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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Traité de Lausanne 1923

Le traité de Lausanne est un traité de paix signé le 24 juillet 1923 au Palais de Rumine à Lausanne (Suisse). C'est le dernier traité résultant de la Première Guerre mondiale. Il précise les frontières de la Turquie issue de l'Empire ottoman et organise des déplacements de populations pour assurer l'homogénéité religieuse à l'intérieur de ses nouvelles frontières.

Traité de Lausanne 1923
Historique

Contexte : le traité de Sèvres et sa contestation

Ce traité remplace le traité de Sèvres, traité de paix signé le 10 août 1920 à Sèvres et mettant fin à la Grande Guerre en ce qui concerne l'Empire ottoman. Le traité de Sèvres institue une Arménie indépendante dans le Nord-Est de la Turquie actuelle, un Kurdistan autonome dans le Sud-Est, et laisse au royaume de Grèce la Thrace orientale et la région de Smyrne, toutes deux peuplées de populations mélangées (turques et grecques). Le traité de Sèvres dissout également l'armée ottomane, et place ce qui reste de l'Empire ottoman sous le contrôle des Britanniques, des Français et des Italiens, lesquels se partagent le pays en zones d'influence.

Le traité de Sèvres est accepté par le Sultan, mais refusé par le mouvement national mené par Mustafa Kemal Atatürk ; il n’est ratifié par aucun parlement, sauf celui de la Grèce. Dès l’automne 1920, Georges Leygues, alors président du Conseil, déclare, à la conférence de Londres, que la France ne ratifiera pas ce traité et qu’il faut le réviser. Mustafa Kemal, qui a commencé à organiser un pouvoir nationaliste parallèle en 1919, mène alors une guerre contre le pouvoir du Sultan, contre les troupes grecques et arméniennes et contre les troupes d'occupation italiennes et britanniques. En revanche, il bénéficie de l'appui de la France (qui, en mars 1921, signe un accord avec le gouvernement kémaliste, puis un traité de paix en octobre de la même année, et lui vend des armes) et de la Russie bolchévique (qui lui fournit également des armes et lui cède, au traité de Kars d'octobre 1921, le territoire arménien occupé un an plus tôt par les troupes kémalistes).

Le traité de Kars avalise, côté russe, celui d'Alexandrople, que la République arménienne avait dû signer, le 2 décembre 1920, à l'issue de la guerre arméno-turque, rendant à la Turquie le territoire de Kars (attribué à l'Empire russe par le traité de San Stefano en 1878). Ce territoire était peuplé de Lazes, de Meskhètes, de Géorgiens, et d'Arméniens survivants du génocide : ils sont expulsés et remplacés par des Turcs et des Kurdes. En février-mars 1921, se tient à Londres une conférence sur la révision du traité de Sèvres. Aucun règlement général ne conclut la conférence, mais l’Italie accepte de retirer ses troupes d’Anatolie. En mars 1922, l’Entente fait de nouvelles propositions à la Turquie kémaliste, en renonçant à prendre le traité de Sèvres pour base ; mais Kemal juge que ces propositions sont « loin, toutefois, dans leur fond, de contenter nos aspirations nationales. »

Après la large victoire des troupes kémalistes contre les troupes grecques en septembre 1922, le traité de Sèvres est définitivement caduc. Une conférence internationale se réunit alors, afin de le remplacer par un nouveau traité, reflétant le nouveau rapport de forces sur le terrain. Le chef de la délégation turque est İsmet İnönü. Après des mois de tractation, le traité est signé le 24 juillet 1923 à Lausanne entre la Turquie d'une part et la France, le royaume d'Italie, le Royaume-Uni, l'empire du Japon, le royaume de Grèce, le royaume de Roumanie, le royaume des Serbes, Croates et Slovènes d'autre part. 

Contenu du traité de Lausanne

Le traité reconnaît en premier lieu la légitimité du régime d'Atatürk installé à Ankara. Les Alliés obtiennent la reconnaissance par la république turque des pertes territoriales de l'Empire ottoman à Chypre, dans le Dodécanèse, en Syrie, Palestine, Jordanie, Irak et Arabie, mais en échange renoncent à demander l'indépendance, voire simplement l'autonomie, du Kurdistan et de l'Arménie, auparavant prévues dans le traité de Sèvres. Au sandjak d'Alexandrette près, les frontières de la Turquie actuelle sont reconnues : la république turque moderne est donc limitée à l'Anatolie (occidentale et orientale) et la Thrace orientale. Le traité institue aussi des échanges de populations obligatoires entre la Grèce et la Turquie (1,6 million de Grecs ottomans contre 385 000 musulmans de Grèce : ces échanges forcés ont débuté, « baïonnette dans le dos », avant même la signature du traité en juillet 1923). Dans une moindre mesure, les autres signataires sont également concernés, le régime kémaliste souhaitant « rapatrier » des Turcs de Bulgarie, de Roumanie ou du Dodécanèse italien en échange de populations chrétiennes de Turquie (Bulgares de la Thrace turque, Pontiques envoyés en Roumanie, Grecs de Cilicie envoyés à Rhodes). 

Près d'un demi-million de Grecs de Turquie sont morts (pour la plupart dans les camps ou en route) et 400 000 musulmans, en majorité Turcs, ont quitté, eux, la Grèce pour la Turquie. L'échange de population était strictement basé sur l'appartenance religieuse. Le traité prévoyait quelques exceptions : Istanbul et les îles de Gökçeada (Imbros) et de Bozcaada (Tenedos), où les minorités grecques (300 000 personnes) étaient autorisées à rester, et la Thrace occidentale, où la minorité musulmane (230 000 personnes) était aussi autorisée à rester. Mais, dans les décennies suivantes, les discriminations et persécutions déterminèrent aussi ces populations à quitter leurs territoires de sorte qu'au XXIe siècle il reste 140 000 musulmans en Grèce et seulement quelques milliers de Grecs en Turquie. À Lausanne, le contrôle des Alliés sur les finances et les forces armées turques est supprimé, ainsi que la zone démilitarisée autour des détroits des Dardanelles et du Bosphore, qui restent cependant ouverts, sans restriction ni contrôle turc, à la navigation maritime internationale. Le traité de Lausanne met également fin au régime des Capitulations qui accordait des conditions favorables aux institutions étrangères en Turquie, surtout dans le domaine économique et scolaire. 

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