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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Trenet Charles

Charles Trenet (né Louis-Charles-Augustin-Claude Trenet le 18 mai 1913 à Narbonne - mort le 19 février 2001 à Créteil) est un poète auteur-compositeur-interprète français. Surnommé « le Fou chantant », il est l’auteur de nombreuses chansons restées populaires dans le répertoire francophone, parmi lesquelles : La Mer, Y'a d'la joie, L'Âme des poètes, Je chante, Douce France, La Romance de Paris, Moi, j'aime le music-hall, Le Soleil et la Lune, Fleur bleue, Le Jardin extraordinaire, Que reste-t-il de nos amours ?, Fidèle.

Trenet Charles

Charles Trenet est né le 18 mai 1913 à Narbonne dans la maison de ses parents (aujourd'hui son musée), au 2 rue Anatole France (désormais 13 avenue Charles-Trenet). En 1920, ses parents divorcent. Charles partage alors son enfance entre Narbonne où réside sa mère et Perpignan où habite son père, Lucien, notaire et violoniste amateur. Plus tard, Trenet évoquera d'ailleurs la féminité de Narbonne (ville de sa mère) et la masculinité de Perpignan (ville de son père). Il développe sa sensibilité au swing grâce à sa mère qui joue au piano le morceau Hindustan et écoute sur le phonographe des standards de jazz de George Gershwin.

Charles et son frère Antoine sont placés dans un collège religieux à Béziers. « L'école était libre mais pas moi » confiera-t-il bien plus tard. Le poète gardera de ses années de pensionnat le souvenir douloureux de l'absence maternelle, thème récurrent dans son œuvre (cf. Le Petit Pensionnaire, l'Abbé à l'Harmonium, Vrai vrai vrai...). Trenet découvre le théâtre, la poésie et le sens du canular par l'intermédiaire d'Albert Bausil, poète perpignanais ami de son père, et de son journal hebdomadaire Le Coq Catalan dont le titre est déjà un calembour (coq à talent). Il publie des poèmes dans ce journal sous le pseudonyme de Charles ou Jacques Blondeau dès l'âge de 13 ans ou joue dans différentes pièces. Pendant deux ans, il dévore les ouvrages de poésie de la bilbiothèque de Bausil, développant sa culture littéraire.

En 1928, après avoir été renvoyé du lycée, suite à une injure envers le surveillant général, Trenet quitte Perpignan pour Berlin où vivent sa mère Marie-Louise et son second mari, le réalisateur Benno Vigny, tandis que son père se remarie avec Françoise. Pendant 10 mois, il fréquente une école d'art et rencontre des célébrités allemandes, amies de son beau-père, comme Kurt Weill ou Fritz Lang. À 16 ans, à son retour en France, il se rapproche du poète Albert Bausil. Il se destine à la peinture (son premier vernissage a eu lieu en 1927), prépare un roman, Dodo Manières qui sera publié en 1939, et s'identifie totalement au monde des arts.

Il quitte Narbonne pour Paris dans les années 1930, ayant convaincu son père qu'il veut étudier le dessin et l'architecture (comme son grand-père architecte) dans l'école des arts décoratifs. À son arrivée, il travaille dans un studio de cinéma où il est chargé de faire les « claquettes » annonçant le début d'une scène. Il se mêle au groupe d'artistes de Montparnasse. Il rencontre Antonin Artaud, Jean Cocteau et Max Jacob, auxquels il confie ses envies littéraires et qui le surnomment le « téméraire ». S'inspirant de Pills et Tabet, il forme en 1933 le duo Charles et Johny avec son ami le pianiste suisse Johnny Hess, rencontré en 1932 au College Inn, un club de jazz. Les deux compères, familiers du cabaret Le Bœuf sur le toit y rencontrent souvent le chanteur Jean Sablon auquel ils confient l'interprétation de la chanson qu'ils composent l'espace d'un soir, Vous qui passez sans me voir, qui deviendra bientôt un succès planétaire. Joséphine Baker leur met le pied à l'étrier en convainquant Henri Varna de les prendre sous contrat au Palace. Adeptes du style fleur bleue, ils chantent également au cabaret Le Fiacre jusqu'en 1936.

