Utrillo Maurice

Publié le par Mémoires de Guerre

Maurice Utrillo est un peintre français de l'École de Paris, né le 26 décembre 1883 à Paris 18e et mort le 5 novembre 1955 à Dax (Landes). Il est le fils de l'artiste peintre Suzanne Valadon (1865-1938). 

Utrillo Maurice

Jeunesse et premières toiles

Parce qu'Utrillo, peintre de Montmartre, des vieilles églises et bâtisses de Paris et de sa banlieue, sut envelopper ses images d'innocence, ne pas les alourdir de trop de savoir-faire, on est tenté de le ranger parmi les « naïfs ». Mais cette classification ne résiste pas longtemps à l'analyse, qui fait découvrir chez lui une connaissance approfondie du rythme linéaire et des plus sensibles gradations de tons. Utrillo ne se montre-t-il pas dans maints tableaux un maître du trait incisif, implacable, donnant à ses masses une présence peu commune ? Et c'est peut-être dans ces peintures-là, sobres, un peu sèches, qu'il se met le mieux à l'unisson de ses thèmes, de leur ambiance mélancolique.

Fils naturel de Suzanne Valadon – son père n'est pas identifié avec certitude –, Utrillo est reconnu en 1891 par le peintre et écrivain espagnol Miguel Utrillo, qui ne gardera de contacts ni avec la mère, ni avec l'enfant. Élève turbulent, il est incapable de poursuivre ses médiocres études au collège et il ne s'adapte pas mieux, ensuite, aux divers métiers que son beau-père, Paul Moussis, essaie de lui faire apprendre. Mais, surtout, confié à la garde indulgente de sa grand-mère, il se laisse très tôt entraîner à boire. Ses crises de colère sont inquiétantes, et sa santé est menacée au point qu'il doit, à dix-huit ans, subir une première crise de désintoxication à l'hôpital Sainte-Anne. 

À sa sortie, sa mère l'oblige à faire l'apprentissage de la peinture, espérant l'éloigner de son penchant pour l'alcool. Brossées à partir de 1903 à Montmagny ou à Montmartre, les premières toiles d'Utrillo, aux couleurs contrastées, s'inspirent par certains côtés de l'impressionnisme, sans annoncer encore le remarquable peintre qu'il sera. Clovis Sagot ne tarde cependant pas à exposer Utrillo dans sa galerie, où, en 1909, le découvrira Libaude, un autre marchand, qui accaparera sa production en échange d'une modeste mensualité.

L'œuvre

 

Périodes

Peintre représentatif de l'École de Paris, Maurice Utrillo a peint essentiellement des paysages dans lesquels apparaissent souvent des maisons ou des coins de villages. Durant sa carrière, il peint de nombreux paysages urbains, essentiellement des vues du quartier Montmartre. On distingue trois périodes dans son œuvre :

  • la période Montmagny de 1904 à 1910 ;
  • la période blanche de 1910 à 1914 : les formes et les teintes blanches sont prédominantes ;
  • la période colorée de 1922 à 1955 : les tonalités vives et gaies prédominent.

Ce qu'on appelle la « période blanche », sans doute la meilleure, s'étend de 1909 à 1915 et est constituée de tableaux d'une facture très particulière, où le peintre transcrit les murs blanchâtres de Montmartre en liant ses couleurs à l'aide d'un mélange de colle et de poudre de craie. Bien qu'Utrillo commence à peindre d'après des cartes postales, nul mieux que lui ne restitue le charme désuet des ruelles de la Butte, de ses masures banales, de ses cabarets et de ses « assommoirs » (nombreuses versions du Lapin agile). Paradoxalement, l'œuvre de cet artiste « maudit », par neuf fois interné pour éthylisme, bafoué par tous, injurié, parfois roué de coups dans des bagarres, n'est pas désespérée ; elle est seulement parfois inquiète, avec, au bout, une lueur d'espérance et toujours cette pureté d'un regard d'enfant. Dès 1910, des critiques et des écrivains s'intéressent à Utrillo : Élie Faure, Octave Mirbeau… ; Francis Jourdain l'invite au Salon d'automne.

