Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias
Souvenirs perdus est un film à sketches français de Christian-Jaque sorti en 1950. Paris, XVe arrondissement, rue des Morillons. Une énorme bâtisse arbore «Objets trouvés» à son fronton. Tous ont une histoire. Une statuette égyptienne fut le témoin d'un grand amour : un homme et une femme se sont retrouvés après une séparation de dix ans. Une couronne mortuaire, en perles de verre, raconte l'histoire d'un quiproquo burlesque, qui vit un jeune homme charmant tenter en vain de se débarrasser d'une conquête importune. Une toute jeune femme, lasse de vivre, voulait se jeter dans la Seine et a été repêchée. Sa petite cravate de fourrure pourrait en dire long. Un violon, enfin, assista à la rivalité entre un agent de police et un chanteur des rues, amoureux tous deux de la jolie épicière...
Souvenirs perdus de Christian-Jaque
Autrefois, le film à sketchs avait la cote en Italie et en France (Les Monstres, Paris vu par...). Puis, il est devenu plus rare, faisant de fugaces réapparitions (Paris, je t'aime), pour commémorer un événement (11'09''01, sur les attentats du 11 Septembre) ou tourner autour d'un thème (Les Infidèles). Quand plusieurs réalisateurs participent à l'aventure, on joue à reconnaître le style de chacun.
Pour Souvenirs perdus, Christian-Jacque s'est amusé à refaire, à lui tout seul, le parcours de quatre objets échoués dans l'austère immeuble des objets perdus de la rue des Morillons, à Paris. Mais il brouille les pistes en multipliant les styles. Passant du réalisme poétique à la comédie à l'italienne, du drame réaliste à la comédie de boulevard, il semble inspiré par ses acteurs. Et il y a de quoi : Pierre Brasseur en amant cynique pris à son propre jeu, François Périer en trublion survolté au « regard en colimaçon » (excellent deuxième sketch autour d'une couronne mortuaire), Gérard Philipe dans un rôle inattendu de serial killer psychopathe, ou encore Bernard Blier en gendarme amoureux au sourire si niais face à Yves Montand, charismatique chanteur des rues ! Le tout sur des dialogues aux petits oignons des frères Prévert, Henri Jeanson et Pierre Véry. On est dans la pure qualité française, décriée par la Nouvelle Vague certes, mais qu'on peut se permettre de revoir aujourd'hui avec un petit plaisir assumé ! — Anne Dessuant