En 1937, Charles Trenet est alors appelé sous les drapeaux à la base d'Istres. Il participe à quelques galas en solo, dont l'un à Marseille au cabaret du Grand Hôtel Noailles, à l'occasion duquel il est surnommé le Fou chantant. C'est à ce moment de sa carrière qu'il compose – paroles et musique – ses chansons les plus célèbres : Y'a d'la joie, Je chante, Fleur bleue, mais ces chansons sont - dans un premier temps - confiés à d'autres interprètes : Y'a d'la joie est d'abord créée par Maurice Chevalier au Casino de Paris dans la revue Paris en joie de l'Exposition internationale de février 1937, puis dans le film L'Homme du jour de Julien Duvivier. La valse à tout le monde est interprétée par Fréhel, et Quel beau dimanche par Lys Gauty. Isolé et éloigné de Paris, Charles Trenet parvient à se faire muter à la base de Vélizy dans les Yvelines.

En décembre 1937, libéré du service militaire, il quitte son compagnon Johnny Hess et débute véritablement sa carrière en solo par une première séance d'enregistrement chez Columbia : Je chante et Fleur bleue. En janvier 1938, Trenet grave Y'a d'la joie et se réapproprie son œuvre par la même occasion. En mars 1938 vient son premier grand triomphe sur la scène d'un music-hall, à l'A.B.C.. Il chante également au micro de Radio Cité, notamment le titre Boum !, pour lequel il reçoit sa première consécration : le Grand Prix du Disque.

En 1938, il tourne en vedette dans les films La route enchantée et Je chante. N'aimant pas son visage poupin, il se crêpe les cheveux, visse sur sa tête un chapeau de feutre mou rabattu en arrière, s'habille avec un complet-veston bleu et plante un œillet rouge à sa boutonnière : le Fou chantant entame dès lors une longue tournée internationale qui le conduit en Angleterre, Espagne, Italie, Maroc, Grèce, Turquie, Égypte. La Seconde Guerre mondiale éclate et Trenet est mobilisé. Les journaux annonceront même officiellement sa mort ! Il donne une interview en août 1940 au quotidien l'Éclaireur de Nice dans laquelle il déclare : « C'est la troisième fois qu'on me tue. Je n'arrive pas à comprendre les raisons pour lesquelles on veut me trucider par persuasion. »

Pendant la guerre, Trenet se consacre essentiellement au cinéma et joue dans six films dont Je chante, Romance de Paris et Adieu Léonard. Écrit par Jacques Prévert en collaboration avec son frère Pierre et réalisé par ce dernier, Adieu Léonard sera le seul de ces films à rester dans la mémoire des cinéphiles. Lors de la Collaboration, il chante à Paris en 1941, certes en présence d'Allemands, mais il fait entendre des chansons telles qu'Espoir (« Tous les jours noirs ont leurs lendemains ») et Douce France, la France qu'on continue d'aimer « dans la joie ou la douleur », dont la salle reprend le refrain. Il a d'ailleurs été blessé d'une balle dans la jambe par des agents en fuite de la Gestapo en 1944, dénoncé dans le journal Je suis partout pour sa ressemblance avec « le juif Harpo Marx » ou dans le journal Le Réveil du peuple comme juif, alléguant que Trenet est une anagramme de Netter, « nom spécifiquement juif ». Il doit retourner chez sa mère pour trouver les papiers qui prouvent sa non-judaïté sur quatre générations, réfutant ainsi ces calomnies, ce qui lui vaut de ne plus être inquiété par la Gestapo. À la Libération, la commission d'épuration le critique (notamment pour avoir chanté un concert en Allemagne avec Tino Rossi et Édith Piaf et rencontré Adolf Hitler) mais le blanchit totalement.

Trenet n'évoquera cette période d'occupation que dans une seule de ses chansons écrite en 1992 et intitulée Nous, on rêvait. Il admettra aussi que cette sombre période a tari son inspiration ; ses œuvres postérieures à la guerre n'auront plus la fraîcheur et l'insouciance de ses premiers refrains. En 1945, Trenet part pour une tournée au Québec puis à New York où il connaît un assez grand succès (excepté l'emprisonnement de 26 jours en 1948 dans le centre d'immigration d'Ellis Island, soupçonné d'homosexualité, en pleine période de maccarthysme) en parcourant pendant près de deux ans le continent américain, du Brésil au Canada. Ce dernier voyage lui inspire plusieurs chansons, notamment Dans les Pharmacies et Dans les rues de Québec. Jusqu'en 1954, il va de concert en concert, sans s'arrêter d'écrire et de composer, et parcourt le monde.

