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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Nakache Alfred

Alfred Nakache, né le 18 novembre 1915 à Constantine en Algérie et mort le 4 août 1983 à Cerbère (Pyrénées-Orientales), est un nageur et joueur de water-polo français. Surnommé « Artem », il est aussi connu sous le surnom de « nageur d'Auschwitz ». 

Nakache Alfred
Nakache Alfred
Nakache Alfred
Nakache Alfred
Nakache Alfred
Nakache Alfred
Un champion d'avant-guerre, de Constantine à Toulouse

Alfred Nakache est le cadet des onze enfants d'une famille juive de Constantine. Souffrant d'une phobie de l'eau, il parvient à la surmonter et il remporte en 1931, la coupe de Noël de Constantine. Il est alors licencié à la Jeunesse Nautique (JN) constantinoise et ce jusqu’en 1934. Après des premières compétitions locales où il ignore même qu'il faut suivre les lignes d'eau, il progresse très vite. En 1933, il participe à ses premiers championnats de France, et déménage à Paris à la fin de l'été. Aux championnats de France 1934, il termine 2e du 100 mètres nage libre derrière Jean Taris et est sélectionné en équipe de France pour une rencontre junior contre les Pays-Bas. Il ne peut participer aux championnats d'Europe suivant parce qu'il n'est pas éligible en tant que Français né hors du « sol français » et pas encore licencié dans un club en France. Néanmoins, il participe à l'équipe du tour de France nautique.

Il est licencié au Racing Club de France de 1934 à 1936 et inscrit en 1934 au lycée Janson-de-Sailly. Il participe aux rencontres préparatoires des Jeux olympiques d'été de 1936 puis bat, la même année, le record d’Europe du relais 4 × 200 m en (9 min 22 s 6/10) avec Jean Taris, René Cavalero et Diener. Aux Jeux olympiques, dans un contexte particulier pour cet athlète juif, il termine 4e avec le relais 4 × 200 nage libre avec Jean Taris, René Cavalero et Christian Talli devant l'Allemagne. Il est licencié au CN Paris de 1937 à 1938 quittant son premier club parisien à cause semble-t-il d'injures racistes et antisémites6. Il effectue durant cette période son service militaire à la base aérienne 117 Paris. Il réussit en 1939 l'examen pour devenir professeur d'éducation physique. Il intègre par la suite l'École normale d'éducation physique, futur Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, comme son épouse Paule (née El Bèze), également juive8, avec qui il s'est marié le 6 octobre 1937.

Lorsque Philippe Pétain abolit le décret Crémieux, Alfred Nakache, en tant que juif d'Algérie, est déchu de sa nationalité française. Professeurs et juifs, lui et son épouse, doivent partir pour continuer de travailler et s'installent avec leur fille à Toulouse en zone libre. Il est alors licencié aux Dauphins du TOEC de Toulouse sous la direction d'Alban Minville. Durant cette période, il se rapproche des réseaux de résistances juifs comme l'Armée juive, en aidant notamment à la préparation physique des recrues. Jean Borotra, commissaire aux Sports du régime de Vichy, l’emmène dans une tournée en Afrique du Nord, où il est plusieurs fois choisi pour la levée des couleurs. En 1942, il gagne cinq titres de champion de France au 200 m brasse, relais 4 × 200 m nage libre et aux 100 m, 200 m, 400 m nage libre. 

Le « nageur d'Auschwitz »

D'abord en vue pendant l'occupation pour ses records où il devient rapidement l'un des nageurs les plus titrés du pays, il est progressivement dénoncé par la presse collaborationniste par antisémitisme. Il est finalement interdit de bassin lors des championnats de France de Toulouse en 1942, ce qui entraîne un boycott de ses camarades du TOEC. Arrêté en novembre 1943, il est déporté à Auschwitz depuis la gare de Bobigny par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944 après son passage à la prison Saint-Michel et Drancy. Séparé physiquement de sa femme Paule et sa fille de deux ans Annie, il ignore leur sort et n'apprendra que plus tard la mort de sa fille et supposera celle de son épouse, sa fille étant tuée dès son arrivée dans les camps tandis qu'il n'eut jamais de nouvelle de son épouse.

