Devaivre Jean

Publié le par Roger Cousin

Devaivre JeanJean Devaivre naît le 18 décembre 1912, à Boulogne-Billancourt, dans la région parisienne. Fin 1934, avec les Arts et Métiers et les Beaux Arts, il entre comme décorateur à la Compagnie Française de Cinématographie. Il apprend tous les métiers du cinéma, et surtout le montage. A vingt-deux ans, il se voit confier le montage de «Boudu sauvé des eaux», de Jean Renoir, toujours dans ses boites depuis deux ans, afin de permettre au film de sortir en salles. Poursuit son apprentissage du cinéma: décorateur, monteur, opérateur, ingénieur du son, scénariste et adaptateur.

Il écoute, apprend, tourne des documentaires, approfondit la technique de montage en réalisant des dizaines de films-annonces. En 1937, il monte une société de films d’actualités. Puis devient Directeur technique de la CFDC, où il assume son premier rôle d’assistant metteur-en-scène pour «Alerte en Méditerranée». Léo Joannon, le metteur en scène, a un grave accident de voiture, et Jean termine seul le tournage. En 1939, Devaivre est mobilisé comme officier de cavalerie, s’illustre en 1940 en évitant à une division complète de 3 000 hommes de tomber à l’ennemi.

Démobilisé, Jean Devaivre retrouve le cinéma, et en 1941, il assiste Léon Mathot pour la réalisation de «Cartacalha» avec Viviane Romance. Il réalise, la même année, deux petits films de figurines animées. Dès 1941, avec son ami Jean-Paul Le Chanois, Devaivre s’est engagé dans la résistance, sous le nom de Brennus. Il est assistant de André Cayatte pour «Pierre et Jean» (1943), avant de rejoindre, à temps complet, son réseau de résistance dans le charolais. En 1945, il passe enfin à la réalisation de son premier long métrage: «Le roi des resquilleurs» avec Rellys. Deux ans plus tard, il dirige Paul Meurisse dans «La dame d’onze heures». En 1949, il remporte le grand prix au Festival de Locarno, pour la réalisation de «La ferme des sept péchés» avec Jean Vilar et Jacques Dufilho.

Dans les années cinquante, Jean Devaivre réalise trois de ses plus grands succès commerciaux: «Un caprice de Caroline Chérie» (1952) avec Martine Carol, «Alerte au sud» (1953) avec Erich von Stroheim et «Le fils de Caroline Chérie» (1954) avec Brigitte Bardot. En 1956, il dirige son dernier film français: «L’inspecteur aime la bagarre». Avec l’arrivée de la nouvelle vague, Devaivre est devenu indésirable dans le milieu cinématographique français. Ne réussissant pas à réaliser les projets qui lui tiennent à cœur: Le Désert des Tartares, Mozart, Capitaine Conan..., il part en URSS, et réalise des films selon la technique du kinopanorama (démarquée par les russes sur le cinérama américain), et notamment «Un Français à Moscou», projeté en France dans la vitrine du cinéma soviétique à Paris, le KinoPanorama. A son retour, il est contraint à des activités plus alimentaires de montage, doublage ou coordination de production avant de s’éloigner du cinéma.

Par la suite, Jean Devaivre s’occupe d’art, de brevets d’invention et de ses chevaux. Entre les années 1970 et 1990, il rédige «Action !», un livre de mémoire. Il raconte, presque au jour le jour, trente années décisives du siècle et de sa vie. Le manuscrit est confié en 1996 à Bertrand Tavernier, qui, en 2001, reprend l’histoire du cinéaste et de ses amis pendant la guerre pour réaliser «Laissez-passer», avec Jacques Gamblin dans le rôle de Jean. Jean Devaivre, chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire, chevalier des Arts et des Lettres, ne verra pas les résultats du procès intenté pour déni d’auteur et détournement de droits d’auteur. Un mois avant l’audience d’appel, il s’éteint le matin du 27 avril 2004, à l’hôpital de Villejuif, dans le Val-de-Marne.


Publié dans Métiers du Spectacle

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