Germain Beaulieu (1870-1944) est un avocat, homme de lettres et scientifique québécois qui a joué un rôle actif dans le milieu associatif et culturel. Il meurt à Rigaud le 18 juin 1944.
Germain Beaulieu est né à Rivière-Blanche, près de Matane, fils de Joseph Beaulieu et de Basilisse Pelletier. Orphelin très tôt, il est adopté par une famille de Montréal, fait des études de droit et est admis au Barreau en 1894. Avocat de carrière, il est plus intéressé par la poésie que par sa profession et publie des poèmes dans Recueil littéraire, L'Oiseau-mouche et L'Alliance nationale, ainsi que dans Les soirées du château de Ramezay, L'Action sociale et Les soirées de l'École littéraire de Montréal. Il est épris de classicisme au point que Marcel Dugas le qualifie de « législateur du Parnasse canadien ». L'essentiel de sa production poétique est perdu car, selon Jean Charbonneau, il aurait détruit entre quinze et vingt livrets rédigés dans sa jeunesse.
Il compose aussi des pièces de théâtre et des satires, et rédige de nombreux articles de critique littéraire qu'il publie dans divers journaux —Le Pays, Les Débats, L'Annuaire théâtral, Le Nationaliste— sous une vingtaine de pseudonymes, plus baroques les uns que les autres, tels Procure Hotte, Jean Pince, Hector Probus, etc. En 1895, il est cofondateur de l'École littéraire de Montréal et en devient le premier président en septembre 1896. Durant plus de trente ans, il en est « l'âme dirigeante à toutes les phases de son existence. » Il participe à la fondation et devient secrétaire de rédaction de la revue Le Terroir créée par cette École en 1909 et qui ne publiera que dix numéros. Par la suite, il s'oppose à l'idée de transformer l'École en une sorte d'Académie française du Québec. Il se moque encore de l'idée dans un ouvrage satirique intitulé Nos Immortels, avec caricatures dues à son beau-frère Albéric Bourgeois.
Esprit curieux de tout, il « fit de longues investigations dans presque toutes les sphères des connaissances humaines. » Il a été secrétaire de la Société des artisans (1909). Ayant participé dès 1903 à l'organisation de la Société canadienne d'histoire naturelle, il en assume la présidence en 1923. Particulièrement intéressé par l'étude des insectes, il est l'auteur de divers traités d'entomologie, ce qui lui vaut de participer à l'organisation du Musée entomologique canadien et de devenir, à l'âge de soixante ans, conseiller juridique au ministère de l'Agriculture à Québec, même s'il était alors atteint de demi-cécité depuis plusieurs années. Il y travaille jusqu'à l'avant-veille de sa mort.
Dans un article sur « L'avenir des Canadiens Français » publié en 1905 dans la revue Le Nationaliste, il affiche des sentiments nettement séparatistes. Ceux-ci s'accentuent encore dans un article ultérieur publié dans Le Terroir intitulé « Où allons-nous?». De 1909 à 1941, il entretient une correspondance suivie avec Louis Dantin, en exil à Boston. Il a eu quatre filles de sa première épouse, Graziella Cassegrain (1876-1907): Germaine, Liliane, Paule, ainsi que Gaëtane, auteure du roman Lill. Étude d’âme enfantine, dont Louis Dantin publiera une critique.
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