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Oppenheimer Robert

Julius Robert Oppenheimer, né le 22 avril 1904 à New York et mort le 18 février 1967 à Princeton (New Jersey, États-Unis), est un physicien américain qui s'est distingué en physique théorique puis comme directeur scientifique du Projet Manhattan. À cause de son rôle éminent, il est régulièrement surnommé le « père de la bombe atomique ». Opposé au développement d'armes thermonucléaires, il est discrédité par le gouvernement américain dans les années 1950 à l'époque du maccarthysme. Réhabilité dans les années 1960, il termine brillamment sa carrière universitaire. Élevé dans une famille fortunée, intellectuelle et libérale, il maîtrise l'allemand, l'anglais et le français au point qu'il peut lire les ouvrages des plus grands chimistes, mathématiciens et physiciens de l'époque dans leur langue d'expression. Profitant des enseignements des meilleurs physiciens européens, il publie des articles importants en mécanique quantique, en physique des particules et en physique nucléaire. Il est également reconnu par la communauté scientifique pour la publication d'une thèse concernant la naissance des trous noirs dans l'Univers.

Pendant les années 1930, ses travaux théoriques et son prestige font de l'université de Californie à Berkeley l'un des plus importants centres de recherche en physique. En février 1943, malgré l'opposition des services de sécurité de l'armée américaine due au passé gauchiste d'Oppenheimer, le général Leslie Richard Groves le nomme directeur scientifique du Projet Manhattan. Sous sa direction efficace, le Laboratoire national de Los Alamos met au point les trois premières bombes atomiques de l'Histoire. Même s'il juge que les États-Unis auraient dû transmettre plus d'avertissements au Japon avant de bombarder Hiroshima et Nagasaki, il reste partisan de l'usage des bombes atomiques. Après la Seconde Guerre mondiale, il est nommé président du General Advisory Committee qui conseille la Commission de l'énergie atomique des États-Unis. En 1953, pendant le maccarthysme, Oppenheimer voit son habilitation de sécurité révoquée en raison de son opposition au développement des armes thermonucléaires. En 1963, il est réhabilité politiquement lorsque le gouvernement des États-Unis lui décerne le prix Enrico-Fermi. Il termine sa carrière à l’Institute for Advanced Study qui devient, sous sa direction, un centre de recherche fondamentale de premier plan. 

Oppenheimer Robert
Jeunesse et formation

Jeune enfance

Le 23 mars 1903, l'Allemand Julius Oppenheimer, homme d'affaires prospère établi aux États-Unis, épouse l'Américaine Ella Friedman, femme d'une « grande sensibilité, aux goûts artistiques prononcés ». Le 22 avril 1904, Ella, installée avec son mari à New York, donne naissance à Julius Robert Oppenheimer. Quelques années plus tard naît un autre enfant, Lewis Frank, qui meurt en bas âge. En 1912 naît Frank, qui sera physicien comme Robert. Leur mère Ella dirige avec gentillesse et rigueur la maison, où se trouvent plusieurs œuvres d'art acquises par son mari (notamment des toiles de Pablo Picasso, Rembrandt, Auguste Renoir et Vincent van Gogh). Le couple emploie trois bonnes qui demeurent sur place.

Après la mort de Lewis Frank et à la suite des fréquentes maladies de l'aîné, Ella devient « très protectrice ». En effet, une nourrice, puis une gouvernante accompagne toujours le jeune Robert. Leur relation est étroite et Robert la vénère. Son père est extraverti et jovial, ce qui heurte les valeurs de sa mère et, par ricochet, de Robert, qui éprouve de la honte de ne pas apprécier suffisamment son père. Les parents sont de confession juive, mais ne pratiquent pas. Ils adhèrent à une association agnostique qui gère une école, que Robert commence à fréquenter à partir de septembre 1911. L'association promeut la justice sociale avant l'accroissement des biens personnels. Le jeune Robert est plongé dans un milieu qui prône la recherche indépendante, l'exploration empirique et la pensée libre, valeurs représentatives de la science. 