Aidé par une constitution physique exceptionnelle, il résiste aux mauvais traitements. Y compris à l’humiliation imposée par les gardiens qui l’obligent à aller chercher avec les dents un poignard qu’ils ont jeté au fond de la piscine (en fait un bassin de rétention d’eau prévu pour les incendies). Sa résistance consiste à défier ses bourreaux en improvisant à leur insu des séances de baignade dans la piscine en compagnie de quelques camarades. En janvier 1945, le camp est évacué dans le cadre des Marches de la mort, sous la menace de l’avancée de l’Armée rouge. Alfred Nakache participe à l'une d'elles, au cours de laquelle les survivants des camps d’extermination sont menés dans des camps d’internement. Il se retrouve ainsi à Buchenwald, d’où il est libéré en avril.

Le retour du champion rescapé

Après la guerre, il revient à Toulouse, avec sa seconde épouse, et devient professeur d’éducation physique à la faculté de droit. Il reprend l'entraînement, et du poids, puisqu'à sa sortie d'Auschwitz, il ne pèse plus qu'une quarantaine de kilogrammes, et qu'avant le camp il en pesait environ quatre-vingt. Il retrouve le haut du classement (champion de France et prenant part au record du monde 3 × 100 m 3 nages en 1946) et participe aux Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres, devenant, en plus d'être nageur à l'épreuve de 200 m brasse papillon, également membre de l’équipe de France de water-polo. Il obtient là une sélection douze ans après ses premiers Jeux olympiques.

Il est alors très proche de la famille d'Alex Jany et il participe dans les années 1950 à l'entraînement de Jean Boiteux. Après une fin de carrière à La Réunion, il meurt le 4 août 1983, à la suite d'un malaise alors qu’il nageait dans le port de Cerbère, effectuant son kilomètre quotidien de natation. Il est inhumé au cimetière Le Py à Sète. Sur sa tombe apparaissent les noms de son épouse et de sa fille disparues. 

Postérité

De nombreux bassins français portent son nom, dont la principale piscine municipale de Toulouse (ex-piscine d'hiver du parc municipal des sports), baptisée ainsi par Raymond Badiou alors qu'il était déporté en 1944, ainsi que la piscine de Gentilly à Nancy, la piscine du quartier du millénaire à Montpellier et celle de Belleville à Paris (en double hommage au champion et aux nombreux déportés de ce quartier juif). L’État d’Israël lui décerne à titre posthume en 1993 le Trophée du Grand exemple, au Musée du sport juif international. Le Meeting international Alfred-Nakache (ou Vittel Cup) a été créé en son honneur, et en est à sa 12e édition en 2005. 

Palmarès

Records

  • Détenteur du record du monde du 200 m brasse papillon en 1941
  • Détenteur du record du monde au relais 3 × 100 m 3 nages en 1946
  • Détenteur du record d’Europe du 100 m papillon en 1941 et 1942 (22 juin 1941 et 14 février 1942)
  • Détenteur du record d’Europe du relais 4 × 200 m en 1936 (9 min 22 s 06) avec Jean Taris, René Cavalero et Diener
  • Détenteur du record de France du 400 m papillon en 1943
  • Détenteur du record de France aux relais 4 × 200 m nage libre en 1946, en 9 min 28 s 02

Championnats internationaux

  • Champion du monde universitaire du 100 m nage libre en 1936
  • Champion d’Afrique du Nord du 100 m nage libre en 1931
  • Médaille d'argent aux Maccabiades de 1935, sur 100 m nage libre.

Jeux olympiques

  • Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin :
    • 4e avec le relais 4 × 200 nage libre avec Jean Taris, René Cavalero et Christian Talli
  • Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres :
    • Participation à l'épreuve de 200 m brasse papillon
  • 6e avec l'équipe de France de water-polo
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