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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Front Lorrain

Le Front lorrain (1936-1939) est une confédération départementale de la plupart des formations politiques hostiles au Front populaire en Moselle. 

Robert Sérot

Robert Sérot

Les initiateurs de ce projet, lancé en juin 1936, sont le directeur du quotidien messin catholique Le Lorrain, le chanoine Ritz, le maire de Metz, Paul Vautrin, et le député de Metz, Robert Sérot. Ces deux hommes politiques en deviennent les deux présidents en titre. Le Front lorrain naît officiellement le 11 septembre 1936, suite à une réunion de la plupart des élus de droite à Metz le 15 juillet. Son but officiel est "le groupement de toutes les forces d'ordre dans le cadre régional pour le maintien de la paix sociale et de l'ordre". Font partie du comité provisoire de ce rassemblement qui cherche à fédérer les "nationaux" divers groupements politiques - Les Chrétiens sociaux de Victor Antoni, le Parti républicain national et social, héritier des Jeunesses patriotes, Le Front national du travail de Joseph Bilger, les Chrétiens nationaux, le Parti agraire -, des élus - Robert Sérot, le député-maire de Forbach Paul Harter, le député agraire de Château-Salins François Beaudouin, les sénateurs Jules Wolff et Edouard Cordebaine, des conseillers généraux - ainsi que des périodiques de droite comme Le Lorrain et Le Messin. Les rejoignent les royalistes de l'Alliance Fabert ainsi que d'anciens Francistes des Amis du Francisme. Le Parti social français, assez dynamique en Moselle et le seul parti de masse des droites, n'adhère pas au projet. Toutefois, la plupart des initiateurs du Front sont proches du PSF, qu'ils soutiennent.

Le Front lorrain est donc une alliance assez lâche et hétéroclite - clercs, catholiques et royalistes rejetés par l'Église mais en passe d'être réintégrés par ce biais; républicains modérés, royalistes et fascistes; patriotes, nationalistes et autonomistes - de divers mouvements, unis seulement par l'anticommunisme. Le Front lorrain s'est mis en place avec lenteur et difficulté, face à la multiplication des rassemblements, à l'essor du PSF et à l'incompréhension de nombreux Mosellans de droite sur la nature et les buts du Front, estimant que le Front était source de désunion. Le comité provisoire a transmis ses pouvoirs à une délégation exécutive fin septembre 1936, composée de Paul Vautrin, l'abbé Ritz, Victor Antoni, Georges Ditsch et Jean Meyer. Ritz reconnaît que "le Front lorrain a pu paraître en veilleuse" car il lui fallait trouver "un mode d'action et d'apostolat (sic)" qui ne puisse "ne gêner en rien les généreuses initiatives" du PSF et du Rassemblement national initié par l'UNC . Le comité exécutif n'est en effet formé qu'en 1937, plusieurs mois après les débuts du rassemblement.

Son activité - réunions de propagande, constitution de comités locaux - décline rapidement à partir de 1937. Le Front lorrain a revendiqué plus de 10 000 adhérents mais ce chiffre est nettement surévalué. En outre, le départ de son secrétaire général et principal militant Albert Eiselé en mars 1938 pour le sud de la France et la mort du chanoine Ritz en janvier 1939 ont aggravé le déclin du Front. De même, Paul Durand, rédacteur en chef du "Lorrain", reconnut après guerre que "le chef manqua pour coordonner et galvaniser" les efforts des nationaux mosellans. La formation du Front lorrain s'inscrit aussi dans le contexte de la lutte contre la politique scolaire du Front populaire, visant à prolonger l'obligation scolaire jusqu'à 14 ans et jusqu'à 15 ans en Alsace-Moselle. Ce conflit scolaire de 1936-37 s'est joué sur un terrain religieux; les catholiques alsaciens et mosellans étant persuadés que Léon Blum entendait remettre en cause le statut scolaire de l'Alsace-Moselle. Mais une partie des protestataires est nettement engagée dans la formation du Front lorrain.

En Moselle, les principaux opposants au projet sont d'abord les conseillers généraux de droite, et surtout le chanoine Ritz, rapporteur et rédacteur d'une motion de protestation du conseil général le 19 novembre 1936, Victor Antoni, Eugène Foulé. L'Action catholique du diocèse de Nancy, lors de son assemblée générale du 14 février 1937, hésite à procéder à une protestation par voie de pétition. Une pétition est finalement mise en place et ses résultats sont dévoilés le 2 mai : 228 066 hommes et femmes de Moselle ont signé la pétition pour le maintien d'une école confessionnelle et bilingue. Une série de réunions de protestation a aussi lieu le 28 février dans une trentaine de localités. Les orateurs sont des élus - parlementaires ou conseillers généraux - ou des militants catholiques laics. Les discours des orateurs ont été plus ou moins politisés, plus ou moins modérés. 

Si Robert Schuman refuse toute "confusion du politique et du religieux" , d'autres s'en prennent au Front populaire. Le chanoine Ritz a souvent paru modéré lors de ce conflit, mais son journal publie cependant une protestation violente du Front lorrain qui dénonce "un chantage, une manœuvre criminelle, un marché honteux d'un gouvernement indulgent envers les moscoutaires agents de l'étranger". Ce conflit scolaire fut également l'occasion d'un début de rupture des leaders du Front lorrain d'avec le Parti social français. En effet, le PSF a aussi voulu organiser sa propre pétition pour combattre le projet. Or cette initiative vient au moment où Léon Blum accuse l'évêque d'Alsace Mgr Ruch de se mettre "à la remorque du PSF". Les organisations catholiques alsaciennes et mosellanes se sont désolidarisées du PSF. le chanoine Ritz a désapprouvé l'intitiative. La rupture, à Metz, ne date pourtant que de la fin de l'année 1938, suite à la mort de Paul Vautrin et aux élections municipales et cantonales partielles qui ont suivi.

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