Carrière

L'éveil d'une vocation

Issu d'une famille aisée de juifs allemands immigrés, Julius Robert Oppenheimer (le premier de ses prénoms est celui de son père, qu'il refusera de porter et réduira à sa seule initiale) est l'aîné de deux garçons (son frère, né en 1912, sera également physicien). Son père a fait fortune dans les affaires ; sa mère est artiste peintre. L'intérêt que portent ses parents à la littérature et aux arts stimule très tôt ses capacités intellectuelles. Adolescent timide et gauche, de constitution fragile, peu attiré par le sport, il se révèle en revanche un élève très doué, manifestant une grande curiosité scientifique (en minéralogie notamment). Après de brillantes études à l'Ethical Culture School de New York, il entre en 1922 à l'université Harvard, où il se spécialise en chimie, tout en suivant aussi des cours de physique, de mathématiques, de langues et de littérature. 

Après l'obtention, en 1925, de sa licence de chimie, avec la mention summa cum laude, il décide de s'orienter vers la physique théorique. Quatre ans de séjour en Europe vont lui permettre de côtoyer les plus grands physiciens de l'époque et de travailler, à leur côté, sur les applications des nouvelles théories (relativité, mécanique quantique). Il rejoint d'abord le laboratoire Cavendish de Cambridge, alors dirigé par Ernest Rutherford, puis travaille à Göttingen sous la direction de Max Born, où il rencontre Niels Bohr et Paul Dirac et obtient son doctorat en 1927, avant de séjourner à Leyde auprès de l'Autrichien Paul Ehrenfest (1880-1933) et à Zurich auprès de Wolfgang Pauli.

Un artisan majeur de la bombe atomique

En 1929, il regagne les États-Unis, où il est nommé professeur de physique théorique au California Institute of Technology et à l'université de Berkeley. Pendant treize ans, il se partage entre ces deux institutions, menant parallèlement à son enseignement de nombreuses recherches : contributions à la physique quantique et à la théorie de la relativité, études sur les rayons cosmiques, les paires électron-positron et les étoiles à neutrons. L'étape suivante de sa carrière l'amène à jouer un rôle majeur dans la mise au point de l'arme atomique. En 1942, dans le cadre du projet de développement de la bombe atomique américaine (projet Manhattan), il est nommé directeur scientifique du laboratoire secret de Los Alamos, dans le Nouveau-Mexique. Il y réunit une équipe de scientifiques de haut niveau grâce à laquelle le projet est mené à bien en deux ans : le 16 juillet 1945, la première bombe nucléaire (nommée Trinity) explose dans le désert d'Alamogordo, et, le mois suivant, ont lieu les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki. 

Après la guerre, Oppenheimer participe à divers comités chargés d'orienter, aux États-Unis, les décisions concernant l'utilisation de l'énergie atomique. Mais, profondément marqué par sa part de responsabilité dans le développement et l'emploi de l'arme nucléaire, il milite désormais pour des utilisations pacifiques et un contrôle international de l'énergie atomique, et s'oppose au développement de la bombe à hydrogène. En 1947, il succède à Albert Einstein comme directeur de l'Institute for Advanced Study à l'université de Princeton. En 1953, en plein maccarthysme, il est accusé d'entretenir des rapports avec des communistes et se voit retirer son habilitation à accéder à des documents classifiés. Il va dès lors consacrer une large part de son temps à écrire et à prononcer des conférences, en s'intéressant plus particulièrement aux relations entre la science et la société (Science et bon sens, 1954). Réhabilité en 1963 par le président Johnson, qui lui remet la prestigieuse médaille Enrico Fermi pour sa contribution aux progrès de la physique nucléaire.

Projet Manhattan : invention de la bombe atomique

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le président des Etats-Unis Franklin Delano Roosevelt lance le projet Manhattan, qui aboutit à la mise au point d'une bombe atomique. Le projet prend fin en 1946.

