Joanovici Joseph

Publié le par Mémoires de Guerre

Joseph Joanovici, également orthographié Joinovici (20 février 1905, Kichinev - 7 février 1965, Clichy) est un ferrailleur français d'origine juive roumaine, fournisseur de métal pour les Nazis, mais également pourvoyeur de la Résistance, et possible agent du Komintern soviétique pendant l'Occupation.

Joanovici Joseph
Joanovici Joseph
Joanovici Joseph

Jeunesse

Ses activités le rendront milliardaire, mais en 1949 il sera condamné pour collaboration à 5 ans de prison. Libéré sous conditions, il tentera vainement de s'installer en Israël avant de retourner derrière les barreaux. Il retrouve sa liberté en mai 1962 en raison de son état de santé et meurt ruiné le 7 février 1965. Né en Bessarabie à Kichinev (actuelle Chişinău) officiellement le 20 février 1905 (mais il est possible qu’il ait triché sur son âge) de parents tués peu après dans un pogrom (mais il se peut que ce soit faux), Joseph Joanovici arrive en France en 1925 et, bien qu’illettré, par son travail et sa gouaille devient Monsieur Joseph, un ferrailleur réputé à Clichy en banlieue parisienne.

Seconde Guerre mondiale

Lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, le ferrailleur comprend qu’étant juif, il aura besoin de « protection » et que les Allemands vont avoir besoin de gens pour leur vendre du métal, le nerf de la guerre. Il fait ainsi fortune pendant les quatre ans de l'Occupation, argent qui lui sert à entretenir de nombreuses hautes relations de tous les bords. Il fournit les Nazis, la Résistance, et peut-être aussi le renseignement soviétique. On dit que lors d'un diner, Henri Lafont, chef de la Gestapo française lui lance « Après tout, Joseph, tu n'es qu'un sale youpin ! ». Joanovici aurait alors levé sa coupe de champagne et répliqué: « Ça coûte combien pour ne plus l'être, SS-Hauptsturmführer ? ». La DST affirmera avoir eu en sa possession une fiche allemande l'immatriculant comme agent de la Gestapo.

Lors de la Libération, il finance certains réseaux de la Résistance, comme le mouvement « Honneur de la police », ainsi que des groupements communistes. Il dénonce de plus les membres de la Gestapo française qu'il connait, permettant l’arrestation de Pierre Bonny et d’Henri Lafont le 31 août 1944 dans une ferme de Seine-et-Marne. Apprenant qui l'a dénoncé, Lafont aurait eu ce mot : « Pour une fois que Joano donne quelque chose ! » Il sera plusieurs fois arrêté, et interrogé sur ses affaires avec les nazis; il est toujours relâché. Roger Wybot, alors directeur de la DST, affirme qu'il est protégé par la préfecture de police. Le 5 mars 1947, alors que la DST tente de l'interpeler à la préfecture de police même, des complicités internes l'aident à échapper aux enquêteurs et à partir à l'étranger. Il s'en suivra une purge, qui touchera jusqu'au préfet Charles Luizet, alors qu'il était remplacé pour cause de maladie.

Arrestation et décès

Joseph Joanovici revient en France se livrer à la police : il prépare un faux rendez-vous à Phalsbourg pour le 26 novembre 1947, mais se rend directement à la préfecture de Paris, pour éviter d'être arrêté par la DST au lieu de la police. En 1949, lors de son procès mené sans zèle excessif, et avec des annonces contradictoires (s'il a collaboré, il a aussi armé la Résistance), il aurait dit « Je n'étais pas vendu aux Allemands puisque c'était moi qui les payais ». Joanovici écope de cinq ans de prison, mais est libéré en 1952. La France tente de l'expulser du territoire, puisqu'il s'est présenté comme Soviétique, puis Roumain, mais aucun pays n'accepte de le recevoir.

Assigné à résidence à Mende, il tente de reconstruire ses affaires, mais poursuivi par le fisc, il se lance en octobre 1957 dans une cavale qui le conduit à Haïfa via Genève et Casablanca. À cause de son passé de collaborateur nazi, il sera expulsé d'Israël (il est avec Robert Soblen et Meyer Lansky l'un des trois seuls juifs à qui Israël refusa d'appliquer la loi du retour, en vertu de laquelle la citoyenneté israélienne est accordée à tout juif qui s'installe sur son sol). Il meurt ruiné en 1965. Il est incarcéré en 1958 à la prison des Baumettes. Affaibli par une longue grève de la faim, miné par l'artériosclérose, il est libéré en mai 1962 « par humanité » pour raison de santé et ne quitte plus son modeste deux-pièces de l'avenue Anatole-France à Clichy où le soigne son ancienne secrétaire et maîtresse Lucie Schmidt, surnommée Lucie-Fer. Ruiné, il meurt dans le dénuement le 7 février 1965. 

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