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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Faurisson Robert

Robert Faurisson, né le 25 janvier 1929 à Shepperton et mort le 21 octobre 2018 à Vichy, est un militant négationniste français.

Faurisson Robert
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Faurisson Robert

Initialement enseignant en lettres à l'université dans les années 1970, il devient, au début des années 1980, l'acteur continu d'une série de scandales et de procès médiatiques. Sa recherche de célébrité contribue à en faire une icône des négationnismes d'extrême droite mais aussi d'ultra-gauche en France dans les années 1980 et 1990, puis plus largement d'une partie de l'antisionisme des années 2000, en Occident comme dans le monde arabo-musulman. Il ajoute au négationnisme fondateur de Paul Rassinier et de Maurice Bardèche, déjà consacré au mythe du « complot juif » destiné à culpabiliser les États occidentaux et à les contraindre à financer l'État d'Israël, la fixation sur le motif emblématique de la négation de l'existence des chambres à gaz. Il y contribue également avec l'apparente crédibilité d'une démarche hypercritique pseudo-scientifique, unanimement disqualifiée sur le plan académique, qui le fait finalement qualifier de « faussaire de l'histoire » par Robert Badinter, notamment à travers plusieurs affaires judiciaires. Il est condamné à plusieurs reprises en France pour « incitation à la haine raciale » et « contestation de crime contre l'humanité ». Né en 1929 à Shepperton, comté de Surrey au Royaume-Uni d'un père français et d'une mère écossaise sous le nom de Robert-Faurisson Aitken, Robert Faurisson connaît une première enfance qui voit sa famille voyager outre-mer, à Saïgon, Singapour, Kōbe puis Shanghai au gré des postes occupés par son père au sein de la Compagnie des messageries maritimes. En 1936, sa famille regagne la métropole française. Il fait alors ses études principalement au petit séminaire de Versailles, au collège de Provence à Marseille et au lycée Henri-IV de Paris (classes préparatoires littéraires) où il se trouve condisciple de Pierre Vidal-Naquet.

Agrégé de lettres en 1956, il est professeur au lycée de jeunes filles de Vichy de 1957 à 1963, puis au lycée de garçons de Clermont-Ferrand de 1963 à 1969. Le rapport de la Commission sur le racisme et le négationnisme à l'université Jean-Moulin Lyon III résume en ces termes sa carrière dans le secondaire : « Il y est considéré comme un enseignant d'un haut niveau intellectuel, connaissant bien sa discipline et passionné par son métier. Il est en revanche critiqué pour son attitude envers les élèves et sa hiérarchie, avec laquelle il entre dans des conflits sérieux et répétés. De 1958 à 1962, il fait l'objet à plusieurs reprises de mises en garde écrites mettant à cause la violence verbale dont il fait preuve envers certaines élèves, en particulier des élèves françaises d'origine algérienne, ou à cause de ses emportements à l'égard de la direction, qui demande à plusieurs reprises sa mutation dans un autre établissement. ». De 1969 à 1973, il est maître assistant stagiaire puis titulaire de littérature française à Paris III. Il soutient le 17 juin 1972 une thèse de Doctorat d'État sur la bouffonnerie de Lautréamont. De décembre 1973 à mars 1980, il est maître de conférences en littérature contemporaine à l'université Lyon II. De 1979 à sa retraite en 1995, il est détaché à sa demande au Centre national de télé-enseignement (CNTE) rebaptisé ensuite Centre national d'enseignement à distance (CNED), sans aucune activité d'enseignement effective. En 1980, alors qu'il n'a plus aucune activité de recherche ni d'enseignement au sein de l'Université, il bénéficie d'une mesure collective de reclassement qui lui permet d'obtenir formellement le grade de professeur.

Au cours des années 1960 et 1970, Robert Faurisson mène de front ses publications sur la littérature et ses premiers écrits négationnistes, où se retrouve le même discours de dénonciation de supposées « mystifications », qu'elles soient littéraires ou historiques. Pour l'historienne Valérie Igounet, il est alors essentiellement un « provocateur » à la recherche de la célébrité. Pierre Milza insiste pour sa part sur la dimension paranoïaque de sa démarche, tandis que Jean Stengers y voit une « fêlure [qui] se manifeste par deux traits : d'une part par un délire interprétatif, et d'autre part par une forme de folie obsessionnelle, c'est-à-dire d'idée fixe ». Henry Rousso et Valérie Igounet soulignent également le rôle que pourrait avoir joué pour Robert Faurisson comme pour son inspirateur Paul Rassinier l'image pervertie de Jean Norton Cru et (à propos de Rassinier) la « posture assez classique, qu'on a connue après la Première Guerre mondiale, de remise en cause des mythologies, des récits sur la guerre : une vision hypercritique, qui est une forme de réaction à des récits presque inaudibles, sur l'horreur ». Le succès relatif de sa production littéraire le conduit finalement à la fin de cette première époque à se consacrer exclusivement au négationnisme. En 1961, Robert Faurisson publie dans la revue Bizarre, éditée par Jean-Jacques Pauvert, une étude de l'oeuvre d'Arthur Rimbaud, sous le titre A-t-on LU Rimbaud ?. Lors de sa première édition, le texte est signé des simples initiales R. F., l'auteur souhaitant dans un premier temps garder l'anonymat dans une mise en scène médiatique jouant sur le mystère. La thèse de l'étude est d'attribuer au sonnet Voyelles, de Rimbaud, un sens érotique et scatologique, censé avoir été ignoré jusqu'à cette révélation.

