Cogny René

Publié le par Mémoires de Guerre

René Jules Lucien Cogny (Saint-Valery-en-Caux, 25 avril 1904 - Mer Méditerranée, au large de Nice, 11 septembre 1968), est un officier général français. 

Cogny René
Cogny René
Cogny René

Il prend part à la Seconde Guerre mondiale et se trouve à la tête des forces françaises au Tonkin (nord Viêt Nam) au cours de la guerre d'Indochine, notamment durant la bataille de Diên Biên Phu. Surnommé « le général Vitesse » par ses hommes, René Cogny trouve la mort dans l’accident du vol 1611 Air France qui s’abîme en Mer Méditerranée, au large de Nice. Né en Normandie, René Cogny, fils de gendarme et élève doué, il se voit accorder une bourse pour étudier à l’École polytechnique, d’où il sort avec un diplôme d’ingénieur. Il obtient également un diplôme d’études politiques et un doctorat en droit. Diplômé de l’École d’artillerie de Fontainebleau en 1929, il s’engage dans l’armée française avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale. En juin 1940, il est récompensé de la croix de guerre 1939-1945 pour ses premières missions. Il fut l’un des 780 000 soldats capturés par l’armée allemande qui se démarquait de la ligne Maginot. Il resta près d’un an en captivité et s’échappa en mai 1941, en rampant nu dans des canalisations avec trois compagnons, poussant devant eux les habits qu’ils avaient confectionnés à partir de couvertures.

René Cogny parvint à Vichy en traversant la Bavière, et rejoignit la Résistance française. En 1943, alors commandant, il fut arrêté par la Gestapo et dut subir six mois d’interrogatoires et de tortures à la prison de Fresnes, avant d’être déporté dans les camps de concentration de Buchenwald puis de Mauthausen. Libéré en avril 1945 dans un état physique très faible, il recouvra ses capacités physiques, mais conserva des séquelles aux jambes qui allaient le contraindre à se servir d’une canne pour le restant de ses jours. Entre 1946 et 1947, Cogny, bien qu’étant officier d’artillerie, commanda une division d’infanterie près de Paris, puis fut nommé secrétaire exécutif au ministère de la Défense. Remarqué par le général de Lattre de Tassigny, il est de ceux qui l’accompagnèrent en Indochine quand il fut nommé, en décembre 1950, Haut Commissaire civil et militaire, avec Salan comme adjoint militaire. En janvier 1952, alors que Salan remplaçait de Lattre décédé comme commandant en chef, Cogny commandait une division française au Tonkin et un groupe mobile dans le delta du fleuve Rouge.

En mai 1953, Navarre remplaça Salan, qui rentrait en France avec toute l’équipe du général de Lattre, sauf Cogny qui accepta de remplacer le général de Linarès au commandement des troupes du Tonkin, avec en récompense une troisième étoile. Cette promotion fit de Cogny le plus jeune divisionnaire de l’armée (49 ans). Le général Cogny fut celui qui proposa le site de Diên Biên Phu à Navarre. Cependant, alors que Cogny avait envisagé une base d’opération légère et mobile, Navarre y voyait une forteresse imprenable. Cogny fut l’un des nombreux officiers qui protestèrent contre cette nouvelle stratégie : « nous courrons le risque d’un nouveau Na San, mais en pire ». Ces protestations restèrent cependant sans effet. Tout au long de la bataille, Cogny et son supérieur Navarre furent en désaccord à propos de la disposition des forces entre Ðiện Biên Phủ, le secteur de Cogny dans le delta du Tonkin, et l’opération Atlante de Navarre.

En réponse à une lettre de reproches de Navarre, le 29 mars, Cogny informa son supérieur qu’il ne souhaitait plus continuer à servir sous ses ordres. Le calendrier de son départ ne fut pas discuté à ce moment-là. Cogny garda son commandement jusqu’à la fin de la bataille, mais Navarre voulait le limoger sitôt après celle-ci. La relation entre les deux hommes se dégrada d’autant plus que Cogny, depuis le début, tenait des propos pessimistes voire défaitistes aux journalistes réputés qu’étaient alors Lucien Bodard de France-Soir et Max Clos du Figaro, qui ne cessaient de critiquer le général Navarre dans leurs articles. Le 2 mai, Navarre alla jusqu’à menacer Cogny d’une enquête sur ses déclarations. Le 3 juin 1954, le remplacement de Navarre par Paul Ély, avec Raoul Salan comme adjoint militaire (Ély remplaçant aussi Dejean comme Haut commissaire en Indochine) permit à Cogny de rester à la tête des forces du Tonkin. De mai à juillet, il organisa une défense efficace de celui-ci contre les assauts du Việt Minh. Son commandement prit fin en mai 1955 avec le retrait des dernières forces françaises du Tonkin, conformément aux accords de Genève du 20 juillet 1954.

Il devint commandant supérieur des troupes françaises au Maroc du 3 juillet 1956 au 29 mars 1958 alors que, depuis le 7 mars 1956, le Maroc était devenu indépendant. En mai 1958, il fut sollicité par Pierre Pflimlin, président du Conseil désigné, pour remplacer Salan comme commandant supérieur interarmées en Algérie. Après consultation de Jacques Soustelle, il déclina cette proposition. Le 11 septembre 1968, la caravelle d’Air France qui transportait René Cogny s’abîma en Mer Méditerranée, au large de Nice. Cogny fut l’une des 95 victimes de l’accident. Cogny se distingue, d’après les historiens, par son style particulier de commandement au Viêt Nam. Bernard B. Fall salua le courage et la réactivité de Cogny durant la guerre d'Indochine. René Cogny était non seulement appelé « le général Vitesse » par ses hommes, mais aussi « Coco la sirène » car il utilisait des side-cars avec des sirènes pour se déplacer. Il était un commandant populaire parmi ses hommes, et auprès des journalistes. Malgré sa popularité, Cogny était décrit comme « sensible à la critique » et comme ayant une tendance à « ressasser des blessures réelles ou imaginaires. »

Publié dans Militaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article