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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Bettencourt André

Bettencourt André Marie Joseph fils de Victor Bettencourt, avocat à la Cour d'appel de Paris et conseiller général de la Seine-Inférieure et de Jeanne, Marie de Chalendar, André Bettencourt, après des études à l'institut Saint-Joseph du Havre, embrasse la carrière du journalisme. 

Liliane et André Bettencourt

Liliane et André Bettencourt

Dès 1942, à 23 ans, il s'engage dans la Résistance. Arrêté par la Gestapo à Nancy, en 1943, après plusieurs semaines au secret et une série d'interrogatoires, il est retiré des rangs au moment même où le convoi pour l'Allemagne se forme enfermé et condamné à mort. Grâce à Mademoiselle François, à la conduite héroïque, il parvient à s'évader, et devient alors l'agent de liaison du Conseil National de la Résistance en Suisse, puis appartient à la délégation du gouvernement d'Alger à Berne. A la Libération, il est membre du Comité directeur du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés et de celui de l'Association nationale des déportés et internés politiques. Sa conduite pendant la guerre lui a valu la Croix de guerre 1939-1945, la rosette de la Résistance et la Croix de chevalier de la Légion d'honneur.

André Bettencourt fonde, en 1945, Le Journal Agricole dont il est directeur général et qui deviendra le Journal de la France Agricole. Il est également directeur du Courrier cauchois. Après son mariage, le 9 juin 1950, avec Liliane Schueller, il est associé à la direction de la firme l'Oréal fondée par son beau-père, Eugène Schueller. Parallèlement, il entame une carrière politique. Aux élections législatives du 10 novembre 1946, il figure en troisième position sur la liste du MRP, dirigée par Louis Siefridt. Seul ce dernier est élu. Le décès de son père Victor Bettencourt permet à André Bettencourt de prendre sa revanche. Il succède en effet à celui-ci au siège de conseiller général du canton de Lillebonne en 1947 et sera constamment réélu par la suite. A partir de cette époque, il est également conseiller municipal de sa commune natale, Saint-Maurice-d'Etelan.

Aux élections législatives du 17 juin 1951, André Bettencourt figure en troisième position, sur la liste de l'Union des Indépendants paysans et des républicains nationaux. Celle-ci recueille 45 541 voix (25 %), et, grâce au système des apparentements, compte quatre élus dont André Bettencourt. Dans la nouvelle Assemblée, André Bettencourt est nommé membre de la Commission de la presse, de celle des territoires d'outremer (à partir de juin 1953) et de celle de la manne marchande, la même année ; il fait partie aussi de la Commission chargée d'enquêter sur le trafic des piastres indochinoises à partir du 16 juillet 1953. Pendant la législature, André Bettencourt dépose deux rapports : l'un sur la résolution adoptée par le Conseil de la République demandant à l'Assemblée nationale une prolongation du délai constitutionnel imparti au Conseil de la République pour formuler son avis sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée et instituant un code du travail dans les territoires d'outremer (24 décembre 1951) ; l'autre sur le projet de loi portant suppression de la cour de justice de l'Indochine (21 novembre 1952). Il est l'auteur de deux propositions de loi concer-nant l'allocation vieillesse et d'une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à déposer et faire voter d'urgence le budget annexe des prestations familiales agricoles.

Le 8 novembre 1951, André Bettencourt intervient dans la discussion du projet de loi modifiant la loi sur la liberté de la presse. Directeur de journal et parlementaire, il se sent particulièrement concerné par l'une de ses dispositions qui prévoit la désignation d'un directeur responsable au cas où un journal est dirigé par un parlementaire qui pourrait enfreindre la loi, sous couvert de son immunité. Il en approuve totalement le principe car les autres solutions possibles - interdire la direction d'un journal à un parlementaire ou rendre intouchables les journaux dans ce cas - lui paraissent contraires à la démocratie et à la justice. Il conclut par cette phrase : "il ne peut y avoir une féodalité parlementaire. Il ne peut y avoir une féodalité de la presse aux mains des parlementaires".

Ses autres interventions portent sur les problèmes d'outremer du fait de ses fonctions à la commission chargée de ces questions. La plus importante a lieu le 19 décembre 1952. Après avoir rendu hommage aux combattants de l'Union française en Indochine, il s'inquiète du manque de participation du Parlement à un examen d'ensemble de la politique française en Indochine. En effet, en dépit des efforts financiers et humains de la France qui compromettent la modernisation en métropole, il constate que non seulement la politique française n'est comprise ni à l'étranger ni au Vietnam mais qu'elle ne remporte guère de succès, faute d'une mobi-lisation morale suffisante et déclare "les buts que proposait le Vietminh en 1946 sont atteints et même dépassés. Si Ho Chi Minh continue la guerre c'est uniquement parce que derrière lui, il y a la Chine, il y a la Russie".

