Nicaragua

Publié le par Mémoires de Guerre

Le Nicaragua est le plus vaste pays de l'Amérique centrale et l'un des moins peuplés. Il est aussi l'un des États les plus pauvres de l'isthme centraméricain. Son troisième trait distinctif réside sans doute dans l'opposition qui s'est instaurée, depuis la conquête espagnole, entre la côte atlantique et le reste du territoire. L'intérieur, montagneux, est ouvert par les dépressions occupées par les lacs Nicaragua (8 262 km2) et Managua. Cette région sépare deux plaines littorales, l'une, étroite mais fertile, sur le Pacifique, l'autre, plus large, surtout forestière, sur la mer des Antilles (côte des Mosquitos). Au centre du pays se dressent plusieurs cordillères (Isabelia, Dariense, Chontalena) ainsi qu'une chaîne de volcans, dont certains sont encore actifs, qui ont divisé le pays en deux blocs géographiques distincts ayant suivi des évolutions historiques, économiques et culturelles très différentes.

Nicaragua
Nicaragua

Occupant plus de la moitié du territoire national, mais abritant 8 % seulement de la population, la région atlantique est isolée, couverte de forêt dense et très mal équipée en infrastructures de transport. Les quelques rares petites villes, de culture protestante, sont surtout tournées vers le monde anglophone. Son poids économique est enfin négligeable : à l'exception de quelques pôles d'exploitation forestière (bois rares et caoutchouc), la population (indienne ou d'ascendance noire) vit de l'agriculture vivrière, de la chasse et de la pêche. Plus à l'ouest, dans les massifs montagneux peu élevés, s'étend une zone intermédiaire, en majorité métisse et un peu plus peuplée (16 à 21 habitants par km2). Elle est consacrée à l'élevage ainsi qu'à la culture du café et du coton, exploités par une petite et moyenne paysannerie, supplantées peu à peu par de grands propriétaires établis sur des fronts pionniers. 

Sur le versant occidental de ces massifs et sur toute la côte pacifique se trouve le centre de gravité démographique et économique du Nicaragua : plus de 60 % de sa population, en particulier la minorité blanche, s'y concentre sur 15 % de la superficie. Les terres fertilisées par les laves et un climat tropical à saisons contrastées ont permis le développement d'une agriculture commerciale intensive, exploitant principalement le café et le coton, mais aussi la banane, le riz et la canne à sucre. Au cœur de cette zone, entre les deux grands lacs Managua et Nicaragua, s'étend une région fortement urbanisée et structurée autour de la capitale (Managua : 900 000 habitants), de culture catholique et hispanique. Avec les départements côtiers produisant plus de 70 % de la valeur ajoutée agricole, cet espace géographique regroupe 80 % des rares industries du pays et concentre 85 % de ses revenus.

Gil González Dávila - Francisco Hernández de Córdoba
Gil González Dávila - Francisco Hernández de Córdoba

Gil González Dávila - Francisco Hernández de Córdoba

Conquête espagnole et rivalités anglo-américaines (1521-1857)

À l'arrivée des conquérants espagnols (campagnes de Gil González Dávila et de Francisco Hernández de Córdoba entre 1521 et 1523), le Nicaragua est habité par des tribus nomades ou agropastorales, d'origine nahua et chibcha, qui contrôlent une infime partie du territoire. Aucune grande civilisation ne s'étant développée sur le sol nicaraguayen pendant la période précolombienne, la conquête et l'installation des Européens se déroulent donc sans problèmes majeurs.

La nouvelle colonie est intégrée à la capitainerie générale du Guatemala à laquelle, du reste, elle n'a point de métaux précieux ni de denrées agricoles à offrir. La période coloniale nicaraguayenne est donc celle d'une marche de l'empire espagnol qui ne fournit rien à sa métropole, mais n'exige pas non plus en retour le déploiement de forces militaires ou administratives importantes. De fait, l'indépendance du pays, proclamée en 1821, s'effectue sans violence.

Les quarante premières années d'indépendance sont marquées par d'importants remous politiques. Après avoir fait partie d'un éphémère empire mexicain (1822-1823), puis d'une fragile fédération centro-américaine (1824-1838), la jeune nation entre dans une période de quasi guerre civile opposant conservateurs, libéraux et quelques seigneurs de la guerre locaux. La position géographique du Nicaragua, particulièrement favorable au percement d'un canal transocéanique, aiguise désormais l'appétit des grandes puissances contrôlant la zone caraïbe. Les Anglais, sur la côte atlantique, et les Nord-Américains, sur le versant pacifique, attisent les divisions internes du pays, dans l'espoir de pouvoir le contrôler un jour. Après l'installation d'un protectorat anglais, entre 1841 et 1848, les États-Unis financent à leur tour la « phalange américaine » de William Walker, un aventurier souhaitant établir un État esclavagiste au Nicaragua. Conscients du danger, conservateurs et libéraux finissent toutefois par s'allier pour sauvegarder militairement la souveraineté du pays : la « campagne nationale » en finit momentanément avec les visées impérialistes anglo-saxonnes.

