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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Melville Jean-Pierre

Jean-Pierre Melville, pseudonyme de Jean-Pierre Grumbach, né à Paris le 20 octobre 1917 et mort dans la même ville le 2 août 1973 est un réalisateur et scénariste français. Ses films, dominés par la solitude, l'échec et la mort, sont devenus pour la plupart des classiques du cinéma français, notamment les trois films qui forment une trilogie sur la France occupée (Le Silence de la mer, Léon Morin, prêtre et L'Armée des ombres) ainsi que les films Le Doulos, Le Deuxième Souffle, Le Samouraï, Le Cercle rouge, et Un flic. Son écriture et son style visuel entre autres ont inspiré de nombreux réalisateurs américains comme Quentin Tarantino, Michael Mann ou encore Jim Jarmusch. 

Melville Jean-Pierre
Jeunesse

Jean-Pierre Grumbach naît dans une famille juive alsacienne. En 1923, alors qu'il a six ans, ses parents lui offrent une caméra Pathé-Baby. Il commence à réaliser ses premiers films en filmant ses proches : ses parents, sa sœur Janine (1912-1978) et son frère Jacques (1902-1942). Il est le cousin de Michel Drach et de Nicole Stéphane, qui ont tous deux débuté avec lui. En 1933, à l'âge de quinze ans, il décide de devenir cinéaste après avoir assisté à la projection du film épique de Frank Lloyd : Cavalcade. Il se vanta d'avoir revu le film une centaine de fois. C'est là que naît sa passion du cinéma américain, qui l'influencera de manière capitale dans son œuvre.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il part rejoindre la France libre à Londres en 1942. C'est alors qu'il prend le pseudonyme de « Melville », en hommage à l'auteur de Moby Dick, Herman Melville. Après la guerre, qu'il passe dans la Résistance, puis en participant au débarquement en Provence, il demande une carte d'assistant metteur en scène qui lui est refusée. C'est en livrant assaut lors de la bataille du mont Cassin qu'il se serait promis de monter ses propres studios s'il en réchappait. Il devient son propre producteur et tourne un court métrage, Vingt-quatre heures de la vie d'un clown. Plus tard, il économise, achète de la pellicule — au marché noir car, refusant d'adhérer au syndicat des réalisateurs, il ne pouvait obtenir de « bonnes pellicules » —, et réalise, dans des conditions très précaires, son premier long métrage : Le Silence de la mer, sans l'autorisation de Vercors. Ses méthodes de tournage sont avant l'heure celles de la Nouvelle Vague, ce qui lui vaudra l'appellation de « père » du mouvement, terme qu'il récusera plus tard.

Carrière

Longtemps perçu comme un intellectuel, à cause notamment de son adaptation très littéraire du Silence de la mer de Vercors, au point de ressembler à Jean Cocteau, le metteur en images tout désigné de ses Enfants terribles, il récusait ce terme, se percevant davantage comme un auteur. C'est dans cet état d'esprit qu'il tourne Bob le flambeur en 1955, une histoire tantôt truculente tantôt dramatique sur le milieu parisien. En 1955, il crée ses propres studios, les studios Jenner, dans le 13e arrondissement de Paris au 25 bis, rue Jenner, réinventant l'usage d'un entrepôt au-dessus duquel il vit de 1953 à 1967, descendant même nuitamment préparer les plans du lendemain. Il y produit ses films jusqu'au 29 juin 1967, lorsqu'un incendie détruit les studios alors qu'il tourne Le Samouraï. Obsessionnel, il persiste à rester dans ses studios, où il monte L'Armée des ombres. En 1961, il travaille avec Michel Mardore pour le producteur Georges de Beauregard à un projet intitulé Les Don Juans (avec Jean-Paul Belmondo et Anthony Perkins), qu'il abandonne au profit du Doulos.

