Camp de Dachau
Le camp de Dachau fut mis en service le 31 mars 1933, quelques jours après le vote des pleins pouvoirs à Adolf Hitler par le Reichstag. Ce fut le premier camp de concentration important construit en Allemagne, l'un des rares construits avant la mort du président Paul von Hindenburg en 1934.
Il fut tout d'abord le lieu d'internement des opposants politiques, mais il accueillit également par la suite des juifs de Bavière, des prisonniers de guerre soviétiques et des femmes ainsi que des homosexuels et Tsiganes. Chacun y connut la souffrance, la faim et y côtoya la mort. Dachau comptera plus de 100 kommandos qui, avec le camp central, regrouperont 75 000 détenus. Son existence était connue en dehors des frontières dès 1934. Il était considéré par les nazis comme représentant le prototype des camps au même titre que plus tard, le camp d'Auschwitz. Ce fut le commandant Theodor Eicke qui en développa les plans. Plus tard, Eicke devint d'ailleurs inspecteur en chef de l'ensemble des camps. De l'extérieur, le camp semblait un banal poste militaire entouré d'un haut mur de briques. Des tours de garde bordaient l'ensemble. À l'entrée, sur le portail noir , on peut aujourd'hui encore, lire l'inscription Arbeit Macht Frei (le travail rend libre). Mais le but ultime de cette opération nazi était la mort. S'y trouvaient en garnison un corps de SS ainsi que des agents de la Gestapo.
Les prisonniers étaient entassés dans des baraquements (il y avait 34 baraques), chacune devant contenir 208 prisonniers, mais, du fait du surentassement, au moment de l'arrivée des soldats américains, certains baraquements contenaient 1 600 détenus dont la plupart dans un état cadavérique, ne portant que la peau sur les os. Le camp reçut ainsi plus de 200 000 prisonniers venus de plus de 30 pays. Ils étaient confrontés à l'enfer : travaux forcés dans les pires conditions (froid, chaleur, etc.), sévices sur le corps, manques insaisissables de nourritures, manque d'hygiène, suicides forcés. En juin 1944, un premier convoi de plusieurs centaines de Français arriva à Dachau. Le 2 juillet 1944, un convoi partit de Compiègne avec plus de 2 000 détenus : à son arrivée, le 5 juillet, il y avait plusieurs centaines de morts.
Selon les enregistrements répertoriés, plus de 30 000 personnes périrent dans le camp même. En 1945, une épidémie de typhus se déclara, entraînant de nombreux décès, dont celui de René Carmille, le 25 janvier 1945. C'est à cette époque qu'une chambre à gaz fut adjointe, bien qu'il n'ait jamais été prouvé qu'elle fut utilisée, cependant des témoignages existent. Les malades et les inutiles étaient plutôt transférés au sinistre château de Hartheim, où des milliers furent assassinés au gaz. À l'intérieur du camp, se trouvait une station expérimentale dirigée par le docteur Sigmund Rascher où des médicaments furent expérimentés sur les prisonniers, notamment pour tester leur résistance à la maladie.
De plus, de nombreux prisonniers furent transférés vers d'autres camps afin d'éviter la trop forte densité, génératrice de l'extension de l'épidémie. Les prisonniers vivaient dans des lits superposés et ils se battaient pour avoir les lits supérieurs afin de ne pas recevoir les excréments qui suintaient vers le bas. Ceux qui essayaient de s'échapper et qui étaient repris subissaient un traitement spécial de punition dans un cantonnement tenu par les SS et la Gestapo avec pratique de la torture. Ces traitements aboutissaient souvent à la mort. Lors de l'épidémie de typhus, de nombreux corps furent jetés dans les fosses communes. Les Allemands pénétraient peu dans les lieux et l'état-major restait cantonné à la Kommandatur. La discipline était faite par les Kapos qui étaient choisis par les Allemands parmi les plus pervers des prisonniers.