Présidences conservatrices et interventions nord-américaines (1858-1932)

Entre 1858 et 1893, le « régime des trente ans » est une période de relative stabilité politique. Des présidents conservateurs et pro-américains se succèdent au pouvoir et gèrent le pays conformément aux intérêts de l'oligarchie locale, mais avec paternalisme en matière sociale. En 1893, le libéral José Santos Zelaya prend le pouvoir à la suite d'un coup d'État et conquiert le nord-ouest du Nicaragua, contrôlé par les Anglais depuis plus de un siècle. Malgré ses efforts pour moderniser le pays, le dictateur s'aliène l'opinion par ses méthodes, tandis que son nationalisme teinté d'antiaméricanisme indispose son puissant voisin. Les États-Unis financent donc l'opposition conservatrice, qui revient au pouvoir avec le président Adolfo Díaz en 1909, puis interviennent militairement, en 1912, pour asseoir l'autorité de ce dernier.

Les marines occupent le Nicaragua de 1912 à 1926, puis de 1928 à 1933. En échange de cet appui, les hommes forts du pays (Adolfo Díaz et Emiliano Chamorro) facilitent l'installation et le développement de firmes agroalimentaires nord-américaines dans le pays, autorisent l'établissement d'une base navale dans le golfe de Fonseca et donnent le droit à leurs « protecteurs » de construire un canal transocéanique (traité Bryan-Chamorro de 1914). Cette occupation du territoire par des troupes étrangères, qui ne se traduit pas en retour par une amélioration des conditions de vie des plus pauvres, finit par donner naissance à un mouvement de guérilla nationaliste d'extrême gauche, dirigé par Augusto César Sandino. Entre 1926 et 1932, les sandinistes tiennent tête aux troupes d'occupation et à la garde nationale, devenant ainsi le symbole de la lutte armée contre l'impérialisme. Au départ des marines, Sandino accepte un cessez-le-feu. Il meurt assassiné, en 1934.

Dictature des Somoza (1936-1979)

Après l'assassinat de Sandino, Anastasio Somoza devient le nouvel homme fort du pays. En 1936, ce jeune chef de la garde nationale démet l'insignifiant président libéral Juan Bautista Sacasa (élu en 1934) et instaure une dictature familiale pendant presque un demi-siècle. Après son assassinat en 1956, son fils, Luis, contrôle en effet le pays, puis cède le pouvoir au président René Schick (1963-1967), un protégé du clan Somoza. En 1967, c'est enfin au tour d'Anastasio Somoza Debayle (dit Tachito), frère de Luis, de prendre le pouvoir. La dynastie en profite pour édifier peu à peu un véritable empire économique : en 1979, la famille Somoza possède en effet un tiers des terres cultivables du pays, ainsi que l'essentiel de ses industries. Anticommunistes convaincus, ce qui leur vaut les faveurs des États-Unis, les Somoza mènent une politique de libéralisme économique autoritaire favorable à leurs propres intérêts et répriment férocement syndicats et partis de gauche. Cette appropriation familiale du pays mécontente cependant une grande partie des classes moyennes et supérieures, qui manifestent leur hostilité à Anastasio Somoza à partir de 1972. Le directeur du journal La Prensa, Pedro Joaquín Chamorro, devient le porte-parole de cette opposition légale.

Une frange plus radicale de la population choisit en revanche la lutte armée : fondé en 1967, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) ne cesse de conquérir du terrain dans les années 1970. Après l'assassinat de P.J. Chamorro, en janvier 1978, il devient évident que les sandinistes sont seuls à pouvoir renverser Anastasio Somoza. Une grève générale, la prise de soixante députés en otage puis l'offensive militaire générale de juin 1979 contraignent le dictateur à abandonner le pays.

Les sandinistes au pouvoir (1979-1990)