Les critiques sont partagés. Antoine Adam, André Breton et Pieyrre de Mandiargues lui font un accueil favorable. René Étiemble, moqué par Faurisson qui l'a qualifié de « sorbonagre », est en revanche très sévère. La revue rebondit sur le sujet en publiant en 1962 un numéro spécial consacré à L'Affaire Rimbaud. L'originalité de l'interprétation faurisonnienne est par la suite relativisée. Sans être totalement écartée, l'interprétation érotique du sonnet n'est retenue par d'autres critiques qu'avec davantage de prudence. Robert Faurisson publie en janvier 1971 un premier article consacré à Lautréamont dans La Nouvelle Revue française, intitulé « Les divertissements d'Isidore ». Il y présente sa thèse sur Lautréamont. Les Chants de Maldoror et les Poésies seraient une parodie, là encore insoupçonnée jusqu'à cette démystification. L'article est salué dans Rivarol. Invité par Michel Polac à l'émission littéraire Post-scriptum le 24 avril 1971, Robert Faurisson y est notamment confronté à Gérard Legrand. Il soutient de manière provocante qu'il suffit d'étudier le texte « au ras des pâquerettes » pour y voir « la plus belle mystification littéraire » qu'on ait jamais vue. En 1972, il présente sa thèse sur Lautréamont. La vision de Faurisson est à nouveau contestée, le jury critiquant « la méthode littéraire [...] au ras du texte, certes novatrice et provocatrice mais également simpliste car épousant un parti-pris insoutenable », tandis qu'il se voit notamment accusé par le critique Pierre Albouy de « poujadisme intellectuel ». La thèse est cependant publiée par Gallimard. Bien que suscitant moins d'écho que sa précédente publication sur Rimbaud, l'ouvrage reçoit un accueil partagé : le caractère provocateur de l'auteur est fréquemment souligné, tandis qu'une partie des critiques sont beaucoup plus sévères. Dans une étude récente, Guy Laflèche, professeur au Département des études françaises de l'université de Montréal, spécialiste de Lautréamont et auteur d'une édition critique des Chants de Maldoror, considère les travaux de Faurisson sur Lautréamont comme un « torchon », reprochant à Faurisson contre-sens, confusions entre sens propre et sens figuré, interprétations hors contexte, lectures au premier degré, redites, critique normative et savoir mal digéré.

Après avoir brièvement enseigné à Paris, Robert Faurisson est nommé fin 1973 à l'Université Lyon-II, contre l'avis de celle-ci, sans que cela ne puisse cependant être imputé à ses premières activités négationnistes. S'il est défendu et apprécié par un « petit noyau d'étudiants », ses cours sont peu fréquentés. Il se retrouve peu à peu isolé au sein de l'Université Lyon II. Durant ses années d'enseignement, il se présente comme l'initiateur d'une nouvelle méthode de « critique de textes et de documents, recherche du sens et du contresens, du vrai et du faux », baptisée « méthode Ajax » du nom du produit ménager en raison de son aspect « décapant » : elle refuse toute prise en compte du contexte et de l'auteur et tient à une lecture au pied de la lettre du discours. Celui-ci se prête alors aisément à une hypercritique conduisant systématiquement à en rejeter l'authenticité ou la sincérité. Faurisson applique bientôt cette même « méthode d'investigation littéraire » aux sources historiques, coupées de leur contexte et réduites au sens immédiat des termes sur lesquels il peut alors « conférer un sens unique à partir d'un postulat original ». Il va ainsi contribuer à donner un habillage scientifique aux discours politiques d'auteurs comme Maurice Bardèche ou Paul Rassinier ou à ceux plus récents d'Arthur Butz. Robert Faurisson entre en contact épistolaire de 1964 à 1967 avec Paul Rassinier, l'un des fondateurs du courant négationniste. Cette correspondance montre qu'il adhère d'emblée à cette démarche, sans émettre aucune réserve sur son adoption par l'extrême droite française pour qui elle est un artifice nécessaire à sa propre survie. Elle laisse présager ce qui va suivre : la focalisation presque exclusive du discours négationniste sur le thème de la « possibilité technique des chambres à gaz » jusqu'au prochain tournant des années 2000, approche qui suscite d'ailleurs les réticences de Rassinier.

