elle tente de monter de nouveau un réseau de call-girls) et est incarcérée à la Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Elle est une nouvelle fois incarcérée et condamnée pour proxénétisme. Depuis, Fernande Grudet vivait en recluse dans un petit appartement sur la Côte d’Azur.

Outre l'impunité dont elle a bénéficié durant bien des années, le succès de son entreprise est dû à plusieurs facteurs et en particulier à deux éléments. D'abord, à la différence de la prostitution « classique » s'exerçant dans un lieu déterminé, Madame Claude a perfectionné, pour ne pas dire inauguré, un système qui consistait à mettre en relation des jeunes femmes tout à fait averties et sélectionnées avant tout pour leur allure et leur minimum de culture avec une clientèle aisée, et ce, par le biais du téléphone (d'où le nom de « call-girls » donné à ces jeunes femmes) évitant ainsi à Madame Claude tout contact le plus souvent avec la clientèle. Les témoignages d'anciens policiers de l'ex-Brigade mondaine ont confirmé cette protection à l'occasion de l'émission Un jour, un destin sur France 24.

Mais surtout, loin d'être une proxénète correspondant à l'idée que nous nous en faisons (elle n'a jamais fait l'objet d'une plainte de la part des personnes de son réseau), elle a souvent permis à celles qui l'ont quittée de le faire sans difficulté pour continuer souvent une carrière d'actrice, de chef d'entreprise ou simplement une vie d'épouse d'un ancien client fortuné. Différentes personnalités politiques auraient fait partie de sa clientèle, comme le président américain John F. Kennedy, mais aussi des célébrités du grand banditisme et de l'administration policière qui auraient assuré sa protection. 

Elle s'est liée avec des personnages d'origines les plus diverses, parmi lesquels Pierrot le Fou ou encore le neveu du roi Farouk et milliardaire égyptien Ibrahimi. Les confidences sur l'oreiller, transmises par Madame Claude aux services secrets, la mettaient à l'abri de tout désagrément. Cette situation perdura jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d'Estaing. À cette époque, de nouvelles dispositions législatives sont prises à l'encontre de la prostitution, ce qui se concrétisera par la fermeture de tous les « hôtels de passe » mais aussi des « maisons » célèbres, comme celle de Madame Billy, autre pourvoyeuse de plaisirs pour la « jet-set » de l'époque.

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