Igor Dodon, né le 18 février 1975 à Sadova, est un homme d'État moldave. Président du Parti des socialistes de la république de Moldavie (PSRM), il est président de la république du 23 décembre 2016 au 24 décembre 2020.
Après avoir étudié l'économie à l'université agricole d'État de Moldavie, il obtient un doctorat de l'Académie moldave des sciences économiques en 1998, travaille à la bourse de Moldavie et enseigne, un temps, l'économie à l'université internationale libre de Moldavie. Ce doctorat lui est contesté par les professeurs Mihaela Gradu et Ioan Popa de l'académie d'études économiques de Bucarest qui l'accusent d'avoir plagié leurs ouvrages, respectivement Transactions boursières, paru en 1997, et La Bourse, paru en 1993.
Membre du Parti des communistes de la république de Moldavie, il est ministre de l'Économie de 2006 à 2009 dans le gouvernement de Zinaida Greceanîi. De 2008 à 2009, il est en outre premier vice-Premier ministre.
En 2011, après son échec à l'élection municipale de Chișinău, il met en œuvre la scission consentie du PCRM en deux groupes d'importance égale : l'un reste communiste sous la présidence de Vladimir Voronin, l'autre adhère au Parti des socialistes de la république de Moldavie, dont les effectifs grossissent alors considérablement et dont Dodon devient le président. Depuis, les deux partis sont étroitement coalisés et ont les mêmes positions pro-russes. Favorable à un renforcement de l'union douanière avec la Russie, le PSRM ainsi transformé arrive en tête des élections législatives du 30 novembre 2014. C'est toutefois la coalition pro-européenne sortante qui détient le plus grand nombre de sièges. Entre 2012 et 2014, Igor Dodon organise périodiquement des manifestations dans la capitale pour exiger la démission du maire Dorin Chirtoacă, l'arrêt des privatisations et un référendum sur ce sujet.
Le 29 mars 2012, Igor Dodon propose de changer le drapeau de la Moldavie adopté lors de l'indépendance du pays en 1991, qu'il juge trop semblable à celui de la Roumanie voisine, par un nouveau drapeau symbolisant ce qu'il appelle la « nationalité moldave, différente de la roumaine même si on parle la même langue, car une nation est une construction volontaire qui ne dépend pas de la langue, et nous, nous voulons construire notre propre nation ». À cela ses adversaires (y compris dans son propre parti) répliquent que si cette position était une question de principe, elle devrait s'appliquer à tous les citoyens du pays sans distinction, quelles que soient leurs langues et histoires, or elle ne s'applique qu'aux roumanophones tandis que les Russes, les Ukrainiens et tous les autres sont, pour leur part, libres de se considérer membres de leurs communautés linguistiques respectives, par-delà les frontières de la République.
Igor Dodon est élu le 13 novembre 2016 président de la Moldavie avec 52,29 % des voix face à la candidate pro-européenne Maia Sandu du Parti action et solidarité.
Le programme politique d'Igor Dodon comprend des mesures pro-russes comme la dénonciation immédiate de l'accord d'association entre la Moldavie et l'Union européenne, l'adhésion de la Moldavie à l'union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan, le maintien de la 14e armée russe en Transnistrie et la fédéralisation accrue de la République, revenant à reconnaître juridiquement la non-intégration de la Transnistrie et de la Gagaouzie dans la souveraineté de la Moldavie. Dans cette logique, il félicite le président russe Vladimir Poutine d'avoir su « exalter le patriotisme des Russes, tandis qu'en Moldavie les leaders moldaves dont Maia Sandu est un exemple, ont tout fait pour saboter le patriotisme moldave au profit du roumain ou d'un cosmopolitisme européen ».
Il prend ses fonctions le 23 décembre 2016. Le 24 octobre 2017, il est suspendu temporairement de ses fonctions par la Cour constitutionnelle pour avoir refusé de signer le décret de nomination du ministre de la Défense. Le 2 janvier 2018, la Cour constitutionnelle le suspend de nouveau temporairement de ses fonctions, justifiant sa décision par le refus de celui-ci de valider la nomination de plusieurs ministres. Il retrouve l'exercice de ses fonctions le 10 janvier. Le 24 septembre 2018, il est de nouveau suspendu pour les mêmes raisons. Enfin, le 9 juin 2019, il est une nouvelle fois suspendu par la Cour constitutionnelle au motif de ne pas avoir dissous le Parlement comme elle lui avait demandé dans un précédent arrêt. Il est remplacé à titre transitoire par l'ancien Premier ministre Pavel Filip — rétabli de facto dans ses fonctions après l'annulation de la désignation de Maia Sandu le 8 juin par le même Conseil constitutionnel — pour qu'il prononce la dissolution du Parlement.
Le 11 juin, le président Dodon annule la dissolution du Parlement. Le 14 juin, Filip annonce la démission du gouvernement mais continue de réclamer des législatives anticipées. Candidat à un second mandat lors de l'élection présidentielle de 2020, il affronte à nouveau Maia Sandu. Il est battu au second tour, le 15 novembre, cette dernière recueillant plus de 57 % des suffrages exprimés, grâce notamment au vote massif en sa faveur des Moldaves résidant à l’étranger. L'issue du scrutin est perçu comme une baisse de l'influence russe dans le pays, à laquelle s’ajoute la réputation d'« incorruptible » de la candidate pro-européenne, dont la probité personnelle fait l'objet d'un « quasi-consensus », alors que le président sortant est visé par de multiples accusations de corruption.
Igor Dodon est président de la Fédération d'échecs de Moldavie à partir de 2011.