Confrérie Notre-Dame (CND)
La Confrérie Notre-Dame (CND), par la suite appelée CND-Castille, était un service de renseignements français validé en 1940 par le colonel Rémy, envoyé par Londres pour connaître la véracité des renseignements que le réseau constitué par Louis de La Bardonnie leur fournissait.
Le Colonel Rémy - Pierre Brossolette
Le réseau fondée dès juin 1940 par Louis de La Bardonnie et quelques-uns de ses compagnons, devient en septembre 1940 la Confrérie Notre-Dame. Il s'agit d'un réseau de renseignements ralliée à la France libre, c'est l'un des premiers réseaux du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA). Ce réseau français libre est sans doute le plus important réseau de renseignements militaires de la Résistance. Il est aussi l'un des tous premiers créés en France, validé par un agent exceptionnel, Gilbert Renault dit « Raymond » (plus tard « Rémy »). Le Colonel Rémy envoyé vers la métropole dès l'été 40 par le 2e Bureau de la France Libre donnera à l'organisation le nom de Confrérie Notre-Dame afin de la placer sous la protection de la Vierge. Les agents sont chargés pour les uns de recueillir des renseignements militaires, pour d'autres des renseignements économiques et politiques qui alimentaient la campagne radiophonique de la France Libre ; d'autres encore organisaient la prise de pouvoir gaulliste dans les départements côtiers pour le moment où le débarquement aurait lieu ; d'autres enfin, agents de liaison et radios, permettaient aux renseignements de partir et aux ordres d'arriver.
Le réseau s'implante d'abord dans la France de l'Ouest et recrute des informateurs de qualité dans les ports de l'Atlantique (Bordeaux, Brest) comme Jean Philippon à Brest. A Bordeaux les renseignements fournis par des pilotes du port immédiatement informés sur les mouvements (heures, jours, entrées et sorties) des navires et des "u-boats" de la base sous-marine de Bordeaux-Bacalan, permettent la connaissance parfaite des déplacements de l'ennemi. Les informations sont transmises à Londres d'abord par courrier transitant par Madrid, puis par radio : la première liaison est établie en mars 1941 chez Louis La Bardonnie, en Dordogne, dont le petit groupe de patriotes a été le « contact » initial de Rémy en France. Puis, entre avril et juillet 1941, les émissions radio clandestines s'effectuent à partir de Thouars et Saumur.
Les renseignements transmis permettent à la RAF de porter de rudes coups à la marine allemande. Son agent « Hilarion », en avertissant les Britanniques de l'installation dans la rade de Brest de « ducs d'albe » (gros piliers) visiblement faits pour un très grand navire de guerre, contribue à l'interception et à la destruction du cuirassé Bismarck, en mai 1941. En septembre 1941, la CND étend son action à toute la France occupée et Rémy installe à Paris une centrale en liaison radio avec Londres. De plus, elle dispose d'agents habilités à préparer des parachutages et établit des contacts par Lysander avec l'Angleterre. Elle organise notamment le passage à Londres de Christian Pineau, premier chef de mouvement de la Résistance intérieure à rencontrer le général de Gaulle. Après la trahison de juin 1942, Rémy, assisté de Petit et Tillier, maintint puis rénova le Réseau. À l'automne 1943, la trahison de deux radios, « Tilden » et « Alain », a des conséquences catastrophiques : elle entraîne une centaine d'arrestations, et Rémy doit se réfugier en Angleterre. Mais en décembre 1943, le réseau est reconstitué par Marcel Verrière (alias « Lecomte») à partir des cellules encore actives sous le nom de « Castille » et continuera à fonctionner jusqu'à la Libération. D'après les recherches effectuées, CND-Castille aura compté au total 1544 agents.
