El-Kadiri Boubker

Publié le par Roger Cousin

El-Kadiri Boubker Boubker El Kadiri né en 1914, et mort le 2 mars 2012 à Salé, Maroc est un intellectuel, académicien, écrivain et un homme politique marocain. Il est l'un des fondateurs du mouvement nationaliste et l'un des signataires du Manifeste de l'indépendance du 11 janvier 1944. Issu d'une famille de notables chorfas, il intègre l'école coranique dès son plus jeune âge. Il a 16 ans à la signature de la pétition contre le dahir berbère, il intègre l'école française des fils de notables de Salé.

C'est dans ce contexte particulier qu'il commencera à affuter ses armes. Il ne resta pas longtemps dans l'école ayant eu une altercation avec une surveillante, il est exclu. Il s'essaye dans le commerce ou il échoue, il se reconvertit à l'enseignement. Il fonde à l'âge de 20 ans l'école Annahda (renaissance), école indépendantiste par excellence dont l'enseignement de toutes les matières était en langue Arabe. Étant progressiste, l'école est dirigée d'une manière moderne et la mixité fait son apparition.

Il n'arrêtera pas de militer en faveur de l'indépendance du Maroc et connaîtra plusieurs séjours dans les prisons du Protectorat. Déjà fiché lors de son exclusion de l'école des notables par l'autorité française, il totalisera entre 1935 et 1955 5 années de prison pour des motifs politiques. Il consolidera de grandes amitiés Abderrahim Bouabid, Kacem Zhiri, Abdellah Ibrahim ou El Hachmi El Filali (tous signataires du manifeste de l'indépendance). En 1932, il fonde l'Association pour la préservation du Coran. En 1934, il participe à la création du Comité d'action nationale (Lajnat al-Haraka al-Watania), puis l’Association du jeune musulman ainsi que la Koutla en 1936. Il sera également cofondateur du Parti national (Al-Hizb al-Watani) en 1937 et du Parti de l'Istiqlal en 1944.

Après l'indépendance du Maroc, il est désigné en 1956 membre du Conseil national consultatif. Deux ans après, il participe activement à l’organisation de la Conférence de Tanger afin de réaliser le rêve d’un Maghreb uni. En 1960, il est nommé au Conseil constitutionnel. Le Roi Hassan II le nommera deux décennies plus tard membre du Conseil de régence du Royaume. En 1963, il échoue aux portes du premier parlement au Maroc dans son fief de Salé face à Moulay Mehdi Alaoui du parti UNFP. Écœuré par cet échec (surtout par le comportement jugé inconvenant de ses adversaires, contraire à ses valeurs), il ne se représentera jamais plus aux élections.

En 1980, le roi Hassan II lui proposa le poste de ministre des Affaires islamiques, il déclina l'offre. Boubker el-Kadiri était membre des instances dirigeantes du Parti de l'Istiqlal dont il était inspecteur général après l'indépendance. Très attaché à la cause palestinienne, il a été pendant 25ans secrétaire général de l'Association marocaine pour le soutien de la lutte du peuple palestinien. Homme de lettres et de religion, c'est aussi un écrivain prolixe, avec à son actif de nombreux ouvrages historiques, politiques, autobiographiques et religieux. Il meurt le 2 mars 2012 à Salé à l'âge de 97 ans et est inhumé à la zaouia Kadiriya à Salé. La Fondation Boubker El Kadiri (FONDAB) a été créée en 2010 par des proches et amis de Boubker El Kadiri. Cette fondation est dédiée à la promotion de la culture et des idées (notamment valeurs patriotiques et civiques), et se veut un espace de réflexion à la fois philosophique, sociologique, et politique. Des débats et conférences sont régulièrement organisés à Rabat et Salé avec des intervenants d'horizons divers.  Un de ses fils, Khalid El Kadiri, a été Directeur Général de la CDG [Caisse de dépôt et de gestion].

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