Demusois Antoine

Publié le par Rodney42

Antoine Demusois, employé des chemins de fer, possède un long passé de militant marqué par l'action syndicale - adhérent à un syndicat de cheminots à quinze ans, il deviendra secrétaire de la fédération des cheminots- et l'engagement au Parti communiste. Ancien combattant de la guerre 1914-1918, il est titulaire de la Croix de guerre et de la Médaille militaire. Maire d'Arnouville-lès-Gonesse, il est élu député de Seine-et-Oise en 1936. Membre du groupe ouvrier et paysan français, il est arrêté en octobre 1939 et condamné le 3 avril 1940 à cinq ans de prison. Il est incarcéré à la prison de Maison Carrée en Algérie d'où le libère le débarquement américain de 1942.

Après la guerre, Antoine Demusois retrouve ses compatriotes de Seine-et-Oise qui l'élisent conseiller général en 1945 dans le canton de Gonesse. Il retrouve sa mairie et il est aisément élu à la première Assemblée nationale Constituante dans la première circonscription de Seine-et-Oise le 21 octobre 1945 alors qu'il figure en seconde place sur liste communiste qui obtient 125 266 voix. Un nombre voisin de suffrages (123 988) assure sa réélection à la seconde Assemblée nationale Constituante le 2 juin 1946. Il est nommé membre de la Commission de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration générale ainsi que de la Commission du ravitaillement.

Antoine Demusois se félicite du statut des fonctionnaires qui élargit le nombre de bénéficiaires du droit syndical mais il ne souhaite pas voir la loi électorale soumise à référendum comme le proposait un parlementaire partisan d'une extension de la démocratie directe. Il conclut un bref rapport sur les événements survenus entre mai et juillet 1945 en Algérie en proposant que la loi d'amnistie soit complétée par l'enquête d'une commission de douze parlementaires et par un nouveau statut du département. Sa sollicitude se tourne vers les habitants de la banlieue parisienne, victimes depuis un demi-siècle de lotissements défectueux. Il demande au gouvernement de déposer un projet de loi augmentant les subventions de l'Etat pour la réalisation de travaux de viabilité arrêtés par la guerre et étendant les bénéfices de la loi du 15 mars 1928 aux propriétaires des cités-jardins qui en avaient été exclus.

Après sa réélection le 10 novembre 1946 avec 118 444 voix, le député de Seine-et-Oise retrouve la Commission de l'intérieur et il entre dans la Commission du règlement et du suffrage universel. La Commission de l'intérieur le désigne en 1947 pour faire partie du Conseil national des services publics départementaux. Rapporteur du décret sur l'ordre de préséance dans les cérémonies officielles, il demande une harmonisation des dispositions du décret de 1907 avec la nouvelle Constitution et il souhaite que, dans les cérémonies commémoratives du second conflit mondial, une place soit donnée aux membres du CNR et des Comités départementaux de Libération après les conseillers de la République et les conseillers généraux. Il présente un rapport sur l'élection des membres de l'Assemblée de l'Union française proposant que ces cinquante personnalités soient élues à la représentation proportionnelle des groupes parlementaires. La loi électorale municipale et l'élection des conseillers de la République au suffrage indirect suscitent sa réprobation. Peu après une vive discussion sur l'inégale représentation des citoyens des villes et des campagnes, il donne sa démission de l'Assemblée.

Antoine Demusois se présente aux élections au Conseil de la République avec un programme de défense de la paix, de défense des sinistrés, des salariés, des classes moyennes et de respect du suffrage universel que menaceraient selon lui certaines des dispositions électorales. Il est élu Conseiller de la République le 7 novembre 1948 et devient membre de la Commission des finances, de la Commission de l'intérieur et, en 1951, de la Commission du suffrage universel.

