Sandu Maia

Publié le par Mémoires de Guerre

Maia Sandu, née le 24 mai 1972 à Risipeni (raion de Fălești), est une femme d'État moldave, présidente de la république depuis le 24 décembre 2020. Ministre de l'Éducation de 2012 à 2015, présidente du Parti action et solidarité (PAS) depuis 2016, elle est battue au second tour de l’élection présidentielle de 2016 par le candidat pro-russe Igor Dodon. Après avoir été Première ministre quelques mois en 2019, elle se présente à l’élection présidentielle de 2020 et l’emporte avec 57,72 % des voix face au président sortant. Elle est la première femme élue à cette fonction. 

Sandu Maia
Situation personnelle

Famille

Maia Sandu naît et grandit dans le village de Risipeni, dans le raion de Fălești, en Moldavie soviétique. Sa mère, Emilia Sandu, est professeur de musique, et son père, Grigorie Sandu, est vétérinaire. Elle a une sœur. Elle parle anglais, roumain, russe et espagnol.

Formation

Maia Sandu étudie l'économie et le droit entre 1989 et 1994 à l'Académie d'études économiques de Moldavie. De 1995 à 1998, elle étudie les relations internationales à l'Académie d'administration publique de Moldavie, en obtenant une maîtrise en relations internationales, puis, de 2009 à 2010, à la John F. Kennedy School of Government de l'université Harvard (États-Unis), où elle obtient une maîtrise en administration publique. 

Carrière professionnelle

De 1994 à 1998, Maia Sandu est directrice adjointe du ministère de l’Économie. De 1998 à 2005, elle travaille au bureau de la Banque mondiale en Moldavie puis devient, en 2006, directrice de la Direction générale des politiques macroéconomiques et des programmes de développement du ministère de l’Économie. En 2007, elle est nommée coordinatrice de programme au Programme des Nations unies pour le développement en Moldavie et consultante auprès du gouvernement sur la réforme de l’administration publique centrale. De 2010 à 2012, elle est conseillère au bureau exécutif de la Banque mondiale, à Washington, pour les relations avec les pays de l’ancien bloc de l'Est et de l’ancienne URSS.

Ces expériences lui permettent de prendre la mesure de la nécessité d’aligner les normes juridiques et les pratiques économiques de la Moldavie, pour assurer sa prospérité, sur les normes et les pratiques européennes, dans les limites permises par la situation géopolitique du pays (située entre deux superpuissances dont les zones d’influence se touchent ici, la Moldavie appartient à la zone d’influence russe et fait partie de la CEI issue de l’URSS, mais se trouve aux frontières orientales de l’UE et de l’OTAN : comme telle, elle est aussi membre du partenariat pour la paix de l’OTAN depuis le 16 mars 1994 et du Partenariat oriental de l’UE depuis 2009, et elle signe un accord d’association avec l’UE le 1er juillet 2016).

Parcours politique

Ministre de l'Éducation

Du 24 juillet 2012 au 30 juillet 2015, elle est ministre de l'Éducation publique dans les gouvernements successifs de Vlad Filat, Iurie Leancă, Chiril Gaburici et Natalia Gherman. Elle fait installer des centaines de caméras dans les centres d’examens du baccalauréat afin de lutter contre les achats de bonnes notes. Selon Transparency International, le montant des pots-de-vin versés dans l'éducation au cours des deux premières années de son ministère a diminué de 50 %. Le 7 septembre 2014, lors d'un symposium organisé par le Parti libéral-démocrate de Moldavie (PLDM), Maia Sandu et Natalia Gherman (alors Vice-première ministre et ministre des Affaires étrangères depuis le 30 mai 2013, et Premier ministre par intérim) déclarent adhérer aux principales orientations de ce parti qui a toujours fait partie de coalitions pro-européennes et pro-roumaines (qui, après avoir été unionistes, sont devenues en très grande majorité indépendantistes, mais tentent toujours d'alléger la tutelle russe : on y trouve aussi le parti libéral PLM et le parti démocrate PDM).

Élection présidentielle de 2016

En mai 2016, Maia Sandu et ses partisans créent le Parti action et solidarité (PAS), dont elle devient présidente. Elle est ensuite candidate à l'élection présidentielle en octobre-novembre de la même année pour la coalition pro-européenne « Action et solidarité » et recueille 38,4 % des suffrages à l'issue du premier tour, derrière le candidat pro-russe Igor Dodon qui obtient 47,9 % des suffrages. Au second tour, ce dernier s'impose par 52,11 % des voix. 

Première ministre

Lors des élections législatives du 24 février 2019, le PAS se présente avec la Plateforme vérité et dignité (DA) dans l'alliance Acum (« maintenant ») qui termine à la troisième place en obtenant 26,84 % des voix et 26 sièges de députés. Après plus de trois mois de tractations infructueuses pour constituer un nouveau cabinet, un accord est passé le 8 juin suivant entre le PSRM et ACUM pour former un nouveau gouvernement avec Maia Sandu comme Premier ministre. Le lendemain cependant, la Cour constitutionnelle conteste le processus et suspend le président de la République Igor Dodon de ses fonctions pour les transférer au Premier ministre sortant Pavel Filip. Ce dernier annonce alors la dissolution du Parlement et de nouvelles élections pour le 6 septembre suivant. Le 11 juin, le président Dodon annule la dissolution du Parlement. 