Après la mort de Paul Rassinier s'ouvre plus d'une décennie de gestation du négationnisme français, marquée tout à la fois par l'absence de meneur potentiel, par la diffusion des thèses négationnistes à l'extrême-droite, en particulier au sein du Front national, mais aussi par leur appropriation par une fraction de l'ultragauche d'inspiration bordiguiste. C'est aussi l'époque des « recherches » menées par Faurisson, qui visite brièvement les archives d'Auschwitz à deux reprises ; Tadeusz Iwaszko, conservateur du Musée d'Auschwitz, prend cependant conscience dès 1977 du caractère orienté et mensonger des visites de Faurisson, qui s'est initialement présenté « sous le prétexte inexact et abusif d'une « publication et éventuellement une exposition [...] à l'université de Lyon II » ». Iwaszko met alors fin à toute assistance. Pour l'essentiel, Robert Faurisson fréquente surtout la bibliothèque du Centre de documentation juive contemporaine à Paris dont l'accès lui est également fermé à partir de la fin 1977. Selon Pierre Guillaume, puis Jean-Claude Pressac, les « travaux » de Robert Faurisson s'appuient sur « 200 kg » de documentation pour étayer ses dires. L'état des recherches sur le sujet conduit à relativiser fortement l'impression donnée par ce type d'affirmation courante dans le courant négationniste quant à la somme de « travail » de Faurisson. Valérie Igounet revient à plusieurs reprises sur le caractère limité des recherches originales de Faurisson, qui s'en remet à partir des années 1980 à ses intermédiaires, mais aussi aux dossiers de la défense lors des procès où il est en cause, pour lui fournir sa documentation. Par ailleurs, Faurisson n'a jamais travaillé sur les archives nazies ouvertes après 1989. Sur cette maigre base documentaire, il construit pourtant la rhétorique qui va constituer son principal apport au négationnisme : les chambres à gaz n'ont été utilisées que comme instrument d'épouillage et non pour tuer des hommes ; leur caractère homicide est une supercherie, produit d'un « complot juif ».

Dans ses débuts, tout en veillant à ne pas paraître abuser trop ouvertement de son statut d'enseignant, Faurisson exploite pourtant celui-ci au service de son idéologie. Ses thèmes de travaux, cités notamment dans ses candidatures répétées pour le titre de professeur montrent que cette orientation négationniste est explicite au sein de l'Université : son cours de maîtrise et son « séminaire de critiques de textes et documents » portent sur le Journal d'Anne Frank dont il conteste l'authenticité ; il accorde une mention « très bien » assortie des félicitations à un mémoire de maîtrise consacré à Robert Brasillach qui sera primé en 1979 par l'« Association des Amis de Robert Brasillach » et qui aboutit en 1985 à la publication d'une hagiographie de l'ancien collaborationniste. De même, il diffuse ses premiers écrits négationnistes en 1974 dans des cercles restreints au sein de l'Université ou en usant de son titre formel d'enseignant rattaché à l'université dans des courriers provocateurs adressés à plusieurs spécialistes de la Seconde Guerre mondiale. Ses écrits sous couvert de son statut d'enseignant et son utilisation trompeuse de papier à en-tête universitaire sont condamnés dès juin 1974 par le conseil de l'université de la Sorbonne, à la suite d'une lettre adressée au Centre de documentation juive de Tel-Aviv, révélée par la suite par l'hebdomadaire Tribune Juive. Cette première affaire est mentionnée dans la presse par Le Canard enchaîné, puis par Le Monde qui publie un article de Charlotte Delbo à son propos sans qu'il y soit nommé : il est privé d'un éventuel usage du droit de réponse qu'il réclame pourtant au quotidien et qu'il ne cesse d'exiger dès lors. Elle lui vaut également une fin de non recevoir de la part du syndicat SNESup dont il se déclare membre dans certains de ces courriers et qui refuse finalement et définitivement sa demande d'adhésion lors de son affectation à l'université Lyon-II.

Il tente en 1977 de se faire à nouveau connaître comme spécialiste de la critique littéraire avec un nouvel ouvrage à nouveau publié par les éditions Pauvert (mais avec une moindre conviction), cette fois consacré aux poèmes de Gérard de Nerval dont il propose une « traduction » littérale issue de sa méthode personnelle de critique des textes. Mais comme le rapporte Valérie Igounet, « l'obscurantisme est de rigueur, Robert Faurisson utilise sa méthode d'interprétation des textes, inaugurée pour Rimbaud. Il suffit de s'en tenir exclusivement aux mots que nous lisons en faisant fi du contexte, qu'il soit littéraire, historique ou personnel ». Le succès n'est pas au rendez-vous et les critiques s'arrêteront finalement à l'inanité des « traductions ». En 1977 également, il publie dans la revue d'extrême droite Défense de l'Occident une liste de personnes selon lui « victimes d'exécution » lors de l'épuration en Charente, censée préfigurer un futur ouvrage sur Les « Bavures », chronique sèche de 78 jours d'« Épuration » (1er juin-17 août 1944) dans quelques communes du Confolentais : il s'agit d'amorcer une possible réhabilitation de miliciens. Cette première publication est suivie en 1978, dans la même revue, d'un article où Faurisson reprend les thèses de Paul Rassinier et des négationnistes anglo-saxons Richard Verrall (en) (sous le pseudonyme de Richard Harwood) et Arthur Butz, tout en rendant hommage à François Duprat, théoricien néo-fasciste de la « droite nationale » et « passeur idéologique » du négationnisme au sein de celle-ci. Comme le conclut Valérie Igounet, « depuis quelque temps, on tentait de situer politiquement Robert Faurisson. En 1978, c'est chose faite. Pour beaucoup, Faurisson est un homme d'extrême-droite. La publication dans Défense de l'Occident ôte les derniers doutes ». Enfin, en janvier 1978, il tente, mais pratiquement en vain, de donner une publicité à ses théories lors d'un colloque sur le sujet Églises et chrétiens de France dans la Seconde Guerre mondiale, au Centre régional d'histoire religieuse de Lyon. Ayant fait irruption dans les débats lors des questions du public, il a la déception d'être rapidement interrompu, puis de voir que les actes du colloque ne reproduisent pas ses propos.