Robert Oppenheimer et le projet Manhattan 

Réputé pour son expertise dans le domaine de la physique nucléaire, Robert Oppenheimer est recruté par le général Leslie Groves, en 1942, pour rejoindre le projet Manhattan. Il s'agit d'un programme gouvernemental top secret visant à développer la bombe atomique. En tant que directeur scientifique du projet, Oppenheimer devait s'assurer du respect de l'échéancier et du budget. Aussi, il supervisait une équipe prestigieuse, composée de nombreux lauréats du prix Nobel : Enrico Fermi, Arthur Compton, Ernest Lawrence. Le programme a mobilisé plus de 129 000 personnes, répartis sur plusieurs sites de recherche, Oak Ridge et Handford pour la production de matériel fissile notamment. Groves et Oppenheimer choisissent, pour abriter le centre de recherche sur les armes atomiques, un lieu très isolé et facilement contrôlable du Nouveau-Mexique : Los Alamos. La bombe atomique y sera mise au point et testée. Le célèbre scientifique est d'ailleurs présent lors du premier essai nucléaire, baptisé "Trinity", le 16 juillet 1945, près d'Alamorgodo, à 400 km de Los Alamos. C'est un succès pour Oppenheimer et son équipe. 

Robert Oppenheimer : responsable d'Hiroshima et Nagasaki ?

Après le succès de l'essai Trinity, les Américains décident d'utiliser la bombe atomique dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, pour forcer le Japon à capituler. Hiroshima et Nagasaki sont bombardées, le 6 et 9 août 1945, causant la mort de plus de 200 000 personnes, au grand regret d'Oppenheimer. En octobre 1945, il obtient un rendez-vous avec le président Truman pour dénoncer le sang qu'il avait sur les mains. Ce dernier, furieux, lui rappelle sa place dans la chaîne de commandement : "Ce n'est pas au physicien de se plaindre". Quelques mois après la fin de la guerre, Oppenheimer démissionne de son poste. En 1948, le scientifique déclare, lors d'une conférence : "Nous avons fabriqué une chose, une arme des plus terribles, qui a modifié brusquement et profondément la nature du monde.

Nous avons créé une chose qui, selon toutes les normes du monde dans lequel nous avons grandi, est une mauvaise chose". A partir de 1949, l'URSS développe ses propres bombes atomiques. Robert Oppenheimer, alors directeur du Conseil consultatif général de la Commission de l'énergie atomique, plaide pour un contrôle international de l'énergie nucléaire. Dans les années 1950, il s'oppose au développement de la bombe H, une bombe plus destructrice encore que la bombe larguée sur Hiroshima. La loyauté du physicien est alors mise en doute. Au même moment, son aventure avec une militante communiste est dévoilée. Robert Oppenheimer, accusé de sympathiser avec les communistes, se voit retirer son accréditation de sécurité en 1954. 

La vie privée de Robert Oppenheimer

Robert Oppenheimer s'est marié avec Katherine Puening Harrison, ou "Kitty", en 1940. Biologiste et botaniste, elle est également membre du parti communiste américain. Le couple a eu deux enfants, Peter et Katherine. Cependant, leur mariage est compliqué et Oppenheimer entretient plusieurs relations extraconjugales au cours de sa vie. Il a notamment eu une liaison avec une étudiante, Jean Tatlock, également membre du parti communiste américain. Oppenheimer est en conséquence accusé de s'être lié d'amitié avec les Soviétiques. Même si cette information est fausse, à l'époque du maccarthysme et de la guerre froide, la peur du communisme est la plus forte. Le scientifique est pourtant de gauche, mais n'a jamais adhéré au parti communiste, contrairement à ses proches. Finalement, celui qu'on qualifie de "père de la bombe atomique" s'est éteint le 18 février 1967, à la suite d'un cancer de la gorge. Robert Oppenheim était en effet un grand fumeur.

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