En 1954, Trenet rentre à Paris où le public ne l'a pas oublié. Ses nouveaux succès comme La Mer écrite dans le train entre Perpignan et Montpellier ou Nationale 7 confortent sa notoriété. D'autres grandes chansons datent des années 1950 : La Folle Complainte (l'une de ses œuvres parmi les plus riches même si elle peut paraître hermétique), Moi, j'aime le music-hall et L'âme des poètes. En revanche, la période yéyé et les années 1960 sont pour lui une traversée du désert qui le plonge dans un oubli relatif. Pour se produire, il ne trouve que des cabarets tel le Don Camillo. En 1963, sa mère vient vivre avec lui à la mort de son mari Benno Vigny.

Le 13 juillet 1963, le chanteur, qui séjournait alors dans sa propriété « Le domaine des Esprits », proche d'Aix-en-Provence, est appréhendé à la suite d'une plainte de Robert Derlin son chauffeur licencié (propos rapportés par Eva Saan - La Provence). Il est placé sous mandat de dépôt et écroué à la maison d'arrêt d'Aix en même temps que son chauffeur qui l'accuse d'avoir eu une relation intime avec quatre jeunes hommes dont deux Allemands de 20 ans (à l'époque, la majorité était à 21 ans). Lors de cette incarcération de 28 jours, grâce à l'archevêque du diocèse monseigneur Charles De Provenchère, ses fans lui font parvenir un harmonium, installé dans la chapelle de la prison, qui fera le bonheur de ses codétenus. Quelques mois plus tard, il est condamné en première instance à un an de prison avec sursis et 10 000 francs d'amende pour « outrage à la pudeur » et « attentat aux mœurs ». Cette affaire repasse en appel : Charles Trenet obtient un non-lieu et sort blanchi par la justice.

Malgré les soutiens de nombre de ses fans, cet épisode l'affectera profondément, il songera même à abandonner la chanson (il évoque cette période dans Toute ta vie n'est qu'un manège, Et ce manège Depuis le collège Tourne parfois dans une prison… -Okahana). Cet épisode dévoilera aussi au public son homosexualité alors qu'il avait été toujours discret à ce sujet. Il reprit la route des studios et de la scène en 1971 pour faire ses adieux à l'Olympia en 1975. Il avait alors 62 ans. Trenet revient cependant à la scène en 1983 à l'occasion du Festival « Juste pour rire » de Montréal. Il ne la quittera plus : en 1987, alors qu'il est âgé de 74 ans, il fait un tabac au Printemps de Bourges où Jacques Higelin, inconditionnel des chansons de Trenet l'avait déjà présenté voire imposé lors du premier festival (à l'époque résolument rock), en 1977.

Les années passent, mais « le Fou Chantant » reste indémodable et inépuisable. Il fête ses 80 ans sur scène à l'Opéra Bastille en mai 1993 devant de nombreux admirateurs dont le président de la République française François Mitterrand. En 1999, il est fait membre de l'Académie des Beaux-Arts après avoir été refusé à l'Académie française en 1983. Il enregistre sa dernière chanson Les poètes descendent dans la rue en studio le 5 mars 1999 avec des musiciens de l'Orchestre philharmonique de Radio France à l'occasion de la première édition du Printemps des Poètes. Son dernier concert date de novembre 1999, à la salle Pleyel à Paris où il donne trois récitals, chantant assis.

Fatigué, Charles Trenet se retire chez lui, où deux accidents cardio-vasculaires successifs l'épuisent. Transporté à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, il y décède le lundi 19 février 2001, à l'âge de 87 ans, après avoir écrit près de mille chansons. Charles Trenet est incinéré et ses cendres sont déposées dans la tombe familiale, au cimetière de l'Ouest de Narbonne, tombe modeste, sans granit, sans marbre, une simple dalle de ciment.

Il avait légué quelques années plus tôt la totalité de son patrimoine à Georges El Assidi, qui fut son compagnon et secrétaire pendant près de 20 ans. Selon Lucienne Trenet (demi-sœur de Charles), et Wulfran Trenet (fils de Claude et neveu de Charles), Georges El Assidi aurait dilapidé l'héritage, et ils contestent en 2008 le testament signé du 28 décembre 1999 en assignant Georges El Assidi pour « abus de faiblesse, extorsion, violence et homicide volontaires ». L'affaire aboutit à un non-lieu.

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