« Ni communistes, ni socialistes : sandinistes ! » Après sa victoire, le FSLN ne souhaite ni s'aligner sur le bloc soviétique, ni réaliser la révolution prolétarienne au Nicaragua. De fait, le premier gouvernement sandiniste est un gouvernement d'union nationale, favorable à l'économie mixte (les banques et les assurances sont nationalisées, mais l'industrie et l'essentiel de l'agriculture restent aux mains du privé), offrant toutes les garanties constitutionnelles à l'opposition. Ce consensus ne résiste cependant pas longtemps : inquiets des dérives autoritaires de l'extrême gauche du FSLN, les partis modérés abandonnent le pouvoir dès 1980. En mars 1981, Daniel Ortega dirige désormais seul une junte exclusivement sandiniste. La radicalisation du gouvernement va croissant pendant les années 1980. Les partisans de Somoza (la Contra), armés par les États-Unis, harcèlent les troupes nicaraguayennes depuis le Honduras voisin. L'embargo décrété par le président Ronald Reagan amène, par ailleurs, D. Ortega à demander un soutien à l'URSS. L'état d'urgence est décrété en mars 1982, les élections de 1984 se font sans participation de l'opposition, les libertés fondamentales sont suspendues en 1985. La guérilla menée par la Contra atteint une telle intensité qu'elle désorganise l'économie nicaraguayenne, devenue une économie de guerre (les dépenses militaires absorbent jusqu'à 25 % du PIB). Incapables de mener les réformes sociales qu'ils envisageaient initialement, impuissants à contrôler la Contra, tandis que la production et les échanges sont totalement désorganisés par la guerre et la collectivisation, les sandinistes sont obligés de faire des concessions. L'état d'urgence est supprimé en 1987, un cessez-le-feu est signé en 1988, des élections libres sont organisées en février 1990. Violeta Chamorro, candidate de l'opposition, est alors élue devant Daniel Ortega.

Daniel Ortega - Anastasio Somoza
Daniel Ortega - Anastasio Somoza

Daniel Ortega - Anastasio Somoza

Violeta Chamorro (1990-1996)

Entre 1990 et 1996, l'équipe de Violeta Chamorro est chargée de mener à bien le processus de transition démocratique et de réconciliation nationale. La Contra a déposé les armes et les États-Unis ont levé leur embargo ; les sandinistes acceptent, pour leur part, d'être minoritaires dans le nouveau gouvernement. 90 % des troupes régulières sont démobilisées. La fin de la guerre civile permet à l'économie nicaraguayenne de sortir de l'ornière, mais la tâche de reconstruction du pays est immense : le Nicaragua est désormais l'un des pays les plus pauvres de l'Amérique latine, écrasé par sa dette extérieure et incapable de donner du travail à plus de 40 % de sa population active.

Malgré les manœuvres répétées du FSLN pour récupérer le pouvoir politique, perdu en 1990, et exploiter à son profit les tensions nées de la crise économique, le processus de démocratisation prend un nouveau tournant à partir de la réforme constitutionnelle de 1995. Les sandinistes ne sont alors plus qu'une force d'opposition parmi d'autres, de moins en moins radicale et de plus en plus social-démocrate, et c'est un libéral qui remporte les élections d'octobre 1996.

Arnoldo Alemán (1996-2002)

Le président Arnoldo Alemán (parti libéral constitutionnel, PLC) avec qui finalement Daniel Ortega, pourtant dans l’opposition, passe un accord de partage des pouvoirs, poursuit la politique de libéralisation économique entreprise par Violeta Chamorro et tente d'attirer au Nicaragua des investisseurs étrangers encore frileux. Son équipe parvient à juguler l'inflation et à mener à bien quelques projets d'équipement du pays, mais est impuissante à mettre un terme à une corruption endémique.

Cette renaissance – toute relative – du Nicaragua est cependant anéantie par le passage du cyclone Mitch, en octobre 1998 : plusieurs milliers de personnes sont portées disparues, 10 % de la population nicaraguayenne est sans abri, le réseau routier est détruit aux deux tiers et 70 % des récoltes sont perdues. On estime que le retour au niveau économique de 1997 nécessitera vingt années d'efforts.

En novembre 2000, lors des élections municipales, le FSLN, qui garde une grande capacité de mobilisation dans le pays, effectue une remontée spectaculaire (40 % des suffrages) laissant présager une possible victoire lors des élections générales de novembre 2001.

Enrique Bolaños Geyer (2002-2006)

Mais un an plus tard c'est l'échec. L'ancien président de la République D. Ortega, candidat controversé, y compris au sein du camp sandiniste (notamment pour le pacte conclu avec les libéraux), n'est pas parvenu à capitaliser autour de son nom. C'est en effet le candidat du Parti libéral constitutionnel (PLC), l'ancien vice-président Enrique Bolaños Geyer, qui, malgré l'usure du pouvoir, arrive en tête du scrutin présidentiel et remporte l'élection

Celui-ci poursuit la politique de libéralisation de l'économie mise en œuvre par A. Alemán, en lui associant un volet anticorruption, qui vaut à ce dernier d'être poursuivi puis condamné à vingt ans de prison, et au président en titre de perdre le soutien de son propre parti, le PLC. Un nouveau pacte sandinistes-libéraux est alors conclu, cependant que les élections municipales de 2004 consacrent la perte d'influence d'Enrique Bolaños dont les partisans sont laminés.