Le 14 juin, Filip annonce la démission du gouvernement mais continue de réclamer des législatives anticipées. Un désaccord sur une réforme du mode d'élection du procureur de la République, voulue par la Première ministre, mène le 6 novembre au dépôt par le Parti des socialistes d'une motion de censure, qui est votée le 12 novembre, avec le soutien des démocrates, par 63 voix sur 101. Les différentes formations politiques disposent alors de trois mois pour s'entendre sur un nouveau gouvernement, faute de quoi le Parlement sera dissous, entraînant des élections législatives anticipées. Le 13 novembre, Ion Chicu est chargé de former un gouvernement. Le gouvernement Chicu est approuvé le lendemain par le Parlement. 

Élection présidentielle de 2020

Candidate à l'élection présidentielle de 2020, Maia Sandu est de nouveau confrontée au président sortant Igor Dodon, qui brigue un second mandat. Arrivée à la surprise générale en tête du premier tour le 1er novembre, elle l’emporte largement au second alors que les sondages prévoyaient des résultats serrés : le 15 novembre, elle obtient ainsi 57,7 % des suffrages exprimés, et devient la première femme élue à cette fonction. Elle doit ce bon score aux Moldaves vivant à l’étranger, qui se sont beaucoup plus mobilisés qu’en 2016 et qui ont voté en sa faveur à hauteur de 93 %. L'issue du scrutin est perçue comme une baisse de l'influence russe dans le pays, à laquelle s’ajoute la réputation d'« incorruptible » de la candidate pro-européenne, dont la probité personnelle fait l'objet d'un « quasi-consensus », contrairement au président sortant, visé par plusieurs accusations de corruption. 

Présidente de la République

À la suite du vote par le Parlement d'une loi retirant au président le contrôle des services de renseignement, des milliers de personnes manifestent à Chișinău le 6 décembre, à l'appel de la présidente élue, pour réclamer la démission du gouvernement Chicu et des élections législatives anticipées. Le gouvernement démissionne finalement le 23 décembre 2020 sous la menace d'une motion de censure, ce qui entraîne des élections législatives anticipées. Maia Sandu est investie présidente de la république le lendemain 24 décembre. Après un entretien avec la nouvelle présidente, Ion Chicu indique qu'il expédiera les affaires courantes jusqu'au 1er janvier 2021, et qu'après cette date, il quittera ses fonctions. Le 31 décembre, alors que le Premier ministre sortant a proposé le nom de la vice-Première ministre Olga Cebotari, la présidente Sandu nomme finalement Aureliu Ciocoi comme Premier ministre par intérim.

Après que la Cour constitutionnelle a rendu un avis selon lequel les députés n'ont pas le pouvoir de dissoudre le Parlement par le vote d'une motion, Maia Sandu charge le 27 janvier 2021 Natalia Gavrilița de former un nouveau gouvernement. Celle-ci annonce son gouvernement le 5 février 2021. Alors que pour provoquer des législatives anticipées, Sandu appelle à ne pas voter pour le gouvernement, le Parti action et solidarité, dont est issue Gavrilița, annonce qu'il ne votera pas la confiance, de même que son allié de la Plateforme vérité et dignité. De son côté, le Parti des socialistes de la république de Moldavie et ses alliés de Pro Moldova et Parti Șor, voulant éviter des législatives anticipées, semblent prêts à voter la confiance. Le 11 février, le Parlement refuse la confiance. Le soir même, Gavrilița est de nouveau chargée par Sandu de former un gouvernement. Cependant, cette nomination est invalidée par la Cour constitutionnelle le 23 février suivant.

Le 16 mars, Maia Sandu charge le dirigeant du parti Parti action et solidarité, Igor Grosu, de former un gouvernement. Le 25 mars voit le gouvernement Grosu échouer de manière automatique à obtenir la confiance du Parlement, le quorum de membres présent nécessaire à l'obtention du vote n'étant pas réuni. Le parti des socialistes Pro Moldova et le parti Shor décident en effet de boycotter la séance, qualifiant le processus de « farce » et de « pièce de théâtre ». Seuls 43 députés sont par conséquent présent lors du vote, là où la Constitution impose de réunir les voix de la majorité absolue du total des membres, soit 51 députés. Le 29 mars, Maia Sandu demande à la Cour constitutionnelle de constater l'échec de deux gouvernements successifs à obtenir la confiance du Parlement dans un délai de quarante cinq jours, ce qui devrait lui permettre de convoquer des élections anticipées. Entre-temps, le 31 mars, le Parlement décrète l'état d'urgence pour deux mois — au cours duquel des élections ne peuvent légalement être organisées — en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. 

La décision du Parlement est suspectée d'avoir directement pour objectif de retarder la tenue du scrutin, aucune autre mesure n'ayant été prise contre la pandémie. Le 28 avril, la Cour constitutionnelle juge invalide la mise en place d'un état d'urgence sous un gouvernement d'intérim. Le jour même, Maia Sandu procède à la dissolution du Parlement et convoque des élections anticipées pour le 11 juillet 2021. Son parti l’emporte avec 52,80 % des suffrages exprimés et obtient une majorité parlementaire confortable qui permet à la présidente Sandu d'appliquer son programme politique. Elle désigne de nouveau Natalia Gavrilița pour former le prochain gouvernement. Après avoir obtenu la confiance du Parlement, celle-ci est officiellement investie avec le nouveau gouvernement le 6 août 2021. Le 24 février 2022, au premier jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la présidente Sandu annonce l'ouverture des frontières aux ukrainiens souhaitant se mettre en sécurité ou passer par la Moldavie pour rejoindre d'autres pays européens. Le 3 mars suivant, Sandu annonce qu'elle a signé et déposera prochainement une demande formelle d'adhésion de la Moldavie à l'Union européenne. 

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