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Lourd à porter“ - Remise d’effets personnels

ITSpublié le 13/08/2013 à 14h35





François Gimeno

Ehefrau Liliane Neveu Gimeno, Sohn José Camille Gimeno und Francois Gimeno

 

C’est une visite hors du commun qu’a reçue le Service International de Recherches (ITS) à Bad Arolsen. François Gimeno de Rennes, France, accompagné de sa famille, a récupéré les effets personnels qui avaient été confisqués à son père au camp de concentration de Neuengamme en mai 1944 : une chevalière avec les initiales de son père et un bracelet-montre. "J’avais un peu peur de venir ici », dit M. Gimeno. "Je n’ai pas pu dormir pendant deux jours, parce que je n’arrêtais pas de penser. Mais finalement, c’était la bonne décision".

En faisant des recherches sur la persécution de son père, il n’aurait jamais cru retrouver des objets lui ayant appartenu, dit M. Gimeno.  "Mon fils José Camille a découvert la liste d’effets personnels de l’ITS en faisant une recherche Google sur Internet". Dans cette liste, on trouve les noms de quelque 2 800 anciens détenus des camps de concentration de Neuengamme et de Dachau, dont les portefeuilles, montres, lettres et photos attendent d’être remis aux familles. Suite à la découverte de cette liste, les Gimeno décidèrent de faire ce long voyage en voiture pour aller chercher personnellement les quelques biens de leur père, respect. grand-père, et pour se faire une idée des archives conservées à l’ITS. La famille y a reçu non seulement les effets personnels de Monsieur José Gimeno, mais aussi des copies des documents relatifs à sa déportation.

José Gimeno, né en 1915 à Fresneda en Espagne, avait, dans les années 30, combattu comme anarchiste contre Franco aux côtés des Républicains. Il fuit en France en 1939, où il fut interné un an plus tard, dans un premier temps près de Toulouse, puis à Lorient en Bretagne. "C’est là qu’il parvint à s’évader en 1942. Nous ne savons toutefois pas ce qui est arrivé avant sa déportation à Neuengamme. Nous supposons qu’il a vécu dans la clandestinité", raconte son fils François.

La Gestapo finit par arrêter José Gimeno à Rennes en mars 1944 et le déporta en Allemagne. A Watenstedt, un commando extérieur  de Neuengamme, ce détenu espagnol fut astreint à la production d’obus pour la Wehrmacht. Lors de l’évacuation du commando le 7 avril 1945, il fut transporté en train au camp de concentration de Ravensbrück. Après la libération, il écrivit une lettre à ses parents en juin 1945 pour leur annoncer qu’il avait survécu et qu’il devait rester plusieurs semaines à l’hôpital.  Cette lettre existe toujours. "En 2002, suite au décès de ma mère, nous avons retrouvé dans ses affaires quelques papiers ainsi que des lettres", raconte M. Gimeno. "Mon père ne m’a jamais parlé de cette époque. Ma mère non plus n’a jamais rien raconté. Elle a beaucoup souffert pendant la guerre et, avec l’âge, elle était de plus en plus craintive. Toute cette période fut donc passée sous silence".

José Gimeno est rentré en France en juillet 1945. Il fut hébergé dans un premier temps  à l’hôtel  Lutetia à Paris. Il retourna ensuite à Rennes, où il commença à travailler comme ouvrier en bâtiments. Il fonda une famille et eut encore un enfant à l’âge de 46 ans, son fils François. Il obtint la nationalité française en 1970. Ce n’est qu’à partir de cette époque qu’il put retourner en toute sécurité dans son pays d’origine, l’Espagne, toujours gouvernée par Franco, et revoir enfin son père. Celui-ci avait été incarcéré pendant 10 ans sous le régime de Franco. Sa mère était morte jeune. « Le contrôle à la frontière espagnole était très sévère“, se souvient François Gimeno, âgé à l’époque de 9 ans. "Mais j’ai quand même pu faire la connaissance de mon grand-père pendant une semaine avant qu’il ne meurt la même année".

Jusqu’aujourd’hui, les relations avec la famille en Espagne demeurent tendues, raconte François  Gimeno. "Le reste de la famille était pour Franco et une confrontation avec le passé n’a jamais eu lieu". Dans son cœur, son père resta toujours espagnol et apprit à son fils à s’intéresser à la politique. "Au fond, il a eu de la chance de n’avoir été déporté en camp de concentration qu’en 1944. Les Espagnols étaient très solidaires dans le camp et se soutenaient mutuellement". C’est ce qui permit à mon père de survivre, même si sa santé demeura précaire et s’il mourut à l’âge de 62 ans. "C’est lourd à porter", dit son fils. "Les gens n’ont pas de mémoire. Ils ne tirent pas de leçon de l’histoire. En fin de compte, ceci reste une affaire purement personnelle".

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