La crise trouve toutefois une issue l'année suivante, le FSLN passant un accord de gouvernabilité avec le président. Mais ce nouveau pacte signe la mainmise des grands partis parlementaires sur les leviers du pouvoir, et, à l'inverse, souligne l'impuissance de l'exécutif.

Le retour au pouvoir de Daniel Ortega (2006)

La stratégie de recentrage de la formation sandiniste attise l’opposition interne à D. Ortega. D'où le départ du très populaire ancien maire de Managua Herty Lewites, qui rejoint le Mouvement pour la rénovation sandiniste, alliance de partis de gauche pour beaucoup issus du FSLN. Terrassé par une crise cardiaque, il ne pourra toutefois pas aller au bout de la campagne présidentielle de novembre 2006, qui voit D. Ortega arriver en tête et, à la faveur d'un changement opportun des règles électorales, l'emporter dès le premier tour (avec à peine 38 % des suffrages, son plus mauvais score en 5 scrutins), face à une droite libérale divisée, mais majoritaire en voix et toujours dominante au Parlement. Secondé par un vice-président dissident du PLC, ancien banquier, et par ailleurs ex-contra, D. Ortega entend unir et réconcilier les Nicaraguayens.

En matière internationale aussi, il doit assortir les contraires, puisque, ami de Fidel Castro et d'Hugo Chávez, il s'associe, avec la Bolivie d'Evo Morales, au front antiaméricain constitué par Cuba et le Venezuela, sans pour autant remettre en cause le traité de libre-échange (ALEAC – Accord de libre-échange de l'Amérique centrale) que son pays et d'autres États de la région ont signé avec les États-Unis en 2004, et qui est entré en vigueur en 2006.

Dès son entrée en fonctions en janvier 2007, le président D. Ortega annonce ainsi l'adhésion de son pays à l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA). Par ailleurs, le Nicaragua se rapproche de l'Iran – avec lequel il établit des relations diplomatiques contre des accords de coopération – et de la Russie qu'il soutient lors de la crise qui oppose celle-ci à la Géorgie (août-octobre 2008), reconnaissant l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Si le FMI accorde son appui au programme économique du gouvernement, les relations avec l'UE, autre important bailleur de fonds du pays, se tendent en raison des dérives autoritaires et clientélistes du régime.

Les intimidations dont sont victimes des ONG, comme le Mouvement autonome des femmes, ainsi que l'exclusion de deux partis d'opposition, dont le Mouvement de rénovation sandiniste, entachent ainsi la campagne pour les élections municipales du 9 novembre. Après plusieurs jours d'affrontements entre partisans d'Ortega et opposants qui accusent le gouvernement de fraudes, le Conseil suprême électoral proclame officiellement, le 21 novembre, la victoire du FSLN dans 105 municipalités sur 146 (dont la capitale Managua où les suffrages ont été recomptés) contre 37 au PLC et 4 à l'Alliance libérale. Mais l'opposition entend faire annuler le scrutin tandis que certains observateurs (non accrédités par le pouvoir) l'ONU, l'OEA et l'UE en dénoncent le manque de transparence.

Une réélection contestée

En 2009, par un arrêt très controversé, la Cour suprême, contrôlée lors de ce vote par des magistrats proches du FSLN, autorise le président à briguer un nouveau mandat en novembre 2011. Pouvant mettre en avant les résultats économiques de son gouvernement, parvenu à surmonter la crise financière de 2008 tout en préservant des filets de protection sociale par des programmes tels que « faim zéro » ou le « plan toit », Daniel Ortega est réélu très facilement dès le premier tour. Face à une opposition issue quasi exclusivement du camp libéral mais divisée et dispersée, il l’emporte avec officiellement plus de 62 % des suffrages à l’issue d’une campagne électorale mêlant désormais les références au christianisme et au socialisme.

Son parti vient également largement en tête aux législatives avec plus de 60 % des voix s’assurant une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale. Mais son principal rival – le conservateur Fabio Gadea –, candidat du parti libéral indépendant (PLI, 31 % des voix), conforté par les réserves des observateurs de l’Union européenne et de l’Organisation des États américains (OEA) sur la transparence du scrutin, ne reconnaît pas ce résultat et des violences post-électorales éclatent dans le pays. Les élections municipales de novembre 2012, à l'issue desquelles les candidats du FSLN obtiennent dans l’ensemble du pays 75,69 % des suffrages, contre 16,1 % à ceux du PLI et 6,35 % au PLC, les deux principales formations de l’opposition de droite, constituent, en dépit d'un fort taux d'abstention, une nouvelle victoire pour le président. Le lancement officiel en décembre 2014 du chantier d'un canal interocéanique par les autorités nicaraguayennes et l'entreprise chinoise HKND provoquent des manifestations de paysans menacés d'expropriation et d'associations inquiètes du risque de catastrophe écologique.

Publié dans Géopolitique

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