S'inspirant de l'exemple des Etats-Unis qui envisagent de négocier avec la Chine en Corée, il suggère donc que la France fasse de même pour trouver une issue au conflit indochinois. Le 27 octobre 1953, lors des interpellations sur la politique du gouvernement en Indochine, il dépose un ordre du jour avec trois autres députés qui reprennent ces idées. Il demande notamment de chercher une solution pacifique en mettant sur pied une conférence à cinq en accord avec les Etats-Unis. Ses positions de précurseur dans ce domaine expliquent que Pierre Mendès France l'appelle dans son cabinet comme secrétaire d Etat à la Présidence du Conseil chargé de la coordination des services de l'information (juin 1954 - février 1955).

Pendant la législature, il a soutenu les principaux gouvernements et voté les lois importantes comme les lois Marie et Barangé, l'adhésion au Pool charbon-acier ou la ratification des accords de Paris qui font entrer l'Allemagne dans l'OTAN après l'échec de la CED. Aux élections du 2 janvier 1956, André Bettencourt figure de nouveau sur la liste des indépendants paysans mais cette fois en deuxième position. Ayant recueilli 46 690 voix, il est réélu avec Pierre Courant, tête de liste. Dans la nouvelle Assemblée, il appartient à la Commission de la marine marchande. Il dépose deux propositions de loi, l'une tendant à modifier les articles 55 et 56 de la loi sur la presse de 1881, l'autre complétant la loi du 5 janvier 1955 relative au régime de l'allocation vieillesse agricole. Enfin, le 21 janvier 1958, il est l'auteur d'un rapport sur un projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier le protocole modifiant la Convention internationale pour les pêches de l'Atlantique Nord-Ouest signée à Washington le 25 juin 1956.

Outre deux questions orales, l'une sur le régime fiscal des maisons familiales de vacances, l'autre sur l'économat de la SNCF, dont il critique la gestion sous forme de coopérative et le déficit, ses interventions dans les débats ont trait, comme lors de la législature précédente, aux questions d'outremer ou internationales. Ainsi, le 26 mars 1957, au retour d'un voyage en Algérie, il s'inquiète de la faible efficacité de la politique gouvernementale en dépit de l'envoi du contingent et du soutien d'une large majorité au Parlement. Selon lui, l'action militaire ne sera efficace qu'avec des réformes sociales importantes et visibles. En rappelant la situation démographique préoccupante de l'Algérie, il conclut par cette invitation : "Pour que nous puis-sions avec une large majorité, celle qui vous serait nécessaire pour aller de l'avant, vous apporter nos votes, il faut que, précisant votre plan d'action, vous nous donniez les assurances les plus formelles".

La discussion du projet de loi portant ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom, lui fournit l'occasion de développer ses raisons d'approuver ceux-ci, mais aussi d'exposer les craintes qu'ils peuvent nourrir selon la manière dont ils seront appliqués. Il qualifie le changement apporté de beaucoup plus important que le passage de la monarchie à la République, puisqu'il conditionne l'existence ultérieure de tous les producteurs et consommateurs. Il s'inquiète aussi de la concurrence de l'Allemagne, du changement de centre de gravité de l'économie européenne qui risque d'être encore plus éloigné des régions françaises défavorisées, de la difficulté de concilier l'Europe et l'Union française : "Je crois à une Europe qui, comprenant mieux sa place dans le monde et retrouvant son idéal, irait de l'avant, ne s'aiderait elle-même que pour mieux aider les autres, aiderait l'Afrique, aiderait les pays sous-développés, apporterait son concours à la vraie libération des peuples et des hommes".

En dépit des réserves que l'on vient de rappeler, André Bettencourt soutient pendant la législature la politique des derniers gouvernements de la IVe République ; il vote notamment, le 12 mars 1956, les pouvoirs spéciaux en Algérie, approuve la déclaration de politique générale faite au lendemain des événements de Suez, le 25 octobre suivant, et accorde sa confiance au gouvernement Pflimlin, le 13 mai 1958, puis au général de Gaulle le 1er juin. Le 2 juin il vote pour les pleins pouvoirs et pour la révision constitutionnelle. Le changement de régime lui permettra de donner pleinement sa mesure comme homme d'Etat sous la Ve République.

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