Dévastée à plusieurs reprises, toujours renaissante, la Confrérie Notre-Dame ne cessera jamais d'envoyer des courriers à Londres, par voies aériennes et maritimes aussi bien que grâce à des émetteurs parachutés en France occupée, et ses renseignements furent souvent cruciaux pour la réalisation d'opérations militaires alliées. La Confrérie Notre-Dame transmet, entre autres renseignements remarquables, ceux qui permettent aux Britanniques d'effectuer en février 1942 une opération de commando sur la station-radar de Bruneval (raid de Bruneval) en Seine-Maritime. Elle envoie aussi un rapport permettant aux Anglais d'évaluer la réussite de l'opération Chariot, effectuée au même moment : un raid de destruction contre les installations de radoub de Saint-Nazaire, seules capables d'accueillir le grand cuirassé allemand Tirpitz. En trois ans et demi, 1 544 agents ont signé leur engagement ; 524 arrêtés dont 234 ont été déportés, 37 ont été fusillés et 151 sont morts en déportation.
Membres du réseau
- Gilbert Renault, dit « Raymond », puis « Rémy » à partir d'août 1941 ou « Colonel Rémy » ;
- Louis de La Bardonnie, pseudo « Isabelle », ayant créé l'embryon de départ du réseau, sur lequel Rémy s'est appuyé ;
- Denise de La Bardonnie, pseudo « Ninette », « La Baronne» ,
- Jules Achard, entré au réseau le 26 décembre 1941, arrêté le 26 décembre 1944, déporté, rentré le 25 mai 1945 ;
- Georges Maradene, pseudo "Dragon", entré au réseau au mois de septembre 1941, arrêté le 17 octobre 1942, interné à la prison de Fresnes où il sera torturé par les nazis, puis déporté au camp de Natzweiller en Alsace en 1943, et transféré à Dachau en 1944 ;
- Henri Albespy, pseudo « Henri », entré au réseau le 1er août 1943 ;
- Pierre Albin, pseudo « Condé », entré au réseau en janvier 1941 ;
- Gaston Alif, pseudo « Astier », entré au réseau le 1er novembre 1942 ;
- Marie-Louise Alif Mercier, entrée au réseau en juin 1943 ;
- Charles Allain, entré au réseau en juin 1942 ;
- Louis Allichon, pseudo « Plombier », entré au réseau le 1er mars 1942, arrêté le 31 mars 1944, déporté (sans nouvelles) ;
- Albert Amelin, pseudo « Bucéphale », entré au réseau en mai 1943, arrêté le 15 novembre 1943, déporté, rentré le 22 avril 1945 ;
- Bernard Anquetil, pseudo « Lhermite », entré au réseau en février 1941, arrêté en août 1941, fusillé au Mont-Valérien le 24 octobre 1941 ;
- Émile Bèche, député des Deux-Sèvres ;
- Pierre Brossolette, dit « Pedro » ;
- Yves Castel, entré au réseau en août 1942, déporté le 16 septembre 1943 à Buchenwald, rentré le 30 avril 1945;
- Chauveau, dit « Charlemagne » ;
- Fernande Combe, entrée au réseau en mai 1941, arrêtée le 31 juillet 1943, morte le 1er octobre 1943 (des suites de son incarcération) ;
- Henri Combe, entré au réseau en mai 1941, arrêté le 31 octobre 1943, déporté et mort en camp de concentration le 10 mars 1945 ;
- Olivier Courtaud, pseudo « Jacot », entré au réseau le 28 mai 1942, arrêté le 25 juin 1943, déporté, rentré le 5 juin 1945 ;
- Pierre Dordain, alias Le Cerf, chef du Réseau Confrérie Notre-Dame de Rennes.