Dachau fut le camp central où étaient envoyés les prisonniers chrétiens, essentiellement des catholiques bavarois et polonais, mais aussi des protestants. Selon les archives de l'Église catholique, plus de 3 000 de ceux-ci périrent dans le camp, dont Albert Eise. Parmi ceux-ci, Karl Leisner, ordonné prêtre derrière les barbelés par l'évêque de Clermont-Ferrand Mgr Gabriel Piguet, et béatifié par Jean-Paul II en 1996. Le théologien protestant Martin Niemöller fut également interné à Dachau. Josef Kentenich, fondateur du Mouvement de Schönstatt, fut interné de 1942 à 1945. Il y fonda deux nouvelles branches de ce mouvement. Himmler avait demandé d’y regrouper les prêtres dispersés jusque-là dans différents camps, afin de diminuer leur influence “nuisible” sur les autres prisonniers. Il y avait donc des baraques pour les prêtres, les méconnus Priesterblock, où avaient été rassemblés de nombreux prêtres et religieux de toutes nationalités. Suite à un ordre de Berlin, le commandant du camp avait dû tolérer un coin chapelle dans la première des quatre sections du baraquement n° 26, où était célébrée quotidiennement la messe. En septembre 1944, un camp réservé aux femmes s'ouvrit. Certaines venaient d'Auschwitz et de Birkenau.
Lorsque les Américains approchèrent du camp au moment de la Libération, l'État-major allemand donna l'ordre par représailles de tuer tous les prisonniers. Mais le politicien communiste Oskar Müller, alors chef du comité de résistance du camp, décida de libérer en cachette au nom de la Croix-Rouge internationale quelques prisonniers afin d'avertir les soldats américains de l'endroit exact du camp et de l'urgence qu'il y avait à intervenir. Le 29 avril 1945, la 45e division d'infanterie de la septième Armée américaine libéra le camp. Lorsque les soldats américains pénétrèrent dans le camp, ils furent confrontés à des scènes d'horreur : prisonniers dans un état de maigreur épouvantable, fosses communes où étaient entassés des corps déchiquetés. Certains soldats américains furent tellement écœurés qu'ils tirèrent à bout portant sur les officiers chargés du camp (Massacre de Dachau). Les photos et films pris par les soldats américains et transmises par le général Patton furent archivées dans le rapport de la VIIe Armée américaine.
- la famille royale de Bavière (Wittelsbach),
- Geoges Charpak, les ducs de Hohenberg,
- Fritz Gerlich (journaliste, 1883-1934),
- Edmond Michelet,
- le général Charles Delestraint, chef de l'Armée secrète en France, assassiné d'une balle dans la nuque le 5 avril 1945,
- Georg Elser, qui tenta de tuer Hitler à l'aide d'une bombe le 9 novembre 1939 à Munich,
- Bruno Bettelheim,
- Adam Kozlowiecki (cardinal polonais),
- Victor Dillard (jésuite français),
- René Carmille,
- le peintre Zoran Mušič,
- Titus Brandsma (religieux catholique néerlandais, béatifié en 1985).
Beaucoup de religieux catholiques polonais, des politiques dont des communistes (Oskar Müller) et aussi de nombreux écrivains et cinéastes comme Ernest Genval périrent dans le camp. Parmi les internés rescapés, figura :
- Mgr Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, seul prélat français déporté ;
- le patriarche orthodoxe serbe Gabriel (Dojitch)
- l'évêque Nicolas (Velimirovitch), canonisé par l'Église orthodoxe serbe.
- le journaliste Carl von Ossietzky Prix Nobel de la Paix, qui y mourut d'épuisement et de maladie.
- Ernst Thalmann qui y mourut en 1944
Après la guerre, les Américains installèrent au sein de l'enceinte du camp un tribunal militaire chargé de juger les Allemands auteurs de crimes de guerre considérés comme "mineurs".