Albert Préjean est un acteur et chanteur français, né le 27 octobre 1894 à Pantin (alors dans le département de la Seine) et mort le 1er novembre 1979 dans le 16e arrondissement de Paris.
Alors qu’il accomplit son service militaire, la guerre de 1914-1918 est déclarée. L’aviation militaire n’existant pas encore, des formations, équipées d’aéronefs, demandent des volontaires. Le futur acteur s’illustre dans cette nouvelle façon de faire la guerre. De retour à la vie civile, Albert fait un peu tous les métiers pour subsister. Très sportif et notamment excellent escrimeur, il est engagé en 1921 pour «ferrailler» comme figurant dans les séries des «Trois mousquetaires» adaptées à l’écran par Henri Diamant-Berger. Il tourne avec ce cinéaste plusieurs films en trois ans, parmi lesquels: «Gonzague» (1922) avec Maurice Chevalier et Florelle. Il s’essaie aussi à la réalisation en 1929: «L’aventure de Luna Park» avec Danièle Parola.
Mais c’est l’époque du music-hall et des cabarets. Albert Préjean, qui ne chante pas plus mal qu’un autre, se lance sur scène et y réussit au mieux, servi par des musiques de musette, désormais inoubliables. Alors qu’il approche de la quarantaine, c’est René Clair qui lui apporte vraiment la notoriété cinématographique avec «Sous les toits de Paris» (1930). Dans cette première production sonore française, les dialogues sont limités mais Albert «chante vraiment». Il est amoureux de l’actrice roumaine Pola Illéry. Cette oeuvre, encore maladroite dans sa conception, initialise, pour le monde entier, le réalisme romantique à la française que va si bien illustrer le Jean Gabin des années trente.
Albert Préjean qui parle correctement l’allemand travaille alors beaucoup dans les studios berlinois de la UFA. Il commence par «L’Opéra de quat’sous», écrit en 1928 par Bertolt Brecht sur une musique de Kurt Weill. L’acteur fait plus d’une quarantaine de films en dix ans avec tous les cinéastes européens renommés de l’époque, comme Henri Decoin, Jacques Tourneur et Julien Duvivier, l’Italien Carmine Gallone, les Allemands, Robert Siodmak et Georg Wilhelm Pabst. Il a comme partenaires: Annabella, Josephine Baker, Jany Holt, Liane Haid, Dita Parlo, Ginette Leclerc et bien d’autres. Il tourne d’immenses succès commerciaux dès 1933, avec Danielle Darrieux encore gamine: «La crise est finie» de Robert Siodmak, «Quelle drôle de gosse !» (1935) de Léo Joannon, etc.
D’abord utilisé comme acteur chansonnier, à l’image de Henri Garat, l’acteur se voit confier des rôles plus dramatiques. Pendant l’occupation en particulier, il succède, pour trois films, à Harry Baur, dans le rôle du célèbre inspecteur Maigret, d’après Georges Simenon. En 1942 il fait partie du voyage promotionnel à Berlin des vedettes françaises, manifestation organisée par la propagande allemande. Ce qui lui vaudra quelques semaines d’incarcération à la libération. En 1946, il se remarie avec la comédienne Lysiane Rey qui lui a donné un fils Patrick, futur comédien. À partir de cette période, il ne se produit plus qu’épisodiquement et dans des rôles secondaires comme dans «Les amants du Tage» de Henri Verneuil avec Amalia Rodriguez, ou «Un missionnaire» de Maurice Cloche avec Darling Légitimus, la grand’mère de Pascal. Il anime aussi les séances du cirque de Jean Richard. Il tourne son cent-quinzième et dernier film en 1961: «Bon chance, Charlie», avec Eddie Constantine. Jeune remarié, à plus de quatre-vingts ans, il décède à Paris, le 1er novembre 1979.