- Jean Decker, entré au réseau en avril 1941, arrêté en novembre 1941, déporté et mort en camp de concentration ;
- René Dugrand ;
- Roger Dumont, pseudo « Pol », entré au réseau le 1er novembre 1941, arrêté le 1er avril 1942, fusillé au Mont-Valérien le 13 mai 1943, Mort pour la France ;
- François Faure, dit « Paco », entré dans le réseau en novembre 1941, devient adjoint de Rémy. Il est arrêté le 15 mai 1942, détenu à Fresnes, au camp de Natzweiler-Struthof et déporté à Dachau. Il est libéré le 29 avril 1945 ;
- Jean-François Fleuret, pseudo « Espadon », entré au Réseau en janvier 1941, arrêté en mars 1943, déporté, rentré le 23 avril 1945 ;
- Gaston-Noël Folloppe, pseudo « Gaumont », chef de secteur pour les départements de l'Eure, de la Sarthe et de l'Orne, arrêté le 11 novembre 1943, torturé, exécuté le 1er février 1944 à la prison d'Évreux ;
- Ange-Marie Gaudin, pseudo « Champion », entré au réseau en février 1941, arrêté le 10 juin 1942, déporté, rentré ;
- Robert Jude, pseudo « Lavocat », 3e recrue, entré au réseau en novembre 1940 2, quitte Vannes pour Paris en août 1941 ;
- Roger Le Bayon, pseudo « Loyer », entré au réseau en février 1941 ;
- Jean Le Brun, pseudo « Le joueur », entré au réseau en novembre 1941, arrêté le 20 mars 1944, évadé du camp de Compiègne le 26 août 1944 ;
- Yves Le Crom-Hubert, pseudo « Yvonne », médecin ;
- Guy Lenfant, pseudo « Lebreton », entré au réseau en février 1941, chargé de recueillir des renseignements sur Lorient2, arrêté le 8 mars 1941, s'évade le 25 juin 1941 ;
- Pierre Mauger (Vendée), pseudo « Pierre », entré au réseau en mai 1941, arrêté le 30 mai 1942, déporté, rentré le 19 mai 1945 ;
- Joseph Montepin (Mayenne), pseudo « Boulanger », entré au réseau en juin 1942, ouvrier ;
- Max Petit, pseudo « Poucet » « Perrault » « Florian », entré au réseau en novembre 1941, devient adjoint de Rémy après l'arrestation de François Faure ;
- Jean Philippon, dit « Hilarion » ;
- Jacques Pigeonneau, consul de France à Madrid, 1re recrue, entré au réseau le 1er juillet 1940
- Jacques Poutiers, entré au réseau en décembre 1941 (neveu de Maurice Tardat) ;
- Serge Renaud de Saint Georges, dit « Jasmin », arrêté le 1er août 1942 ;
- Anne-Marie Parent-Renaud, sa femme, arrêtée le 11 septembre 1942 ;
- Jean Ribes, ami de Gilbert Renault, 2e recrue, entré au réseau à l'automne 1940 ;
- Yves Rigoine de Fougerolles, pseudo « Prince », quitte le réseau en juin 1941 ;
- Jean Sarrazy, pseudo « Fanion », arrêté le 4 juillet 1942, déporté le 23 mars 1943 à Mauthausen, rentré le 21 mai 1945 ;
- Jean Sciou, pseudo « Faucon », clerc de notaire à Erdeven, entré au réseau en septembre 1942, à 22 ans, arrêté le 15 novembre 1943, déporté le 22 janvier 1944, retour en France le 5 juin 1944 pour « supplément d'enquête », évadé le 2 juillet 1944, lors du retour vers l'Allemagne ;
- Alphonse Tanguy, pseudo « Alex », entré au réseau en novembre 1941, Responsable du secteur lorientais puis du CND en Bretagne, prend la direction intérimaire du réseau quand Jean Tillier part en Angleterre. Il est arrêté et abattu par la Gestapo le 5 novembre 1943, mort pour la France ;
- Maurice Tardat, entré au réseau en juin 1941, arrêté le 19 septembre 1943, mort en déportation le 23 mai 1944 à Buchenwald ;
- Jean Tillier, pseudo « Gaspard », « Coligny », « Debesse », entré au réseau en novembre 1941, devient le second de Rémy quand Max Petit part pour Londres ;
- Gabriel Vallée, pseudo « Lys », arrêté le 11 novembre 1943 ainsi que son fils âgé de 13 ans, (Raymond). Tous deux furent torturés, le père se suicida dans sa cellule le 13 novembre 1943 ;
- Marcel Verrière, pseudo « Marquise » puis « Lecomte », entré au réseau en octobre 1941.
- André Cholet, pseudo "Lenfant" entré au réseau en 1941, responsable cellule radio, arrêté en Mars 1942, fusillé au mont Valérien avec 12 de ses compagnons, le 13 mai 1943.
- Laure Gatet (elle servait d'agent de liaison).
- André Guilbaud, entré en janvier 1941, exécuté à Cologne le 31 août 1943 (mort pour la France).
- Antoine Vourc'h, médecin à Plomodiern.