Denais Paul Emile

Publié le par Rodney42

Pendant l'Occupation, son attitude à l'égard des Allemands, vaut à Joseph Denais d'être arrêté, interné trois mois à Evaux (Creuse) puis placé en résidence surveillée à Randan (Allier). A la Libération il est nommé à l'Assemblée consultative provisoire au titre du groupe de la Fédération républicaine de la Chambre des députés. Il siège au sein de nombreuses commissions : éducation nationale, finances, information, réforme de l'Etat et législation ainsi qu'à la Commission permanente de coordination et à la Commission d'enquête sur les fournitures de papier de presse. Il dépose de nombreuses propositions de loi ou de résolution dans les domaines les plus variés : famille, retraite des vieux travailleurs et logement, dommages de guerre, indépendance des fonctionnaires et plafonnement des rémunérations des dirigeants du secteur public, législation électorale et institution du vote obligatoire. Enfin il demande qu'un train -exposition fasse connaître les crimes hitlériens.

En séance il rapporte le budget de 1945 et prononce de multiples interventions : règlement de l'Assemblée consultative, comités d'entreprises, sécurité sociale, textes fiscaux, régime électoral du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine. Il prend également part à des débats sur les nationalisations et la politique générale du gouvernement. Réélu conseiller municipal de Paris - mandat qu'il exercera jusqu'en 1947 - Joseph Denais se présente aux élections du 21 octobre 1945, pour la première Assemblée nationale constituante, dans la deuxième circonscription de la Seine qui comprend le 17ème arrondissement de la capitale dont il était l'élu avant guerre. La liste d'union républicaine nationale et démocratique qu'il conduit réalise près de 15 % des suffrages exprimés, arrive derrière le MRP (30 %), le parti communiste (22,6 %) et la SFIO (18,4 %) et obtient un élu.

Inscrit au groupe d'unité républicaine puis à celui du Parti républicain de la liberté, Joseph Denais siège à la Commission de la Constitution. Il reprend certaines de ses propositions de loi ou de résolution et en dépose de nouvelles relatives au logement, aux réquisitions par l'ennemi, aux dommages de guerre et à la retraite des mères de familles nombreuses. En séance il intervient dans les grands débats : comités d'entreprises, textes budgétaires et financiers, dévolution de biens d'entreprises de presse et régime de la presse, prorogation des délais pour l'ouverture des informations devant les cours de justice et les chambres civiques, nationalisations, Constitution et déclaration des droits.

Avec son groupe il vote contre les nationalisations et contre le texte proposé comme Constitution (19 avril 1946) qui sera rejeté par le référendum du 5 mai. Aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale Constituante, Joseph Denais conduit la liste du Parti républicain de la liberté dans le deuxième secteur de la Seine. Elle arrive en tête avec 26,4 % des suffrages exprimés - devant le MRP, le parti communiste et la SFIO - et obtient trois des dix sièges à pourvoir. Membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire, il dépose de nombreuses propositions de loi ou de résolution ayant trait aux questions financières et fiscales, reprenant certains de ses textes antérieurs ou relatives aux élections. A ce dernier titre il conçoit un mode de scrutin assurant le libre choix des députés par les électeurs dans un cadre proportionnel.

Il participe à des débats économiques et financiers, à la discussion du projet de loi relatif à l'aide de l'Etat aux économiquement faibles, à celle de propositions de loi sur l'élection des députés et intervient sur les projets constitutionnels. Avec ses collègues du groupe du Parti républicain de la liberté il vote contre le texte proposé comme Constitution (28 septembre 1946).

Aux élections législatives du 10 novembre 1946 le Parti républicain de la liberté subit la concurrence d'une liste du rassemblement républicain gaulliste dirigée par René Capitant (7,6 % des suffrages exprimés et un siège) et arrive en troisième position (21 % des voix et deux sièges) derrière le MRP et le parti communiste (respectivement 24 et 23 % et trois sièges chacun). Joseph Denais enregistrera un nouveau recul aux élections du 17 juin 1951. Sa liste d'union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux ne réalise que 10,1 % des suffrages exprimés et n'obtient qu'un élu. Comme dans les autres circonscriptions de la Seine le RPF réalise sa percée (24,2 % des voix et trois sièges) et de plus Jacques Isorni avait constitué une liste d'unité nationale et des indépendants républicains (6,2 % et un élu).

Pendant ces deux législatures le député de la Seine est membre de la Commission des finances dont il devient vice-président à partir de 1948. Celle-ci le désigne pour la représenter au sein de la Caisse des dépôts et consignations, de la Commission de contrôle de la circulation monétaire et de la sous-Commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises du secteur public. Il déploie une activité considérable déposant cent soixante et un textes : propositions de loi ou de résolution et rapports.

Toujours actif en séance il participe à de nombreux débats : textes économiques et financiers, logement, fonction publique et entreprises publiques, anciens combattants et victimes de guerre. Il s'intéresse tout particulièrement à la protection de l'épargne et à la défense des économiquement faibles. Inscrit au groupe du Parti républicain de la liberté puis apparenté aux républicains indépendants à partir de 1953, Joseph Denais vote contre le statut de l'Algérie (27 août 1947), refuse la confiance au Gouvernement Ramadier après le départ des ministres communistes (30 octobre) et s'oppose à l'institution du scrutin de liste majoritaire avec apparentements pour les élections législatives (7 mai 1951).

Au cours de la deuxième législature de la IVe République il approuve naturellement les lois Marie et Barangé, favorables à l'enseignement privé (21 septembre 1951), rejette la Communauté européenne du charbon et de l'acier (13 décembre), vote l'investiture à Edgar Faure (17 janvier 1952) mais contribue à sa chute sur les mesures fiscales (29 février). Il soutient ensuite les cabinets Pinay et Laniel mais refuse l'institution de la TVA proposée par ce dernier (9 avril 1954). Après avoir voté contre l'investiture à Pierre Mendès France (17 juin 1954), il s'abstient volontairement sur les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine, vote la question préalable opposée à la ratification du traité sur la Communauté européenne de défense, s'abstient volontairement sur les accords de Londres relatifs à la cessation de l'occupation de l'Allemagne (12 octobre) et rejette ceux de Paris qui autorisent le réarmement de la R.F.A. et son entrée dans l'OTAN (29 décembre). Le 4 février 1955 Joseph Denais vote contre la confiance à Pierre Mendès France sur l'Afrique du Nord (chute du cabinet) puis soutient le Gouvernement Edgar Faure, y compris le 29 novembre 1955 sur le mode de scrutin et la date des élections législatives.

Agé de 78 ans, il se représente aux élections du 2 janvier 1956 mais les indépendants accordent leur investiture à Jacques Féron, président du conseil municipal de Paris. La liste dissidente formée par Joseph Denais n'obtient que 3,2 % des suffrages ex-primés. Il meurt quatre ans plus tard.

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