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Vacher de Lapouge Georges

Vacher de Lapouge GeorgesLe comte Georges Vacher de Lapouge, né le 12 décembre 1854 à Neuville-de-Poitou (Vienne) et mort le 20 février 1936 à Poitiers (Vienne), est un anthropologue français. Magistrat, puis bibliothécaire, il est un théoricien de l'eugénisme et une figure de l'anthroposociologie. Né à Neuville-de-Poitou en 1854, Georges Vacher de Lapouge perd son père à l'âge de douze ans. Ne fréquentant pas l'école primaire, il apprend à lire et écrire auprès de sa mère, Marie-Louise-Augustine Hindré.

Il descend de François de Lapouge, compagnon de Jean Calvin. Élève au collège des jésuites de Poitiers en octobre 1866, puis au lycée - où Louis Liard, son professeur, lui fait découvrir Herbert Spencer et Charles Darwin - de 1868 à 1872, il devient ensuite étudiant en droit et reçoit la médaille d'or le 29 novembre 1877 pour une étude de 750 pages, De la pétition d'hérédité, présentée au concours de doctorat de la faculté de droit de Poitiers. Docteur en droit en 1879, sa thèse porte sur la Théorie du patrimoine en droit positif généralisé.

Commençant alors une carrière de magistrat, il est nommé substitut à Niort (1879-1880), procureur de la République au Blanc (1880-1881) et à Chambon (1881-1883). Lisant alors de nombreux ouvrage sur les sciences naturelles et la théorie de l'évolution, il n'en reste pas moins attaché aux principes républicains et, président du Cercle de la Ligue d'Enseignement du Blanc, n'hésite pas à prononcer, le 6 février 1881, une conférence intitulée « Du rôle de l'instruction chez les peuples libres », où il fait encore l'éloge du progrès des Lumières. Ne se jugeant pas fait pour la magistrature, il démissionne en mai 1883 et s'installe à Paris, où il subsiste en donnant des cours particuliers. Préparant l'agrégation de droit, il suit simultanément les cours de l'École pratique des hautes études, section d'histoire et de philologie, où il étudie l'assyrien, l'égyptien et l'hébreu ; de l'École du Louvre, où il s'intéresse à l'égyptologie ; de l'École des langues orientales, où il apprend le chinois et le japonais ; du Muséum et de l'École d'anthropologie de 1883 à 1886.

Ayant échoué à l'agrégation en 1884, il commence à publier ses recherches dans des revues savantes à partir de 1885-1886, qu'il s'agisse de la Revue générale du droit, de la législation et de la jurisprudence (1885-1886), de la Nouvelle revue historique de droit français et étranger (1886) ou de la Revue d'anthropologie (1886), où il diffuse la pensée eugéniste de Francis Galton. Nommé en 1886 sous-bibliothécaire à l'Université de Montpellier, il y donne, à partir du 2 décembre, et grâce à l'appui de Liard, alors directeur de l'enseignement supérieur, un cours libre d'anthropologie à la faculté des sciences, où il développe ses idées sur la théorie de l'hérédité et les sélections sociales. En 1887 et 1888, ses cours sont publiés dans la Revue d'anthropologie. Toutefois, il ne parvient pas à faire créer une chaire d'anthropologie dont il soit le titulaire, et son cours est supprimé en octobre 1892. En effet, son militantisme socialiste gêne : il est candidat socialiste aux élections municipales depuis 1888, il a fondé la section de Montpellier du Parti ouvrier français de Jules Guesde en 1890, et il collabore au Messager du Midi puis à la République du Midi. Enfin, le 1er mars 1893, le laboratoire d'anthropologie de Montpellier est fermé.

Lapouge parvient alors à se faire nommer bibliothécaire en chef à l'université de Rennes, où il demeure jusqu'en 1900. Puis il prend la tête de la bibliothèque de l'université de Poitiers, et ce, jusqu'à sa retraite en 1922. Défenseur d'un socialisme sélectionniste et aryaniste, impliquant une nouvelle morale et, s'inspirant des philosophies de la nature dérivées du darwinisme, en particulier celle d'Ernst Haeckel, il défend une religion civique et panthéiste du vital et du solaire dépassant les idéaux ascétiques et individualistes issus du christianisme. Proche de René Worms, père de la sociologie biologique, il publie de nombreux articles dans la Revue internationale de sociologie, que celui-ci a créée en 1893.

