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L’exercice Able Archer 83 est un exercice militaire mené du 7 au 11 novembre 1983 par l'OTAN dans le but d'entraîner ses postes de commandement militaires aux procédures, notamment celles concernant l'utilisation de frappes nucléaires. Le niveau de réalisme atteint par les opérations déclenchées, couplé avec un environnement international tendu (invasion de la Grenade, crise des euromissiles, vol 007 Korean Air Lines, etc.), ont mené une partie de l'état-major soviétique à craindre qu'une première frappe américaine ne fût imminente : les forces nucléaires soviétiques furent mises en état d'alerte, ainsi que les unités aériennes stationnées en République démocratique allemande et en Pologne. Cet incident, relativement obscur, est considéré par certains au XXIe siècle comme l'un des moments où les deux blocs ont été les plus proches d'une guerre nucléaire depuis la crise des missiles de Cuba de 1962. La menace de confrontation s'éteignit d'elle-même avec la fin d'Able Archer le 11 novembre 1983, mais l'opération RYAN du KGB, visant à réunir des informations sur les intentions supposées de l'administration américaine d'attaquer l'URSS, dura jusqu'en novembre 1991.
L'exercice Able Archer s'est tenu du 7 au 11 novembre 1983. C'était un Command Post Exercise (exercice de postes de commandement, n'impliquant pas de déploiements de troupes) de l'« Allied Command Europe » (ACE) de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), et il était conçu pour pratiquer les procédures de commandement et d'état-major, avec une insistance particulière sur la transition des opérations conventionnelles aux opérations non conventionnelles, y compris l'utilisation d'armes nucléaires. L'exercice était dirigé par le Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe (SACEUR). Les participants étaient le Grand quartier général des puissances alliées en Europe, ses subordonnés immédiats (Major Subordinate Commands), leurs propres subordonnés (Principal Subordinate Commands), et d'autres quartiers-généraux de plus bas niveau de l'ACE. Un des buts de l'exercice était de pratiquer de nouvelles procédures de tir d'armes nucléaires qui avaient été révisées à la suite d'Able Archer 82.
Le scénario de l'exercice subvenait moins aux besoins d'exercice nucléaire que lors des dix années précédentes et était conçu pour se concentrer sur le processus de prise de décision. Toutefois c'était un exercice purement militaire et le quartier-général de l'OTAN - et donc les autorités politiques de l'Alliance - ne participaient pas à Able Archer 83. L'encadrement de l'exercice simulait les autorités politiques de l'OTAN. Il n'y avait pas de dirigeants nationaux impliqués, et cela n'avait jamais été envisagé, malgré des allégations ultérieures dans ce sens. L'implication de pays membres était limitée à deux « cellules de réponses » du Joint Chiefs of Staff (comité des chefs d’États-majors interarmées américain) et du ministère de la Défense britannique qui simulaient les autorités politiques des puissances nucléaires. Son coût a été de 111 millions de dollars américains (261 millions valeur 2014), celui de l'exercice Reforger 83 auquel il est associé qui a impliqué 40 000 militaires de l’OTAN en Europe dont 19 000 américains, dont 16 000 venu des États-Unis, 2,407 milliards de dollars (5,653 milliards valeur 2014).
Le scénario de l'exercice décrivait un affrontement entre le camp « BLEU » et le camp « ORANGE » (un « adversaire hypothétique » selon l'OTAN, mais en fait un Pacte de Varsovie dirigé par l'URSS à peine déguisé). Son scénario est le suivant :
Le résumé déclassifié de l'OTAN de l'exercice Able Archer 83. Fourni gracieusement par l'historien en chef du SHAPE, Gregory Pedlow, ceci est un récit de la façon dont la guerre froide aurait pu devenir nucléaire. Image fournie par le National Security Archive.
« Changement de direction chez ORANGE en février 1983. Critique des politiques de l'ancien gouvernement pour avoir laissé l'Ouest gagner une nouvelle influence dans le tiers Monde, notamment auprès des États du Golfe, et pour avoir échoué à empêcher la décision de BLEU de moderniser les forces nucléaires de théâtre occidentales en Europe.
Un exercice ayant failli entraîner une guerre réelle
Selon un compte-rendu de l'exercice effectué en 1990 par le President's Intelligence Advisory Board (PFIAB, en français : Conseil consultatif du renseignement étranger de la Maison-Blanche) et déclassifié en 2015, « les Soviétiques menèrent des actions militaires et de renseignement qui n'avaient jusqu'ici été observées que durant de réelles crises ». D'après de nombreux officiers soviétiques, l'état d'alerte des missiles nucléaires soviétiques durant l'exercice Able Archer 83 fut relevé au niveau « combat ». Leonard Perroots, un officier de renseignement militaire américain, remarque que, durant l'exercice, les forces soviétiques ne cessèrent d'augmenter leurs niveaux d'alerte, mais n'agirent pas en conséquence, s'abstenant de relever le niveau d'alerte des dispositifs militaires européens, ce qui aurait pu entraîner une réelle passe d'armes nucléaires.