Cazeneuve Bernard
Bernard Cazeneuve, né le 2 juin 1963 à Senlis dans l'Oise, est un homme politique français, membre du Parti socialiste.
Député-maire de Cherbourg-Octeville et président de la communauté urbaine de Cherbourg, il quitte ses fonctions après sa nomination comme ministre délégué aux Affaires européennes dans le gouvernement Jean-Marc Ayrault I le 16 mai 2012. Le 19 mars 2013, il est nommé ministre délégué au Budget dans le gouvernement Ayrault II après la démission de Jérôme Cahuzac1. Depuis le 2 avril 2014, il est ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Valls I et II. Issu d'une famille de gauche, son père étant responsable du Parti socialiste dans l'Oise, il date son engagement politique quand, jeune, il assiste à un meeting de François Mitterrand. Lors de ses études à l'Institut d'études politiques de Bordeaux, il dirige la fédération du mouvement des Jeunes radicaux de gauche de Gironde.
Après son passage à l'IEP de Bordeaux, il s'inscrit au Parti socialiste. Il entame une carrière de juriste à la Banque populaire, avant d'intégrer les cabinets ministériels. Il devient ainsi conseiller technique au cabinet de Thierry de Beaucé, secrétaire d'État chargé des Relations culturelles internationales en 1991, puis chef de cabinet d'Alain Vivien, secrétaire d'État chargé des Affaires étrangères, en 1992, et de Charles Josselin, secrétaire d'État à la Mer, en 1993. À cette date, il est nommé secrétaire général du Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques.
Homme d'appareil, proche du courant fabiusien, il est parachuté en 1994 sur le canton d'Octeville pour mettre fin aux divisions socialistes locales, qui avaient fait perdre la mairie du chef-lieu en 1989. Élu conseiller général, il reprend la mairie d'Octeville à la droite l'année suivante, et devient député de la 5e circonscription de la Manche le 1er juin 1997. Il mène campagne pour le « Grand Cherbourg », qui vise la fusion des six communes de l'agglomération cherbourgeoise, à propos duquel le référendum local aboutit à la réunion de Cherbourg et Octeville. Un an après la création de la nouvelle commune, il en devient en 2001 le maire, à la suite de Jean-Pierre Godefroy, en battant le candidat UMP Jean Lemière. Son ascension est interrompue par la perte de son mandat de député au profit de ce dernier aux législatives de 2002. Il poursuit en parallèle une carrière juridique, nommé juge titulaire à la Haute Cour de justice et à la Cour de justice de la République pour la durée de son premier mandat de parlementaire, puis inscrit comme avocat au barreau de Cherbourg-Octeville en 2003.
En 2004, François Hollande doit le convaincre de prendre la tête de la liste manchoise de l'élection régionale en Basse-Normandie après la défection de Jean-Pierre Godefroy. Mais, fervent partisan de l'énergie nucléaire, dans un département où sont implantés la centrale nucléaire de Flamanville, l'usine de retraitement de la Hague et l'arsenal de Cherbourg, ses prises de position, notamment en faveur de l'implantation de l'EPR dans le Cotentin, confirment le divorce des socialistes avec les Verts, qui s'unissent aux Radicaux de gauche pour le premier tour. Élu, il devient à la victoire de Philippe Duron, premier vice-président du Conseil régional, et préside le Comité régional de tourisme normand, commun aux deux régions administratives de Normandie. Il défend le « non » au traité constitutionnel européen en 2005. Il a rejoint en qualité d’avocat non-associé l'équipe « Public, règlementaire et concurrence » du cabinet parisien de droit des affaires August & Debouzy, proche du Parti socialiste.
En 2007, il se représente aux élections législatives, durant lesquelles il retrouve son siège face au candidat sortant UMP Jean Lemière avec un score de 58,96 %, démissionnant alors de son mandat régional. Puis, face à une droite divisée, il emporte l'élection municipale en mars 2008 dès le premier tour, et prend la présidence de la Communauté urbaine de Cherbourg en avril suivant. Il poursuit son souhait d'accentuer le caractère maritime de Cherbourg-Octeville, à travers l'organisation de festivités nautiques (courses internationales de voile), et d'engager la revitalisation de la ville unifiée par une opération de rénovation urbaine autour des quartiers des Bassins et des Provinces, alliant projets commerciaux, culturels et urbains (aménagement urbain et rénovation de l'habitat social). Au niveau national, il porte le dossier des victimes de l'attentat de Karachi contre les employés de DCNS, venant majoritairement du Cotentin. Secrétaire de la commission de la défense nationale à l'Assemblée, il est rapporteur entre novembre 2009 et mai 2010 de la mission parlementaire sur cet attentat, et met en cause l'opacité du gouvernement sur ce dossier à propos duquel il écrit Karachi, L'Enquête impossible, publié chez Calmann-Lévy.
N'ayant soutenu aucun candidat lors des primaires citoyennes de 2011, il est désigné comme l'un des quatre porte-parole de François Hollande, candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2012. Il prend de l'ampleur dans les médias10, et s'occupe des questions industrielles et le dossier nucléaire, jouant un rôle important dans la non remise en cause du chantier EPR à Flamanville et du retraitement des déchets nucléaires à l'usine de la Hague. Évoqué parmi les ministrables, notamment pour le portefeuille de la Défense, il est nommé le 16 mai 2012 ministre délégué aux Affaires européennes, auprès de Laurent Fabius. Il est largement réélu avec 55,39 % au premier tour dans la circonscription redécoupée de Cherbourg-Octeville lors des élections législatives françaises de 2012, avec sa première adjointe à la mairie de Cherbourg-Octeville Geneviève Gosselin, comme suppléante. Il abandonne le 23 juin la tête de la mairie de Cherbourg-Octeville à Jean-Michel Houllegatte, et la présidence de la Communauté urbaine de Cherbourg au maire de Tourlaville André Rouxel. Il a la tâche de défendre en 2012 le traité budgétaire européen face à la frilosité des parlementaires socialistes qu'il reçoit chacun jusqu'à l'adoption à l'Assemblée nationale.
Le 19 mars 2013, à la suite de la démission de Jérôme Cahuzac, accusé de fraude fiscale, il est nommé ministre délégué au Budget et est remplacé par l'ex-ministre délégué à la Formation professionnelle et à l'Apprentissage, Thierry Repentin. Il affirme vouloir poursuivre la politique de réduction des déficits publics pour économiser cinq milliards d'euros sur le budget de l'État en 2014. En octobre 2013, il intervient personnellement pour enterrer un amendement étendant le champ de la taxe sur les transactions financières aux opérations de trading à haute fréquence, un des engagements de campagne du candidat François Hollande. Il propose aussi l'amendement relevant la TVA applicable aux activités équestres de 7 à 20 %. Surnommée l'« équitaxe », cette mesure entraîne de vives réactions des professionnels et des amateurs du monde du cheval en France.
Le 2 avril 2014, il est nommé ministre de l'Intérieur au sein du gouvernement Valls I. Lors du vote du projet de loi contre le terrorisme, le ministre de l'Intérieur a introduit un amendement permettant à l'autorité administrative d'exiger des moteurs de recherche (google, etc.) qu'ils déréférencent des sites, sans intervention du juge. L'hebdomadaire Le Point critique cet amendement qui limite un fondement de la démocratie rappelant que « les libertés fondamentales doivent être limitées par la justice, pas par l'exécutif ». Le site d'information Mediapart souligne à quel point la notion d'« apologie du terrorisme » est une notion « floue et malléable »