Ses idées reçoivent un accueil bienveillant d'auteurs comme George Bernard Shaw, Édouard Drumont ou Georges Sorel mais sont aussi très sévèrement critiquées dans le milieu scientifique, en particulier parmi les sociologues durkheimiens. Définitivement disqualifié à partir de 1902 auprès du monde universitaire du français par ses critiques des durkheimiens et des dreyfusards, Lapouge perd en 1902 tout espoir d'obtenir une chaire d'anthropologie. À partir de 1902-1903, déconsidéré scientifiquement et politiquement, il ne peut plus publier ses recherches que dans des revues étrangères, américaines ou allemandes. Neuf articles paraissent ainsi de 1904 à 1909 dans la revue Woltmann. Réunis en volume, ils sont publiés chez Rivière en 1909 sous le titre Race et milieu social. Essais d'anthroposociologie. En mars 1909, candidat à la chaire d'anthropologie du Muséum de Paris, il publie un résumé de ses travaux scientifiques recensant 87 publications de 1880 à 1909. Mais sa candidature, comme à chaque fois, est rejetée.

Faisant des adeptes à l'étranger, Lapouge est élu en décembre 1920 membre correspondant, en France, de la Galton Society, fondée à New York en mars 1918. De même, lors du second congrès eugénique international, qui se tient à New York du 22 au 28 septembre 1921, il est invité à faire une communication sur « La race et les populations mélangées ». Plus tard, il est invité par la leader féministe Margaret Sanger au sixième congrès international du mouvement « Birth Control » - mouvement néo-malthusien -, qui se tient à New York en mars 1925. Engagé en faveur du contrôle des naissances, il traduit en français et fait paraître chez Payot en 1926 The Passing of the Great Race (1916), ouvrage de son ami et correspondant Madison Grant, président depuis 1922 de l'Immigration Restriction League, qui considère l'immigration comme une menace pour la survie de la race blanche. Enfin, de 1927 à 1934, il publie de nombreux articles dans les revues eugénistes anglo-saxonnes, l’Eugenics Review de Londres et l’Eugenicals News de New York. Côté allemand, il noue en mars 1927 des relations avec Hans F. K. Günther (1891-1968), théoricien völkisch des races européennes, il donne des articles à die Sonne, une revue völkisch et eugéniste fondée en 1924.

De même, jusqu'en 1934, il entretient une correspondance avec Ludwig Schemann, dont il a fait la connaissance lors de son adhésion à la Gobineau-Vereinigung en 1898. Enfin, il est en relation constante avec l'Anneau Nordique (Nordischer Ring), organisation mystico-raciste fondée en 1926 par Paul Schultze-Naumburg, où il retrouve Schemann. Ambivalent face au nazisme, il se sent flatté de l'application politique de ses idées racistes, eugénistes et collectivistes, mais dénonce la dénaturation de ses principes sélectionnistes. Le 12 mai 1935, dans une lettre à la veuve de son disciple Du Pont, il s'interroge sur Hitler : « L'avenir dira si la politique de croquemitaine de ce grand homme ne peut aboutir qu'à d'effroyables exterminations et à la fin des meilleurs. » Il s'éteint quelques mois plus tard, en février 1936, à l'âge de 81 ans, dans une indifférence presque générale.

Ses théories connaissent un bref renouveau en France sous l'Occupation, avec les travaux des doctrinaires racistes et eugénistes René Martial (1873-1955) et George Montandon (1879-1944). Darwiniste convaincu et persuadé que le sort du monde repose sur la victoire des aryens sur les juifs, il publie en 1899 le texte de ses cours sous le titre : L'Aryen, son rôle social, sous-titré « cours libre de science politique, professé à l'Université de Montpellier (1889-1890) », qui a fourni les éléments fondateurs de l'antisémitisme nazi. À partir de ses travaux d'anthropologie, il a théorisé scientifiquement sa vision raciale et raciste du monde. Il oppose la race blanche, aryenne, dolichocéphale, porteuse de grandeur, à la race brachycéphale, « inerte et médiocre ». Classant et hiérarchisant les races humaines, il détermine plusieurs types en Europe :

  • l’Homo europeus, grand blond (anglo-saxon ou nordique), protestant, dominateur et créateur ;
  • l’Homo alpinus, représenté par l'Auvergnat et le Turc, « parfait esclave craignant le progrès » ;
  • l’Homo contractus, ou méditerranéen, enfin, incarné par le Napolitain et l'Andalou, appartenant aux races inférieures.

