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Éric Dupond-Moretti, né le 20 avril 1961 à Maubeuge, est un avocat et homme politique français. Il possède également la nationalité italienne. Avocat pénaliste, il est réputé pour le nombre d'acquittements qu'il a obtenus, mais aussi par certaines controverses qu’il suscite du fait de sa forte médiatisation. Le 6 juillet 2020, il est nommé garde des Sceaux, ministre de la Justice au sein du gouvernement Jean Castex, sous la présidence d'Emmanuel Macron.
Né Éric Dupond, il est le fils unique de Jean-Pierre Dupond, ouvrier métallurgiste originaire de l'Avesnois, et d'Elena Moretti, femme de ménage d’origine italienne. Il perd son père à l'âge de quatre ans, sa mère l’élève alors seule. Il fait ses études secondaires au lycée catholique Notre-Dame, à Valenciennes, où il obtient son baccalauréat. Sa vocation d'avocat puise ses origines dans son histoire familiale. Son grand-père maternel, immigré italien, est retrouvé mort en 1957 dans des conditions suspectes, le long d'une voie ferrée. Son oncle porte plainte afin qu'une enquête soit ouverte. Ceci le décidera à choisir la voie du droit. Dupond-Moretti dit : « Je pense que c’est à l’origine de cette vocation. Cela y participe à l’évidence ».
Comme plusieurs grands pénalistes orphelins de père (Robert Badinter, Georges Kiejman, Hervé Temime), son enfance est marquée par ce sentiment d'injustice. Mais le véritable déclic a lieu à 15 ans en 1976 lorsqu'il entend à la radio l'annonce de l'exécution de Christian Ranucci. Dans son livre Directs du droit, il écrit être devenu avocat par « détestation de la peine de mort ». Il effectue plusieurs petits boulots pour financer ses études : fossoyeur, maçon, ouvrier à la chaîne, déchargeur de sacs de sable, serveur dans des boîtes de nuit ou serveur de restaurant, assistant d'éducation. À l'issue de ses études de droit, il est reçu à l'examen d'entrée à l'école d'avocats. Il est lauréat ex æquo de la Conférence du stage, le concours d'éloquence des avocats du barreau de Lille.
Après avoir prêté serment comme avocat le 11 décembre 1984 à Douai, il s'inscrit au barreau de Lille. Engagé dans un cabinet lillois après avoir vainement tenté d'intégrer plusieurs cabinets d'avocats réputés, il commence sa carrière dans les prud'hommes, puis dans les commissions d'office avec pour mentors l'avocat lillois Jean Descamps et l'avocat toulousain Alain Furbury dont il porte aujourd'hui la robe. Lors de sa première affaire, des pièces qui lui sont destinées sont envoyées à un confrère nommé également Dupond, c'est alors qu'il décide d'adjoindre à son patronyme, à titre d'usage, le nom de sa mère (Moretti), lui rendant ainsi hommage. Il obtient son premier acquittement le 27 mars 1987. En 1993, il se dit victime d'un « coup fourré » de la part du procureur José Thorel qui aurait tenté de le faire tomber dans un dossier de stupéfiants, des traces de cocaïne ayant été retrouvées dans sa berline. Il subit alors une perquisition et une garde à vue qui auraient pu mettre fin à sa carrière.
En décembre 2008, il détient le record des acquittements obtenus sur le territoire français. Pour ses résultats, il est surnommé « Acquittator » dans les prétoires. Ses victoires lui valent aussi le surnom d'« Ogre du Nord ». Son aversion à l'égard d'une certaine magistrature, « institution de faux-culs, petit monde de l'entre-soi et de l'irresponsabilité » et le rapport de force qu'il engage avec les magistrats lors des procès font que certains d'entre eux voient en lui un « terroriste des prétoires ». En février 2020, il obtient son 145e acquittement. Selon ses propres dires, le surnom qu'on lui donne était initialement « Acquittador », en référence à sa passion pour la tauromachie. Ce surnom fut repris en « Acquittator » transformant ainsi le « D » en « T », en référence cette fois à Terminator, par un journaliste présent au moment des faits lors d'une conférence à Marseille, sobriquet qu'il n'apprécie pas.