À l'aube des années 1980, Robert Faurisson va finalement se concentrer sur ce seul sujet davantage porteur de célébrité : le négationnisme. À travers sa soif de célébrité et l'exploitation de son statut académique, Faurisson joue à partir de la fin des années 1970 un rôle clé dans l'histoire du négationnisme, résumé par Valérie Igounet en ces termes : « il lui a apporté ce dont il avait besoin pour ne plus végéter, pour s'exporter et ressembler à un discours digne de ce nom. Surtout, il lui a insufflé un parfum de scandale. ». L'histoire de Faurisson à partir de 1978 est donc faite d'une succession de provocations médiatiques et de procès utilisés comme tribunes, qui se confond avec celle plus large du mouvement négationniste français. Après vingt-deux tentatives infructueuses en quatre ans, tirant parti du scandale suscité par un interview de Louis Darquier de Pellepoix, ex-commissaire général aux questions juives du régime de Vichy publiée par L'Express en octobre 1978, Faurisson parvient à se révéler au grand public par un premier article publié par Le Matin de Paris le 1er novembre 1978, et surtout le 29 décembre 1978 avec la publication d'une lettre tribune par le quotidien Le Monde, intitulée « Le Problème des chambres à gaz, ou la rumeur d'Auschwitz », version abrégée de son article de Défense de l'Occident. Le Monde accompagne cette publication d'une réfutation par l'historien Georges Wellers, intitulé « Abondance de preuves » et la fait suivre le lendemain d'un article de l'historienne Olga Wormser sur l'histoire de la Shoah et d'un second du président de l'Université Lyon-II, Maurice Bernadet, condamnant les propos de l'enseignant mais avouant l'impuissance de l'institution en l'absence formelle de faute professionnelle avérée. Ces articles lui ouvrent la voie des « droits de réponse » dont il fait par la suite un abondant usage afin d'être publié et de prolonger la polémique. Il tire alors également parti de la curiosité du public français pour ces questions après la diffusion du téléfilm Holocauste en 1979, qui marque pour Pierre Vidal-Naquet la « spectacularisation du génocide, sa transformation en pur langage et en objet de consommation ».

Faurisson fait l'objet d'une enquête administrative, dont les conclusions en décembre 1978 recommandent une mutation « qui n'apparût pas comme une mesure disciplinaire » afin d'éviter le « délit d'opinion » et conclut que « de vraies sanctions pour M. Faurisson, il n'en est que deux : le silence (ce à quoi le président Bernadet s'est employé avec succès jusqu'à l'article du Matin) et le ridicule où le ferait sombrer une confrontation avec de vrais historiens (mais ceux-ci ne se déroberaient-ils pas ?) ». Par la suite, Faurisson se dit dans l'incapacité d'assurer ses cours en raison de menaces pesant sur sa personne (Valérie Igounet émet à cet égard l'hypothèse d'une part de manipulation, l'enseignant prévenant les organisations juives de la date et de l'heure de ses cours où il se rend accompagné d'un huissier afin de faire constater les réactions dont il fait l'objet). Il est finalement affecté à l'enseignement à distance (sans activité d'enseignement effective) en octobre 1979 avec son accord. Pour le philosophe et historien François Azouvi, dès lors, « Faurisson est ainsi installé dans la posture idéale pour lui : celle de la victime solitaire face au consensus des puissants [...] la mécanique perverse est en marche : plus Faurisson sera réfuté, plus il se déclarera victime d'un complot ». Ce n'est cependant qu'en 1990 que son poste sera définitivement transféré au Centre national d'enseignement à distance malgré ses protestations et qu'il sera privé de sa position universitaire. Il est donc resté formellement affecté à Lyon II et titulaire de sa chaire durant près d'une décennie et aura été au total salarié par l'État sans remplir aucun service public de 1979 à sa retraite en janvier 1995. Selon le rapport de la Commission sur le racisme et le négationnisme à l'université Jean-Moulin Lyon III, ces retards s'expliquent essentiellement par « le fragile équilibre des pouvoirs entre l'État et l'Université, une des singularités majeures du système français » et par « [des] réticences à agir, [des] ambivalences, [des] retards apportés au dossier [...] venus non pas de l'Université mais de l'État. »