Après l'incendie de ses studios, où il avait un appartement à l'étage, il achète une maison à Tilly, dans les Yvelines, après en avoir visité plus d'une centaine en trois mois. Située en bordure des champs, elle lui permettait de retrouver la solitude et les grands espaces dont il était friand. Capable de se montrer aussi bien jovial que glacial, Jean-Pierre Melville se disputait souvent avec son entourage. Il s'est fâché avec un très grand nombre de ses collaborateurs. Anecdotes célèbres : Lino Ventura ne lui adressa plus la parole durant tout le tournage de L'Armée des ombres, ne communiquant avec lui que par assistant interposé. Melville avait déclaré à la presse que Ventura avait eu de très grandes difficultés à monter dans le wagon au début du film Le Deuxième Souffle. En fait, le cinéaste avait caché à son acteur qu'il avait donné l'ordre d'augmenter la vitesse du train. Sur le tournage de L'Aîné des Ferchaux, Melville s'en prenait sans arrêt à Charles Vanel, à la suite de quoi un jour, Jean-Paul Belmondo, qui ne supportait plus ces remontrances, arracha les lunettes et le chapeau de Melville, le poussa violemment pour qu'il tombe, puis quitta le plateau avec Vanel pour ne plus y revenir, ce qui posa de gros problèmes.

Pendant plusieurs années, Melville siégea à la Commission de classification des œuvres cinématographiques et pourchassa toute manifestation de la pornographie au cinéma. Il était avant tout un homme nostalgique, se définissant lui-même comme un « passéiste », tentant aussi de réinventer à l'écran les plus forts instants de sa vie personnelle, sans jamais faire du réalisme. En 1970, il réalise Le Cercle rouge, qui reste son plus grand succès. Le film réunit 4 300 000 spectateurs, et est le cinquième film de l'année au box-office en France. La critique dans son ensemble reconnaît un grand film. Parfois tenaillé de tendances maniaco-dépressives, il fit ainsi construire une cabane en bois sur le plateau de son dernier film, Un flic, en 1971 et n'en sortait que pour diriger ses acteurs ou régler ses éclairages. Melville demanda aussi à Florence Moncorgé-Gabin, scripte sur le film, de porter une perruque, car il n'aimait pas la couleur d'origine de ses cheveux. L'échec relatif d'Un flic en 1972 le toucha considérablement, selon le récit qu'en a fait son ami Philippe Labro dans Je connais des gens de toutes sortes.

Décès

Il meurt peu de temps après, des suites d'un accident vasculaire cérébral survenu dans le restaurant de l'hôtel PLM Saint-Jacques à Paris, alors qu'il travaillait à son nouveau film, Contre-enquête, un sujet d'espionnage avec Yves Montand dans le rôle principal. Philippe Labro dînait avec lui ce soir-là. Il a évoqué les circonstances de la mort du réalisateur dans son récit Je connais des gens de toutes sortes. Jean-Pierre Melville repose au cimetière de Pantin (8e section). Les bâtiments des studios rue Jenner ont été abattus pour faire place à des immeubles résidentiels. 

Style

Bertrand Tavernier dans son documentaire Voyage à travers le cinéma français (2016) vante le ton grave, sombre des films de Melville : il le connut personnellement, étant son assistant, avec Volker Schlöndorff et son attaché de presse. Philippe Labro définit ainsi l'esthétique de Melville à partir du Samouraï : « est melvillien ce qui se conte dans la nuit, dans le bleu de la nuit, entre hommes de loi et hommes de désordre, à coups de regards et de gestes, de trahisons et d'amitiés données sans paroles, dans un luxe glacé qui n'exclut pas la tendresse, ou dans un anonymat grisâtre qui ne rejette pas la poésie »

Melville Jean-Pierre
Filmographie

Réalisateur

Projets inaboutis

  • 1948 : Bubu de Montparnasse, d'après le roman de Charles-Louis Philippe.
  • 1961 : Les Don Juans, d'après le scénario original de Michel Mardore9.
  • 1973 : Contre-enquête, avec Yves Montand dans le rôle principal.

Acteur

  • 1948 : Les Drames du Bois de Boulogne, court-métrage de Jacques Loew
  • 1950 : Orphée de Jean Cocteau, gérant de l'hôtel
  • 1952 : Au cœur de la Casbah de Pierre Cardinal, voix off
  • 1957 : Amour de poche de Pierre Kast
  • 1959 : Deux hommes dans Manhattan, Moreau
  • 1960 : À bout de souffle de Jean-Luc Godard, Parvulesco
  • 1960 : Le Petit Soldat de Jean-Luc Godard, l'homme du train
  • 1962 : Le Signe du Lion d'Éric Rohmer
  • 1962 : Le Combat dans l'île d'Alain Cavalier
  • 1963 : Landru de Claude Chabrol, Georges Mandel
  • 1977 (commencé en 1970) : Urgent ou à quoi bon exécuter des projets puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante de Gérard Courant
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