En 2016, après trente ans à Lille, il s'inscrit au barreau de Paris et fonde, en association avec l'avocat Antoine Vey, le cabinet Dupond-Moretti & Vey. Vincent Hugeux de L'Express décrit en 2018 la situation paradoxale qui fait du « tonitruant défenseur des humbles, des sans-grades », l'avocat ou le conseiller de certains chefs d’État africains peu respectueux des règles démocratiques et des droits de l'homme. En juillet 2020, après sa nomination en tant que garde des Sceaux, il coupe tous ses liens avec son métier d'avocat et demande son omission du barreau. Son ancien cabinet change alors de nom pour devenir « Vey & Associés ».
Éric Dupond-Moretti préside le comité de soutien de Martine Aubry pour les élections municipales de 2008 à Lille. Il signe également une tribune en sa faveur dans Libération avant les primaires socialistes de 2011. Il lui prédit alors : « vous serez réélue, la souveraineté populaire est raisonnable ». Il refuse la Légion d'honneur en 2013, tout comme il a refusé d'entrer en franc-maçonnerie, par désintérêt pour des cérémonials pesants, affirmant : « Oui, je suis un homme libre. J'admets ma fierté d'être avocat, d'avoir refusé la Légion d'honneur et la franc-maçonnerie ». En mai 2015, Éric Dupond-Moretti se déclare partisan de l'interdiction du Front national, tout en précisant que « c’est compliqué car après, il y a reconstitution de ligue dissoute ». En septembre 2019, il plaide pour les policiers présumés victimes de la réaction virulente de Jean-Luc Mélenchon et de ses proches aux perquisitions effectuées à son domicile et au siège de la France insoumise en octobre 2018.
Au moment de l'affaire, Jean-Luc Mélenchon fait allusion à de supposées proximités entre Éric Dupond-Moretti et le pouvoir présidentiel, en réponse de quoi l'avocat lui conseille de « prendre une camomille ou de l'homéopathie pour se calmer ». En octobre 2019, il signe avec 40 personnalités du monde du spectacle et de la culture, parmi lesquelles Denis Podalydès, Pierre Arditi, l'ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen ou le journaliste Patrick de Carolis, un appel contre l'interdiction de la corrida aux mineurs que la député Samantha Cazebonne voulait introduire dans une proposition de loi sur le bien-être animal. Le 20 février 2020, il se prononce contre l'utilisation de pseudonymes sur les réseaux sociaux (une pratique souvent assimilée à une forme d'anonymat). À ce sujet, il déclare : « Il faut interdire toute communication sur les réseaux sociaux qui ne serait pas signée. L'anonymat libère un tas de lâches qui peuvent dire toutes les conneries du monde ».
Le 6 juillet 2020, il est nommé garde des Sceaux, ministre de la Justice dans le gouvernement Castex. La nomination de cette « personnalité clivante » provoque « un très vif émoi dans la magistrature » et suscite l'opposition de l'Union syndicale des magistrats, qui y voit une « déclaration de guerre à la magistrature ». Dans les jours qui suivent la proclamation du nouveau gouvernement, des militantes féministes manifestent contre la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur et contre la sienne à la Justice. Elles lui reprochent « un désintérêt et des attaques » contre les prises de paroles de femmes victimes de violences. Lors de la passation des pouvoirs, le 7 juillet, il promet de faire de son ministère « celui de l’antiracisme et des droits de l'homme ». Sa première visite officielle a lieu le jour même à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Il choisit comme directrice de cabinet Véronique Malbec, magistrate, jusqu'alors secrétaire générale du ministère de la Justice.
En 1991, il épouse Hélène, une ancienne jurée rencontrée lors d'un procès d'assises, avec qui il a deux enfants. Divorcé, il partage sa vie depuis 2016 avec la chanteuse québécoise Isabelle Boulay. Passionné de chasse, il possède une ferme flamande avec des chiens d'arrêt et des rapaces élevés pour la chasse au faucon. Il est aussi passionné de corrida. C'est un grand lecteur d'ouvrages de politique et de droit.
Article Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Dupond-Moretti