La typologie raciale de Lapouge étant de nature zoologique, il propose, pour désigner une communauté constituée d’éléments de races différences, mais partageant une même culture, d'employer le terme « ethnie », mot qu'il est, selon André Béjin, le premier à utiliser. Ainsi, à ses yeux, les Juifs ne sont pas une race, mais une « nationalité » ou une « race ethnographique ». Convaincu comme Gobineau de l'importance du facteur racial dans l'évolution d'une civilisation, il insiste sur l'infériorité physiologique et psychologique des métis et le risque d'extinction de la race représenté par le métissage, mais il précise que le phénomène de l'hérédité est « compliqué par le jeu simultané de la sélection dont Gobineau n’avait point idée. D’une manière fort active, celle-ci intervient sous d’innombrables formes pour éliminer la race des vainqueurs et bientôt même des métis ».

Il a également introduit dans la langue française, en 1886, le terme « eugénique », comme traduction du substantif anglais « eugenics » proposé trois ans plus tôt par Francis Galton. Opposé comme Darwin au bellicisme, Lapouge considère que, si la guerre est un facteur de sélection « chez les peuples peu civilisés », les plus faibles succombant les premiers, au contraire, dans les guerres modernes, « la chance d’être éliminé par une mort prématurée n’est encourue que par les individus les plus sains, les plus aptes ». Prévoyant les guerres futures, dans un monde où « les nations deviennent colossales et l’univers trop petit », il considère que le militarisme des nations européennes de la fin du dix-neuvième siècle compromet l'avenir du continent au profit de l'Amérique et de l'Extrême-Orient.

Il se fit remarquer par cette prophétie devenue célèbre, prononcée lors de la séance inaugurale du 2 décembre 1886, en chaire d'anthropologie: « Je suis convaincu qu'au siècle prochain, on s'égorgera par millions pour un ou deux degrés de plus ou de moins dans l'indice céphalique. » Pour Pierre-André Taguieff, « Lapouge, racialiste et raciste, est résolument et conséquemment anti-nationaliste ; eugéniste, il n'est ni nataliste ni néo-malthusien », « partisan enthousiaste de l'amélioration indéfinie de l'espèce humaine, il ne croit qu'à la toute-puissance de l'hérédité, place tous ses espoirs dans les pouvoirs régénérateurs de la sélection volontaire des procréateurs, et dénonce les illusions de ceux qui font confiance à l'éducation et à l'action du milieu social pour "perfectionner" ou remodeler l'homme; matérialiste et scientiste, il ne croit pas au dogme du Progrès et se classe plutôt parmi les prophètes de la décadence fatale et finale. »

Il est par ailleurs l'auteur de Les Sélections sociales, sous-titré « cours libre de science politique, professé à l'Université de Montpellier (1888-1889) ». Un autre ouvrage, Le Sémite, son rôle social, reprenant le cours de 1890-1891, n'a jamais été jamais publié, non plus que Contre la morale et La plus grande conscience, dont les manuscrits ont disparu. Le 4 septembre 1883, il se marie avec sa cousine Marie-Albertine Hindré, alors âgée de 17 ans, avec laquelle il a quatre enfants, dont seul a survécu Claude Vacher de Lapouge (1886-1963). Ce dernier, docteur en médecine et en droit, fut professeur à la faculté de droit de Téhéran de 1923 à 1927 et bibliothécaire en chef de l'Université de Caen, avant de présider la Commission scientifique pour l'étude des questions de biologie raciale, créée par Pierre Laval fin 1940, puis l'Institut d'anthroposociologie, fondé par ses soins, de 1942 à 1943.


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