La première exposition particulière du peintre a lieu en 1913 à la galerie Eugène Blot. Utrillo cerne alors ses volumes d'un graphisme soutenu, rectiligne, puis anime ses ruelles, naguère désertes, de petits personnages cocasses, surtout des femmes, dont il accentuera par la suite les proportions : buste court, fessier volumineux. Après son exposition à la galerie Lepoutre en 1919, il connaît la célébrité et est dégagé de tout souci pécuniaire. Surveillé par sa mère et par André Utter, qui l'empêchent de boire, presque cloîtré rue Cortot ou, à partir de 1923, au château de Saint-Bernard, dans l'Ain – les trois artistes y ont chacun leur atelier –, il se livre à une production intensive, qui est son unique distraction. Ses expositions se succèdent. Serge de Diaghilev, en 1925, et l'Opéra-Comique, en 1948, lui commandent des décors. En 1935, Utrillo épouse Lucie Valore, la veuve d'un banquier belge collectionneur de ses œuvres, Robert Pauwels. Avec sa femme, qui devient peintre elle aussi, il s'installe dans une villa du Vésinet et vit dans l'aisance grâce au contrat qu'il a passé avec le marchand Paul Pétridès. Pourtant, son génie semble avoir décliné, comme si le bien-être lui avait ôté la meilleure part de son inspiration. Utrillo cesse de boire ; il devient pieux : d'où d'assez nombreuses représentations d'églises dans son œuvre. Mais, en proie à la prostration, il se confinera jusqu'à sa mort dans un mutisme de plus en plus profond.

Musées et expositions

Le musée Utrillo-Valadon situé à Sannois (Val-d'Oise) fermé depuis le 4 mai 2018 à durée indéterminée pour des raisons de désordre structurel du bâtiment, conserve trois toiles d'Utrillo ainsi que cinq œuvres de sa mère, Suzanne Valadon, et deux d'André Utter, époux de cette dernière. La Pinacothèque de Paris a organisé en 2009 une exposition consacrée à Maurice Utrillo et à sa mère, Suzanne Valadon. Elle a également présenté plusieurs de leurs œuvres à l'occasion de l'exposition Modigliani, Soutine et l'Aventure de Montparnasse - La Collection Jonas Netter en 2012. En 2010, son testamentaire Jean Fabris — qui a rompu avec le musée Utrillo-Valadon de Sannois — inaugure l'espace Utrillo, comprenant une quinzaine de tableaux, quinze mille photographies et de nombreux documents. En 2015, repartant sur de nouvelles bases avec la commune de Sannois, Fabris envoie deux œuvres du musée Utrillo-Valadon rejoindre 80 autres peintures au Japon dans le cadre d'une exposition destinée à faire connaître la mère d'Utrillo (Utrillo étant déjà bien aimé en terre nippone, à tel point que des cafés portent son nom). 

Œuvres dans les collections publiques

En Algérie

  • Alger, musée national des Beaux-Arts d'Alger : Rue de Ville-Évrard
  • Skikda : Hotel de Ville (mairie)

Aux États-Unis

  • Boston, musée des Beaux-Arts
  • Église du Sacré-Cœur, de la rue Saint-Rustique
  • Scène d'une rue de banlieue
  • Cincinnati Art Museum : Le Mur Rouge ou Boulevard de la Chapelle
  • Cleveland, Cleveland Museum of Art : L'Auberge à Robinson
  • Norman, Université de l'Oklahoma, Fred Jones Jr. Museum of Art (en) : Fleurs
  • Philadelphie, Arthur Ross Gallery at the University of Pennsylvania : Le Lapin Agile
  • San Francisco, musée d'Art moderne
  • Moulin de la Galette
  • La Maison Rose à Montmartre

En France

  • Cahors, musée Henri-Martin : La Maison de Mimi Pinson, 1923
  • Paris :
    • musée d'Art moderne de Paris
    • musée de Montmartre
    • musée national d'Art moderne
  • Saint-Tropez, Musée de l'Annonciade : Le couvent de Piedicroce en Corse, 1914
  • Sannois, musée Utrillo-Valadon

En République tchèque

  • Prague musée juif :
    • Église Saint-Pierre de Montmartre, 1930
    • Le Donjon rue de Veaux, 1932

Au Royaume-Uni

  • Londres, Institut Courtauld : Rue à Sannois

En Russie

  • Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage : Rue Custine à Montmartre

En Suisse

  • Genève, Petit Palais :
    • Notre-Dame de Paris, 1917, huile sur carton
    • Vue de Montmartre le 14 juillet
  • Zurich, fondation et collection Emil G. Bührle :
    • La Butte Pinson, 1906
    • Porte Saint-Martin à Paris, 1908
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