Robert Faurisson bénéficie dans les années 1980 du soutien actif de Pierre Guillaume, de Serge Thion et d'une poignée de militants de l'ultragauche, rassemblés autour des éditions de La Vieille Taupe. Pour l'historien Henry Rousso, « l'attrait de ces groupuscules pour les théories de Rassinier, puis de Faurisson, s'explique par une réceptivité plus grande aux théories du complot, à la « crypto-histoire » et à l'« hypercriticisme », mais aussi par leur incapacité d'admettre que l'extermination des juifs n'a pas relevé d'une rationalité matérialiste, jusqu'au point d'en nier l'existence dès lors qu'elle ne répondait pas à une logique de lutte des classes. Par ailleurs, elle résulte d'analyses qui reprennent l'antistalinisme d'un Rassinier et qui les portent à minorer les crimes du nazisme. » Avec la défense de Robert Faurisson et de sa cause, cette fraction de l'ultra-gauche déjà acquise aux idées de Paul Rassinier dans les années 1970 se donne l'occasion de durer à travers ce que Valérie Igounet qualifie d'« une autre façon d'exister ». Pierre Guillaume rencontre Faurisson en novembre 1979 et réactive à son profit ses réseaux politiques. Il lui apporte sa caution de militant de gauche et multiplie les tracts en sa faveur. En décembre 1980, la publication aux Éditions de La Vieille Taupe du Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire permet à Faurisson de réaliser un nouveau coup médiatique. C'est également par l'intermédiaire de Pierre Guillaume que Faurisson parvient à être reçu par Ivan Levaï en décembre 1980 sur Europe 1 ; il y formule la synthèse de son discours dans une déclaration préparée à l'avance, devenue emblématique : « Les prétendues « chambres à gaz » hitlériennes et le prétendu « génocide » des Juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l'État d'Israël et le sionisme international, et dont les principales victimes sont le peuple allemand — mais non pas ses dirigeants — et le peuple palestinien tout entier. »

En avril 1980, Serge Thion publie Vérité historique ou vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson. La question des chambres à gaz. Il contribue par la suite fortement à la diffusion des écrits faurissonniens sur le Web grâce à son site de l'Aaargh (Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'Holocauste). Felipe Brandi, après d'autres, souligne le caractère finalement extrêmement marginal de cette survie d'une fraction de l'utra-gauche dans les années 1980 et 1990 à travers cette conjonction avec Faurisson : « Selon moi, au coeur du déclin des luttes de masse qui dura au moins deux décennies, le négationnisme (et la formidable attention que les médias portèrent à cette affaire) sembla redonner la vie et un certain sens du mouvement à de petites coteries marginales ne réunissant à elles toutes qu'une petite centaine de personnes ». En revanche, Alain Finkielkraut insiste dès 1982 sur l'importance de ce négationnisme d'extrême-gauche et sur sa « modernité ». De fait, on ignore alors que, sous couvert d'antisionisme, le négationnisme va s'ouvrir de nouvelles portes notamment à l'extrême gauche par la suite dans les années 2000. Noam Chomsky est mis en relation avec Robert Faurisson par Serge Thion et Pierre Guillaume en 1979. Il signe alors une pétition en faveur de « la liberté de parole et d'expression » de Faurisson, lancée par le négationniste américain Mark Weber (en). Suite aux réactions suscitées par cet engagement, il adresse à Serge Thion quelques pages de « commentaires élémentaires sur le droit à la liberté d'expression », où il indique cependant « Je ne dirai rien ici des travaux de Robert Faurisson ou de ses critiques, sur lesquels je ne sais pas grand-chose, ou sur les sujets qu'ils traitent, sur lesquels je n'ai pas de lumières particulières ». Il a la surprise de découvrir peu après que ce texte a été joint comme préface au Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire rédigé par Robert Faurisson et publié par les éditions de la Vieille Taupe dirigées par Pierre Guillaume, mais il en assume finalement la publication. Une polémique naît de ce soutien, illustrée en particulier par une controverse entre Noam Chomsky et Pierre Vidal-Naquet.

En 2010, Chomsky signe à nouveau un appel sur Internet, lancé par Paul-Éric Blanrue et Jean Bricmont, en faveur cette fois d'un disciple sédévacantiste de Faurisson, Vincent Reynouard, « néonazi revendiquant ouvertement ses idéaux », dont il affirme tout ignorer mais dont il entend défendre par principe la liberté d'expression. Le début des années 1980 est également l'occasion pour Robert Faurisson d'élargir son public au-delà des frontières françaises. Il commence à être entendu sur quelques radios des pays arabes et se voit interviewé par l'hebdomadaire irakien Kol al Arab, préfigurant ainsi son futur virage iranien des années 2000. Il se fait également reconnaître par le milieu négationniste américain en participant dès septembre 1979 à une première « Convention révisionniste » à Los Angeles, organisée par l'Institute for Historical Review fondée par les militants antisémites Willis Carto et David McCalden (en). Il entretient dès lors des relations étroites avec cet organisme qui, comme le résume le politologue Jérôme Jamin, « avec sa prétention scientifique et son journal (Journal of Historical Review), [...] fédère sur le plan international, à partir de la Californie, les négationnistes de tous horizons ». Il devient un des principaux orateurs de ses conventions annuelles et entre au comité de rédaction du Journal of Historical Review. Ses relations avec ses homologues sont cependant parfois tumultueuses pour celui qui se qualifie lui-même de « pape du révisionnisme » et semble se vouloir l'unique maître à penser de ce courant. Il rompt par exemple avec Carlo Mattogno lorsque ce dernier reste en contact avec Jean-Claude Pressac après l'affaire du rapport Leuchter. Dans le même ordre d'idées, David Irving se voit quant à lui qualifié de « semi-révisionniste ». Pierre Vidal-Naquet relate un témoignage plus général de Pierre Sergent sur l'isolement de Faurisson au début des années 1990 au sein du milieu négationniste international où « les seuls fidèles à l'étranger sont donc les nazis, allemands et américains essentiellement. ».

