Lueger Karl
Karl Lueger, né le 24 octobre 1844, mort le 10 mars 1910, était une personnalité politique autrichienne du XIXe siècle, qui fut maire de Vienne de 1897 jusqu'à sa mort en
1910. Son antisémitisme politique a inspiré le jeune Adolf Hitler, qui séjournait dans la capitale de
l'Autriche-Hongrie en 1908-1912.
Karl Lueger est né à Vienne où son père est gardien de l'Institut de Technologie. Il y fait des études de droit et passe son doctorat en 1870. Il ouvre alors un cabinet qui connaît rapidement un
grand succès ; il plaide avec une grande éloquence des affaires devant la cour. Il exerce jusqu'en 1896.
Il fonde et anime le parti chrétien-social autrichien (Christlichsoziale Partei, CS). En 1886, au Reichsrat de Vienne, il dénonce le compromis de 1867, parlant du « judéo-magyarisme ». Il
renouvelle ses attaques en 1891, ce qui lui vaut d’être exclu du Reichsrat. En 1890, Lueger est élu au Landtag d’Autriche, devenant une des figures de proue de la lutte contre le libéralisme et
la corruption.
Le parti chrétien-social remporte les élections municipales à Vienne en 1895. Après trois refus, l'empereur François-Joseph se résigne en 1897 à ce que Lueger devienne maire de Vienne, suite au
succès du parti de Lueger aux élections au Reichsrat. Lueger est réélu maire en 1903 et en 1909. Il décède durant son troisième mandat en 1910. Karl Lueger administre efficacement Vienne. De sa
politique municipale, l’écrivain Stefan Zweig (d'origine juive) écrit : « Sa façon d’administrer la ville était
parfaitement juste et même typiquement démocratique ». Une place du centre de Vienne, la Dr-Karl-Lueger-Platz lui est d'ailleurs dédiée et est ornée d'un imposant monument en son honneur.
Lueger est un admirateur d'Edouard Drumont. Député au parlement autrichien, il vote, en 1887, en faveur de la
proposition de loi de Georg Ritter von Schönerer pour restreindre l’immigration des Juifs de Roumanie et de Russie. Il soutient la Société Guido von List, une obscure société nationaliste. Selon
l'historien Ian Kershaw, son antisémitisme est motivé moins par ses sentiments profonds que par une approche populiste et démagogue destinée à amasser des voix. Néanmoins, à plusieurs reprises,
il expose des idées violemment antisémites pendant son mandat de maire.
Il va profondément influencer Adolf Hitler lors de son séjour viennois et joue (indirectement) un rôle crucial dans
la naissance de l'antisémitisme hitlérien. Hitler lui vouait une grande admiration et le rapporte à plusieurs
reprises dans Mein Kampf : « En tout cas, c'est en de pareille occasions que je fis la connaissance de l'homme et du parti qui décidaient du sort de Vienne : le Dr Karl Lueger et le parti
chrétien-social. Je leur étais très hostile lorsque j'arrivai à Vienne. L'homme et le parti étaient à mes yeux réactionnaires. Mais un sentiment de justice élémentaire devait modifier ce
jugement, lorsque j'eus l'occasion de connaître l'homme et son oeuvre et mon appréciation mieux fondée devint une admiration déclarée. Aujourd'hui plus encore qu'autrefois je tiens le Dr Lueger
pour le plus éminent bourgmestre allemand de tous les temps. Combien de mes préjugés furent balayés par un tel revirement d'opinion vis-à-vis du mouvement chrétien-social ! » « Son oeuvre comme
bourgmestre de Vienne est immortelle au meilleur sens de ce mot ; mais il n'a pu pu ainsi sauver la monarchie - il était trop tard. [...]Le Dr Lueger réussit d'une manière merveilleuse dans le
côté pratique de ses entreprises ; mais ce qu'il attendait ne se réalisa point. »
Plus loin, Hitler relate également les obsèques de Lueger : « Quand l'imposante procession funèbre, à la mort du bourgmestre, se mit en mouvement de l'hôtel-de-ville vers la Ringstrasse, je me
trouvais parmi les centaines de milliers de personnes qui assistaient à cette triste cérémonie. A mon émotion intérieure se mêlait le sentiment que toute l'oeuvre de cet homme avait été vaine,
parce que le sort menait cet Etat inexorablement à sa perte. Si le Dr Karl Lueger avait vécu en Allemagne, il eût pris rang parmi les premières têtes de notre peuple ; ce fut un malheur pour son
oeuvre et pour lui-même qu'il vécût dans cet Etat impossible ».