Georges Simenon est un écrivain belge francophone né à Liège en Belgique le 13 février 1903 et mort à Lausanne en Suisse le 4 septembre 1989. L'abondance et le succès de ses romans policiers — dont les Maigret — éclipsent en partie le reste de son œuvre très riche : 193 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom, ainsi que 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes. Il est l'auteur belge le plus lu dans le monde. Les tirages cumulés de ses livres atteignent 550 millions d’exemplaires. Georges Simenon est, selon l'Index Translationum de l'UNESCO, le dix-septième auteur toutes nationalités confondues, le troisième auteur de langue française après Jules Verne et Alexandre Dumas, et l'auteur belge le plus traduit dans le monde (3 500 traductions en 47 langues). André Gide, André Thérive et Robert Brasillach sont parmi les premiers hommes de lettres à le reconnaître comme un grand écrivain. André Gide, fasciné par la créativité de Georges Simenon qu'il avait souhaité rencontrer dès son succès policier, le questionna à maintes reprises, échangea une correspondance quasi hebdomadaire pour suivre les méandres créatifs de cet écrivain populaire et prit la surprenante manie d'annoter en marge tous ses romans, pour conclure en 1939 : « Simenon est un romancier de génie et le plus vraiment romancier que nous ayons dans notre littérature d'aujourd'hui. »
Ayant débuté à 16 ans comme journaliste à la Gazette de Liège (il y tient la rubrique des faits divers mais y donne déjà des contes, souvent érotiques), Georges Simenon quitte la Belgique en 1922 pour s'établir en France, à Paris d'abord, puis plus tard en province. Il parcourra l'Europe et l'Afrique, d'où il rapportera des reportages pour la grande presse. De 1945 à 1955, il vivra en Amérique (Canada, États-Unis). De retour en Europe, il se fixera définitivement en Suisse romande : à Échandens, à Épalinges, puis à Lausanne (1957).
Après un premier roman de mœurs locales publié à Liège, Au pont des Arches (1921), Simenon se consacre, à Paris, à une abondante production paralittéraire qui lui permet de gagner sa vie : il écrit environ un millier de contes légers destinés à des publications galantes ou humoristiques et quelque 200 romans pour collections à bon marché, le tout sous 17 pseudonymes. Le plus connu, Georges Sim, l'impose dès 1928 dans le genre policier en même temps que dans les faveurs d'un large public.
En 1932, Simenon commence à publier sous son nom une série de romans policiers dont la dimension humaine et la pénétration psychologique renouvellent le genre, tout en lui conférant une plus grande valeur littéraire. Il y met en scène le personnage du commissaire Maigret, qui reviendra dans 103 enquêtes, réparties en 75 romans et 28 nouvelles. Il publie, en outre, des romans d'aventures et de mœurs, où il recrée d'une manière intensément vivante l'atmosphère d'une ville ou d'un milieu social. Parmi ses ouvrages – dont plusieurs seront adaptés aussi bien au cinéma qu'à la télévision, et traduits dans de nombreuses langues –, citons notamment le Chien jaune (1931), les Fiançailles de M. Hire (1933), l'Homme de Londres (1934), Maigret (id.), le Testament Donadieu (1937), le Bourgmestre de Furnes (1939), les Inconnus dans la maison (1940), la Veuve Couderc (1942), Pedigree (1948), la Mort de Belle (1952), Maigret et le clochard (1963) et Maigret et le marchand de vin (1970).
Cette production considérable sera réunie dans les 72 volumes des Œuvres complètes parus aux éditions Rencontres, à Lausanne, de 1967 à 1973. Après 1972, Simenon entame la « dictée » de ses souvenirs et réflexions, qu'il enregistre au magnétophone ; la matière fera l'objet de 21 volumes publiés de 1975 à 1981. Enfin, prenant définitivement ses distances avec son « métier » de romancier, il compose plusieurs récits autobiographiques : Quand j'étais vieux (1972), Lettre à ma mère (1974), Tant que je suis vivant (1978) ainsi que Mémoires intimes (1981) et Livre de Marie-Jo (id.), adressés à sa fille défunte, révèlent un écrivain ému et émouvant. Quatorze ans après sa mort, preuve de sa légitimité croissante dans le monde des lettres, le romancier à succès fera son entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade (2003).
Simenon, dans de multiples interviews, s'est souvent expliqué tant sur son puissant instinct créateur (qui lui permet d'écrire un roman en quelques jours : 8 chapitres en 8 jours le plus souvent) que sur ses sources d'inspiration. Celles-ci sont issues du besoin viscéral d'atteindre « l'homme nu », sans égard pour sa condition sociale, et de découvrir la faille secrète qui l'oblige à « aller jusqu'au bout de lui-même ». Dans chaque livre, le début de l'histoire contient en germe les développements qui constitueront la trame du récit. Cet élément initial et déterminant est souvent une mort violente, parfois un acte inattendu, en tout cas un événement qui vient rompre le quotidien de l'existence.
Qu'ils appartiennent à la série des « non-Maigret » ou à celle des « Maigret », les romans de Simenon tendent à l'homogénéité en raison de l'unité de la démarche de l'auteur, laquelle consiste à approfondir la connaissance de l'homme en explorant la part d'inconnu inhérente à ce dernier. Dépouillée de l'accessoire, du pittoresque régional ou exotique, l'humanité que peint l'écrivain n'a d'égale que son universalité. Ainsi, malgré les intrigues foisonnantes dans lesquelles évoluent ses personnages, Simenon reste toujours fidèle à une peinture de l'homme saisi dans ses motivations essentielles.
L’univers de Simenon est relativement statique, mais cela n’a jamais découragé les réalisateurs de cinéma, pourtant « art du mouvement », à porter son œuvre sur grand écran. Plus de cinquante films ont été tournés par le cinéma en France à partir d’une œuvre de Georges Simenon. Des dizaines d’autres ont été tournés par d'autres industries cinématographiques à travers le monde. Il fut le premier romancier contemporain à être adapté dès le début du parlant avec La Nuit du carrefour et Le Chien jaune, parus en 1931 et portés à l’écran dès 1932.
Mais finalement, les réussites sont assez rares, car, entre la fidélité décevante et la trahison féconde, la ligne de partage est étroite, de nombreux réalisateurs (et des plus prestigieux : Jean Renoir, Maurice Tourneur, Marcel Carné, Henri Verneuil, Henry Hathaway, Claude Autant-Lara, Jean-Pierre Melville, Bertrand Tavernier, Claude Chabrol, etc.) s’y sont essayés avec plus ou moins de succès. Finalement, le choix de l’interprète s’est toujours avéré primordial, surtout pour le célèbre commissaire Maigret, car c’est autour de lui que va se structurer le film, sa personnalité, son humanité et sa présence devant être aussi fortes que l’intrigue.
Les acteurs qui ont interprété, au cinéma, le célèbre commissaire sont : Pierre Renoir, Abel Tarride, Harry Baur, Albert Préjean, Charles Laughton, Michel Simon, Maurice Manson, Jean Gabin, Gino Cervi, Jean Richard, Bruno Cremer, Heinz Rühmann, Rowan Atkinson. Jean Gabin et Simenon étaient très amis et l’acteur a tourné un total de dix films adaptés de Simenon, dans lesquels il a su presque faire oublier son passé cinématographique et ses très nombreux rôles de mauvais garçon.