Grasset Bernard

Bernard Grasset (né à Chambéry en 1881 – mort à Paris en 1955) était un éditeur français. Orphelin, Bernard Grasset est élevé par son oncle. Il entreprend des études de sciences économiques couronnées par un doctorat. En 1905, Bernard Grasset s’installe à Paris, rue Gay-Lussac. Il fréquente le Café Vachette, où il rencontre Jean Moréas, Émile Faguet et Jean Giraudoux. En 1907, il fonde Les Éditions Nouvelles. En tant qu’éditeur, ses premiers succès sont le recueil de pastiches À la manière de… de Paul Reboux et Charles Muller, Monsieur des Lourdines d’Alphonse de Châteaubriant (prix Goncourt 1911) et Filles de la pluie d’André Savignon (prix Goncourt 1912).

Il s’établit au 61 rue des Saints-Pères, où les Éditions Grasset sont toujours installées. En 1913, il publie à compte d’auteur le premier livre de Marcel Proust, Du côté de chez Swann. À partir de 1920, il lance les « Quatre M » : André Maurois, François Mauriac, Henry de Montherlant et Paul Morand. En 1921, il lance la collection "Les Cahiers verts", dont le premier succès sera Maria Chapdelaine de Louis Hémon. De nombreux auteurs rejoignent les Éditions Grasset : Jean Cocteau, Raymond Radiguet (Le Diable au corps, 1924), Blaise Cendrars, Pierre Drieu La Rochelle, Jean Guéhenno, Jean Giono, Philippe Soupault, Joseph Delteil, Ramuz, André Malraux.

Comme tous les éditeurs français de l'époque, il a plus ou moins "collaboré" avec l'occupant allemand, sous peine d'interdiction de tel ou tel titre, ou de privation de papier. Ami et éditeur de l'écrivain allemand Friedrich Sieburg, il publie son ouvrage Dieu est-il français? en 1930 et il invite l'écrivain à Paris en 1941. En 1923, il engage par relations le fils d'un banquier, âgé de vingt ans, pour apprendre le métier, sans le salarier, au départ. Ce jeune homme, Henry Muller racontera ses souvenirs sur Grasset dans "Trois pas en arrière", prix Marcelin Cazes 1952. Son patronyme donnera lieu à la rumeur de "l'associé allemand", la nationalité de la famille Muller étant française. Il fréquente des officiers de l'armée allemande, déjeune avec eux à la brasserie Lipp. Il reçoit ses amis à Garches et est surnommé le César de Garchtesgaden, par allusion à Berchtesgaden, résidence d'Hitler.

Il publie les auteurs collaborationnistes Jacques Chardonne, Georges Blond, Fernand de Brinon, Jacques Doriot, Abel Bonnard ; En ce qui concerne Drieu La Rochelle, cet auteur publié par Gallimard pour la majorité, et directeur de la N.R.F, ne publia qu'un seul ouvrage chez Grasset, en 1922. Les Principes d'action, d'Adolf Hitler furent publiés en 1936, avec une préface soulignant que " cette publication n'entraine aucune ahésion de la part de l'éditeur aux principes qui y sont exprimés, ne répondant qu'à une nécessité de documentation", cette même année il avait obtenu l'accord de Maurice Thorez et Léon Trostky pour le même type de document. Il publia dans cette même période Ernst Glaser et Ernst-Erich Note, écrivains allemands anti-fascistes, qui avaient choisi de fuir leur pays pour se réfugier en France. Il refusa en 1942 la demande des Allemands de rééditer " Mein Kampf ", qui avait été publié par l'éditeur Sorlot. Il publie également le gaulliste François Mauriac. En 1944, il est accusé de « collaboration », sur dénonciation anonyme, accusation qui lui vaut un non-lieu (source : biographie sur le site des Éditions Grasset).Lors de son procès, le quota de publications imposées par l'occupant fut établi à 1%. En 1950, Bernard Grasset reprend la direction de sa maison d’édition. Il découvre, notamment, Hervé Bazin et Jacques Laurent. En 1954, il cède le capital de sa maison d’édition à Hachette.