Des « hommes de papier » permettent également à Robert Faurisson de susciter des affaires et de faire parler de lui et de sa cause : pour Valérie Igounet, il « désire, à tous prix, provoquer d'autres affaires où il serait surexposé ». Ce seront successivement Jean-Claude Pressac avec lequel l'affaire a un cours inattendu et ambigu, puis Henri Roques et Fred Leuchter, dont il est l'inspirateur, sinon en partie l'auteur. Jean-Claude Pressac est un cas rare dans la galaxie négationniste : réputé être passé du statut de collaborateur de Faurisson en 1979-80 à celui d'adversaire déclaré à partir de 1981-82, il demeure une source d'interrogations sur sa démarche personnelle vis-à-vis de la négation de la Shoah et plus généralement du nazisme. Son parcours semble par ailleurs inséparable de celui de Robert Faurisson. Pharmacien à Compiègne semble-t-il initialement en quête en documentation pour un roman historique ayant le IIIe Reich comme toile de fond, Jean-Claude Pressac s'adresse dans un premier temps à Robert Faurisson à l'aube des années 1980. Pour ce dernier, il est alors l'homme providentiel dont la « formation scientifique » va apporter à ses thèses déjà chancelantes un appui inespéré : comme le résume Nicole Lapierre, « l'enjeu est central pour les négationnistes assignés en justice, et Pressac tombe à pic avec ses compétences et son obstination. L'été 1980, il repart à Auschwitz pour tenter de démontrer que le crématoire II n'a pas pu fonctionner. » Dans l'immédiat, il joue plus prosaïquement le rôle d'émissaire en quête de documentation aux archives du Musée d'Auschwitz, où Faurisson n'est plus le bienvenu.

Mais la suite est inattendue : « il se met à douter, mais cette fois des thèses faurissoniennes. Ce qu'il explique à Faurisson dès son retour. C'est un retournement complet en 1982 », à l'opposé des attentes de Robert Faurisson et de Pierre Guillaume. Pressac, pour des raisons qui demeurent incertaines, se détourne finalement du « maître » qui semble vivre cette rupture comme une trahison et dont il devient lui-même un ennemi acharné. D'abord invité surprise et emblématique du colloque de l'École des hautes études en sciences sociales à la Sorbonne en 1982 à l'initiative de Pierre Vidal-Naquet, Pressac publie par la suite successivement deux ouvrages exclusivement consacrés à la micro-histoire des chambres à gaz d'Auschwitz baptisée « histoire technique des chambres à gaz », dont le premier en 1989 sous l'égide de la fondation Klarsfeld ainsi que divers articles consacrés à réfuter dans le détail les écrits de Faurisson, après avoir participé à l'édition française de l'Album d'Auschwitz en 1983. Ses contributions à la recherche sont validées et reconnues : accepté comme l'homme providentiel qui permettait de répondre à Faurisson sur son propre terrain sans que les professionnels n'aient à s'y compromettre, Pressac fait l'objet d'un accueil d'abord enthousiaste de la part de l'histoire académique. Selon Nicole Lapierre, pour Denis Peschanski et François Bédarida de l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP), à propos du second ouvrage de Pressac : « il ne s'agissait pas de promouvoir un livre qu'ils avaient contribué à éditer, mais d'asséner une vérité historique « sans réplique », selon les termes de François Bédarida ». La contre-attaque faurissonienne ne tarde pas, sous une forme inattendue : Pressac serait en réalité un nostalgique du nazisme, collectionneur de reliques hitlériennes.

