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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Carré Mathilde

Mathilde Carré, née Mathilde Lucie Bélard le 30 juin 1908 au Creusot et morte le 30 mai 2007 à Paris, dite la Chatte, fut une espionne pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a travaillé pour plusieurs services de renseignements et a été condamnée après la libération de la France. Elle avait joué un triple jeu et fut responsable de nombreuses arrestations par trahison.

Carré Mathilde
Carré Mathilde
Carré Mathilde

Née dans une famille d'origine jurassienne, elle épouse le 18 mai 1933 le professeur Maurice Henri Carré qui l'emmène à Oran, en Algérie, où elle devient elle aussi professeur. En septembre 1939, son mari part rejoindre son affectation comme lieutenant. Elle le quitte pour retourner en France où elle devient infirmière à Paris. Elle soigne les blessés. La débâcle de l'armée française l'éloigne de Paris dans les colonnes de l'exode. Elle décide alors de divorcer (1940). Au milieu du mois de septembre 1940, au café La Frégate de Toulouse, elle rencontre Roman Czerniawski, alias Armand Borni, chef d’un réseau de renseignements, le réseau INTERALLIÉ. Il la persuade de travailler pour lui. En octobre, ils se rendent à Vichy avec Philippe Autier. En novembre, Raoul Beaumaine, le Sir Raoul du 5e bureau de Vichy, lui donne une formation d'agent secret. Elle décide de travailler aussi pour ce service. C'est pendant cette période à Vichy que des journalistes américains, au bar des Ambassadeurs, la surnomment « la Chatte ».

À Paris, Armand et Mathilde développent le réseau INTERALLIÉ, qui obéit au gouvernement polonais en exil à Londres. Le réseau s'étoffe considérablement. Bernard Krótki dit Christian en devient le numéro 2. Armand dispose, dans la plupart des départements de la France occupée, de correspondants dirigeant des groupes de sympathisants. En février 1941, à Paris, Mathilde Carré est en relations avec Pierre de Froment qui la charge de faire passer à Vichy des renseignements militaires recueillis par son réseau de zone interdite (Nord et Pas-de-Calais). Le 10 mai, le premier message radio part pour Londres depuis le numéro 3 du square du Trocadéro. L'Intelligence Service envoie deux opérateurs radio, qui, à partir de ce moment-là, vont pouvoir émettre quotidiennement vers Londres les renseignements utilisés ensuite par la RAF pour définir ses cibles. En octobre, un agent récemment recruté pour le réseau Bretagne, Émile, prenant un verre dans un bistrot du port de Cherbourg, met au courant imprudemment un soldat allemand de ses activités d'espion. Celui-ci fait un rapport. Les Allemands confient l'affaire à Hugo Bleicher. De fil en aiguille, celui-ci arrête « Paul » (le sous-chef du réseau Calvados) et « Christian » (le second d'« Armand »).

Le 18, c'est au tour d’« Armand » lui-même et de sa maîtresse Renée Borni d'être arrêtés au petit matin à leur domicile 8 bis, villa Léandre, à Montmartre. En interrogeant Renée Borni dîte « Violette », Hugo Bleicher apprend qu'une dénommée Mathilde Carré, dite la Chatte, joue un rôle très important dans le réseau et qu'elle habite à deux pas du Sacré-Cœur, rue Cortot. Il arrête Mathilde près de son domicile. Effrayée après une nuit passée en prison, elle demande à parler à Bleicher et livre la cachette du fichier des membres et la caisse du réseau INTERALLIÉ. « Victoire » travaille désormais pour l'Abwehr contre la Résistance. Son travail est énorme. Elle fait arrêter beaucoup de monde, notamment un des chefs du réseau, nommé Marc Marchal (ou « oncle Marco »), qui est immédiatement arrêté et condamné à mort. Agent retourné, elle participe activement à l'intoxication de l'Intelligence Service, notamment à propos de l'évasion de Brest des croiseurs allemands Scharnhorst, Gneisenau et Prinz Eugen. En décembre, l’avocat Michel Brault lui fait rencontrer des agents du Special Operations Executive : Pierre de Vomécourt « Lucas » qui cherche à obtenir son aide pour communiquer avec Londres, et Benjamin Cowburn « Benoît ». Elle se présente à eux comme le chef du réseau INTERALLIÉ, qui, avec le pseudo « Victoire », remplace le chef arrêté et qui a engagé la remise en activité de ce qui reste du réseau. Ils tombent d'accord pour qu'elle les aide à envoyer des messages à Londres. Naturellement, c’est un marché de dupes, car Lucas ignore que l’émetteur est contrôlé par l’Abwehr.

En janvier 1942, sous la pression de Pierre de Vomécourt « Lucas », elle reconnaît sa trahison, accepte de trahir maintenant l'Abwehr et d'aider les agents du Special Operations Executive. Dans la nuit du 27 au 28 février, grâce à un stratagème imaginé par « Lucas », ils rentrent à Londres sous la protection des Allemands, qui s'attendent à ce qu'elle travaille pour eux depuis Londres, notamment en prêtant son identité pour intoxiquer ses anciens employeurs. Mais, lorsque " Lucas " est de nouveau arrêté en mission, le 25 avril, les Anglais pensent Mathilde grillée auprès de l'Abwehr. Le 1er juillet, elle est arrêtée « sur demande du gouvernement français et pour la durée de la guerre », et maintenue en détention, compte tenu du rôle trouble qu'elle a joué. Elle passera trois ans en prison à Aylesbury et à Holloway. En novembre, elle entame une grève de la faim pour obtenir l'amélioration de ses conditions de détention. Le 12 juillet 1943, l'Abwehr, qui n'a plus de nouvelles de son agent, détruit son dossier.

Le 1er juin 1945, elle est transférée par avion au Bourget, et de là, rue des Saussaies, où elle est interrogée pendant 22 jours. Du 22 au 26, elle est incarcérée au dépôt. Puis au fort de Charenton. Le 7 juillet, elle subit son premier interrogatoire devant la cour de justice de la Seine, en l'absence de son avocat, maître Naud. Le 29 octobre, elle est transférée à Fresnes. En 1947, Me Donsimoni, juge d'instruction, est chargé de reprendre l'affaire. Une nouvelle charge : elle aurait révélé les activités de l'attaché militaire américain à Vichy. Le 3 janvier 1949, s'ouvre son procès. Sa défense repose sur son affirmation de son apport à Londres de l'organigramme de l'Abwehr sur la Résistance. Après une attitude incroyable devant la Cour et à la suite de témoignages de rescapés des camps de la mort, le 7 janvier, elle est condamnée à mort. Renée Borni, jugée en même temps qu'elle, bénéficie de circonstances atténuantes. Le 2 août 1952, sa peine est commuée en vingt ans de travaux forcés, grâce à un brillant recours de son avocat qui plaide ses actions menées avant sa capture et sa trahison. Elle bénéficie d'une grâce du président Vincent Auriol. En 1953, elle se fait baptiser. Le 7 septembre 1954, après douze années de détention, trois en Angleterre et neuf en France, elle est libérée pour raisons de santé. Elle écrit deux versions de ses mémoires (une ébauche avait précédemment été écrite durant son incarcération et a servi comme pièce à conviction lors de son procès), en 1959 et en 1975 et meurt le 30 mai 2007 à Paris 6e.

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