Quelques unes de ses interventions attirent l'attention sur les victimes de la tempête de 1949 et les difficultés des médecins et des vétérinaires à se procurer essence et automobile. Il intervient également pour que soit maintenu le système de sécurité sociale des étudiants, allégées les charges locatives et il commence une campagne en faveur de la suppression des zones de salaires qui pénalisent les habitants de Seine-et-Oise qui travaillent souvent à Paris avec des frais de transport élevés et un salaire déterminé en partie par le lieu de résidence. Déjà critique dans sa profession de foi de 1948 à l'égard de la politique financière du gouvernement, il proteste contre les nouveaux projets, regrettant que le gouvernement semble rejeter la collaboration de l'Assemblée pour une réforme fiscale qui ne modifie pas, comme il le souhaiterait, les bases d'imposition. Lorsque la politique de nationalisation des industries d'armement est mise en cause en 1949, Antoine Demusois intervient pour montrer que la Société nationale des constructions aéronautiques du Centre et la SNECMA sont économiquement viables. Il prédit que si la rétrocession au secteur privé a lieu, le chômage des cadres et des ouvriers de ces entreprises s'en suivra. Il se présente aussi en défenseur des gardiens de la paix licenciés et proteste contre la création de nouvelles compagnies républicaines de sécurité. Il répète que les C.R.S. devraient être supprimées.

Antoine Demusois proteste contre la loi électorale prévue pour les élections législatives de 1951 en des termes très durs dont le moins vigoureux est celui de " sale loi de trucage ". Les élections du 17 juin 1951 lui permettent toutefois de revenir à l'Assemblée car le Parti communiste a trois élus dans la première circonscription de Seine-et-Oise avec 116 510 voix. Il reste fidèle aux Commissions de l'intérieur et du règlement et il entre aussi dans la Commission des moyens de communication et du tourisme et dans la Commission chargée de proposer des mesures de grâce amnistiante en Algérie.

Vigilant sur les prérogatives des parlementaires, Antoine Demusois propose plusieurs amendements pour élargir les droits des commissions, les temps de parole des députés, interdire les débats restreints sur les lois d'amnistie et limiter les sanctions prévues à l'encontre des élus. En 1953, il présente un rapport sur la révision de la Constitution proposant une session annuelle extraordinaire de deux mois en juin-juillet et une plus étroite association de l'Assemblée à la procédure de clôture de la session. Il se défie de tout renforcement de l'administration préfectorale, se prononçant par exemple, contre la création des inspecteurs généraux en mission extraordinaires (IGAMES.) qui évoquent pour lui les préfets régionaux de Vichy. Il serait plus judicieux, dit-il, de s'intéresser au statut des agents de préfecture et de modifier la gestion des personnels communaux en introduisant plus de souplesse et en donnant plus de poids aux commissions paritaires. Les Conseils de préfecture manquent, à son avis, d'indépendance et devraient échapper à l'autorité du ministère de l'intérieur. Mais c'est toujours contre la police que portent ses plus vives critiques : pourquoi acheter de nouveaux cars pour les CRS alors que les maires ont tellement besoin d'ambulances ?

Selon lui, l'état de siège ne devrait plus dépendre du pouvoir exécutif mais être déclaré par la loi et le budget de la Préfecture de police de Paris devrait être contrôlé. Antoine Demusois prend également part à la discussion du projet de loi relatif à l'Assemblée de l'Union française en regrettant l'absence de coïncidence entre les mandats des membres de diverses origines. Quelques interventions enfin concernent les transports en commun si utiles pour ses électeurs de banlieue : le déficit de la RATP ne saurait être comblé par une augmentation des tarifs ; une fusion des administrations des transports de Paris et de l'administration des transports de banlieue serait souhaitable et il s'inquiète de voir la réparation du matériel SNCF ne plus suffire à maintenir les activités des ateliers de Mantes-la-Jolie.

En 1956, Antoine Demusois est réélu comme les deux autres députés communistes avec 160 861 voix soit 36,4 % des voix contre 32,4 % en 1951 alors que les six autres sièges du département sont dispersés entre six partis. Il retrouve la Commission du suffrage universel, des lois et du règlement et la Commission des moyens de communication et du tourisme dont il est élu vice-président. Aussi le député de Seine-et-Oise a-t-il l'occasion de renouveler son opposition à toute augmentation des tarifs lui préférant des subventions patronales et une modification du statut de la RATP propre à alléger ses charges. Sa méfiance à l'égard de la police est toujours aussi grande et lui inspire des critiques sur l'attitude des responsables du maintien de l'ordre, aussi sévères à l'égard des Musulmans qu'indulgents à l'égard des partisans de l'Algérie française. Lui-même préconise des négociations pour amener la paix en Algérie. La plupart des votes d'Antoine Demusois sont ceux d'un strict opposant. Il n'accorde pas sa confiance au général de Gaulle le ler juin 1958 et refuse les pleins pouvoirs et le projet de révision de la Constitution le 2 juin 1958.

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