Les ambigüités de Jean-Claude Pressac conduisent notamment Serge Klarsfeld et Paul Vidal-Naquet à prendre leur distance avec lui et entretiennent le doute à son propos. Personnage finalement confus, Pressac apporte un concours reconnu à l'histoire de l'extermination tout en restant à la limite de son engagement initial en faveur du négationnisme. Quoi qu'il en soit, la violence de son conflit personnel avec Robert Faurisson anime la scène négationniste jusqu'à son décès en 2003 et donne à Faurisson l'occasion répétée de nouvelles publications. L'affaire Roques est immédiatement plus simple : Henri Roques, militant de longue date de l'extrême-droite néofasciste notamment au sein de la Phalange française, soutient en juin 1985 à l'Université de Nantes, devant un jury de complaisance lui-même composé de militants d'extrême-droite, une thèse pour le doctorat d'Université en Lettres modernes sur Les confessions de Kurt Gerstein. Étude comparative des différentes versions. Appuyée sur les classiques du négationnisme, fortement marquée par l'empreinte faurissonienne et visant à disqualifier ce témoignage, la thèse fait bientôt scandale : pour Henry Rousso, « C'est la première fois que les négationnistes tentent de faire ainsi avaliser un diplôme fondé ouvertement sur l'expression de thèses négationnistes ». La soutenance et l'attestation du titre de « docteur » sont finalement annulés en juillet 1986 pour irrégularités administratives. Or, en contact avec Faurisson depuis 1978, Roques a bénéficié de sa « documentation » et de ses « conseils ». Valérie Igounet, à la suite de Pierre Vidal-Naquet, s'interroge sur ce que recouvre cette collaboration. Faurisson joue enfin un rôle clé dans l'affaire dite du rapport Leuchter. Depuis 1985, il s'est fortement impliqué dans la défense d'Ernst Zündel, propagandiste néo-nazi en procès au Canada. À cet effet, il concourt avec David Irving à recruter Fred Leuchter (en), qui se dit lui-même ingénieur et que Faurisson présente comme étant « spécialisé dans l'étude de la fabrication des systèmes d'exécution capitale dans les pénitenciers américains ». Contre rémunération, Leuchter témoigne au procès Zündel en 1988 et fournit le « rapport Leuchter » où il affirme l'impossibilité du fonctionnement des chambres à gaz sur lesquelles il est allé enquêter à Auschwitz et à Majdanek.

Lors du procès, Leuchter s'avère être un imposteur dénué de qualifications scientifiques. Il n'a d'autre part aucune expérience professionnelle réelle en matière de construction de chambres à gaz. Son expertise chimique des résidus laissés par l'utilisation du Zyklon B à Auswchitz est réfutée par une étude menée en 1994 par l'Institut de recherche médico-légale de Cracovie. L'ensemble des considérations techniques et historiques du « rapport Leuchter » est invalidé notamment par Jean-Claude Pressac. En dépit de son invalidation sur tous les plans, le rapport de Fred Leuchter est depuis régulièrement utilisé par Robert Faurisson qui y voit une preuve définitive de l'impossibilité technique des chambres à gaz ; Valérie Igounet conclut qu'« en lui, Robert Faurisson pensait trouver le scientifique pouvant succéder à Jean-Claude Pressac ». À partir de 1995 et jusqu'au début des années 2000, Faurisson est en perte de vitesse : il est concurrencé par une troisième génération de jeunes négationnistes « décomplexés » (Olivier Mathieu, Alain Guionnet (en)) ; affichant plus ouvertement leur antisémitisme, ceux-ci supportent mal ses exigences de reconnaissance et considèrent que son thème fétiche de l'existence des chambres à gaz est dépassé. Son meilleur soutien, Pierre Guillaume, lassé de son intransigeance, s'affranchit également de la tutelle du « maître ». Surtout, dit Valérie Igounet, « un homme est en passe de voler la place de Robert Faurisson. Depuis un moment, certains travaillent à la renaissance du négationisme, mais sous terre et sans ce provocateur. » Une nouvelle mutation de l'ultra-gauche négationniste est en effet en marche, cette fois islamo-négationniste et surtout organisée autour d'un nouveau concurrent qui plagie ouvertement Faurisson : Roger Garaudy publie Les Mythes fondateurs de la politique israélienne en 1995 aux Éditions de La Vieille Taupe.

Faurisson va « [tenter] d'assurer sa survie médiatique ». À cet effet, son discours se radicalise et ses précautions verbales s'atténuent. Ses écrits sont ignorés par la presse nationale et ne paraissent plus que dans ce que Valérie Igounet qualifie de « presse d'extrême droite marginale, réservée à un public ciblé et donnant à lire certains propos intolérables », à un moment où « il n'existe plus au sein du FN de désaveu général du négationnisme » : Le Choc du mois, Rivarol, National Hebdo, Tribune nationaliste (organe du Parti nationaliste français et européen) ou encore Militant. Les circonstances et le caractère plus que jamais provocateur et « infréquentable » de ses propos vont pourtant paradoxalement favoriser son instrumentalisation par de nouveaux acteurs de la scène négationniste, à laquelle il consent volontiers. Pour l'historienne Valérie Igounet, la question palestinienne caractérise une nouvelle mutation du discours de Robert Faurisson dans les années 2000, qui lui permet d'atteindre le stade de la « consécration » au sein de la mouvance négationniste après ses précédentes difficultés. Il tire alors parti de l'actualité après la seconde Intifada et bénéficie de son instrumentalisation comme outil de propagande politique en Iran : « Il ne s'agit plus de montrer les « incohérences » d'une histoire technique du génocide des juifs ou encore de se concentrer sur certains de ses aspects pour mettre en évidence ses contradictions. Place à la propagande politique et à la dénonciation du « complot judéo-sioniste » [...] Cela faisait déjà un long moment que le négationnisme traditionnel déclinait. En ce cinquième âge, le discours faurissonnien s'adapte et focalise sa dénonciation sur la lutte sur le « judéo-sionisme ». »

Cette période coïncide en effet avec l'adoption du négationnisme comme discours officiel par le régime iranien et plus généralement avec la diffusion du négationnisme dans une partie du monde arabo-musulman à la suite de l'effet Roger Garaudy. Présenté comme « le professeur Faurisson », Robert Faurisson devient une personnalité régulièrement mise en avant par les medias iraniens, notamment à l'occasion de conférences négationnistes organisées à partir de 2006 à Téhéran, ce qui conduit Valérie Igounet à conclure que « l'Iran et son président lui offrent ce qu'il attend et recherche depuis de nombreuses années : la consécration ». Plus prosaïquement, Faurisson récupère la place de Roger Garaudy, que l'âge a rendu de moins en moins apte à assumer le rôle de porte-parole itinérant du négationnisme. Sur le fond, Faurisson rebondit grâce à un double phénomène analysé par Henry Rousso : la rencontre entre d'une part en France « la surexploitation par les médias ou les associations antifascistes [...] de phénomènes négationnistes locaux limités » et d'autre part la récupération de ce négationnisme occidental dans les pays arabes. Sur ce nouveau terrain, son expression ne rencontre aucun des freins juridiques ou politiques propres à l'histoire européenne. Il peut alors servir à « dénoncer la politique de l'État d'Israël accusée de reposer exclusivement sur l'« exploitation » d'un « crime imaginaire », ce qui permet de déculpabiliser les idéologies antisémites, et de jouer là encore sur une inversion du statut des bourreaux et des victimes, en entretenant volontairement les confusions entre « juifs » et « israéliens », «antisémites» et «antisionistes». » Sur un autre plan, celui du financement de la nébuleuse négationniste française, Valérie Igounet émet la double hypothèse d'un financement par les courants négationnistes américains, mais aussi celle de contributions de longue date par l'Iran à partir de l'affaire Gordji en 1987.

Une « nouvelle nébuleuse » se constitue parallèlement autour de Faurisson afin d'en relayer la propagande, avec en particulier Paul-Éric Blanrue et l'humoriste Dieudonné. Pour Valérie Igounet, « Le point de ralliement de ces hommes est un « antisionisme » radical, paravent d'un antisémitisme déguisé, qui trouve aujourd'hui son aboutissement discursif dans le négationnisme ». Paul-Éric Blanrue, héritier idéologique de Faurisson, joue un rôle clé dans son retour sur la scène médiatique des années 2000. Plusieurs membres de cette nébuleuse alliant une fraction de l'extrême gauche propalestinienne et l'extrême droite antisémite se retrouvent ou se reconnaissent dans la liste du parti antisioniste constituée par Dieudonné pour les élections européennes de 2009, dont Alain Soral et Thierry Meyssan. On y rencontre également Ginette Hess-Skandrani ou encore Maria Poumier, auteur d'un opuscule hagiographique consacré à Faurisson, ainsi que Michèle Renouf (en). Peter Rushton devient l'administrateur du « blog inofficiel » robertfaurisson.blogspot.com, dont Guillaume Fabien Nichols serait l'animateur ; tandis que Rushton fut un proche du British National Party puis du White Nationalist Party, Nichols est un ancien du Parti nationaliste français et européen (PNFE). Remis en selle grâce à ces soutiens, Faurisson est l'instrument consenti d'une nouvelle provocation médiatique en décembre 2008, organisée par Paul-Éric Blanrue en présence de différents emblèmes de ce nouveau melting-pot des extrêmes antisémites et antisionnistes dont Jean-Marie Le Pen, Alain de Benoist ou encore Kémi Seba : Dieudonné lui remet sur la scène du Zénith un « prix de l'infréquentabilité et de l'insolence ». La soirée se conclut par un dîner de réveillon en l'honneur de Robert Faurisson à la Main d'or. Le tapage médiatique rebondit avec une spectacle de Dieudonné dédiée à Robert Faurisson le 29 janvier 2009 à l'occasion de son anniversaire et se prolonge avec une première vidéo du sketch Dieudonné-Faurisson diffusée sur le Web, suivie à l'automne 2011 d'une seconde réalisée par Blanrue en forme d'interview apologétique de Faurisson. Il est également relayé par Jean Bricmont, coauteur de la pétition en faveur de Vincent Reynouard, qui prend, sous couvert d'antisionisme, la défense de la « liberté d'expression de Robert Faurisson ». Comme le résume Valérie Igounet, Faurisson est devenu l'alibi consenti d'une « nébuleuse en mal d'idéologie, qui abrite en son sein une manne hétéroclite d'hommes et de femmes venus d'horizons politiques ou sociologiques les plus divers : anciens écologistes, personnes d'extrême-gauche, islamistes, ex-mannequin, gens d'extrême-droite, catholiques intégristes, tiers-mondistes, etc. » Robert Faurisson est mort le dimanche 21 octobre 2018 à l'âge de 89 ans à Vichy (France).

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