Grémillon Jean

Publié le par Mémoires de Guerre

Jean Grémillon, né le 3 octobre 1901 à Bayeux (Calvados) et mort le 25 novembre 1959 à Paris, est un réalisateur et scénariste français. Musicien, compositeur, auteur, Grémillon est un artiste complet et singulier, qui reste l'un des réalisateurs les plus importants de l'histoire du cinéma français, selon Bertand Tavernier

Grémillon Jean

Carrière

La première vocation du jeune Jean Grémillon est la musique, qu'il écoute et pratique assidument, au grand désespoir de son père, sous-chef de section aux chemins de fer de l'Ouest. Lycéen à Brest puis à Dinan, il passe ensuite deux ans au Havre avant de gagner Paris, à 20 ans. Inscrit à la Schola Cantorum, où on enseigne la musique et le théâtre, il évolue dans un milieu d'artistes, se liant notamment avec le comédien Charles Dullin. Violoniste au sein d'orchestres qui se produisent pendant les projections de films muets, il noue une amitié avec le projectionniste et futur chef-opérateur Georges Périnal.

De 1923 à 1925, Jean Grémillon réalise une quinzaine de documentaires ("La photogénie mécanique", "La Vie des travailleurs italiens en France"...), qui témoignent à la fois de sa curiosité pour le monde qui l'entoure et de son souci esthétique. Grâce à Dullin, qui fonde sa société de production, il réalise en 1927 son premier long métrage de fiction, Maldone, qui ne trouve pas son public. Son film suivant, Gardiens de phare, écrit par Jacques Feyder d'après un drame du Grand-Guignol, reçoit un meilleur accueil. Il poursuit dans la veine du mélo avec La Petite Lise, son premier film parlant en 1930, sur un scénario de Charles Spaak, mais cette oeuvre formellement audacieuse est boudée par les spectateurs.

Contraint d'accepter des projets mineurs qui ne l'enthousiasment guère ("Dainah la métisse", 'Pour un sou d'amour"), il s'exile en Espagne, où il tourne La Dolorosa, film musical empreint de religiosité et Centinela Alerta!, co-réalisé par Luis Buñuel. Il travaille ensuite pour la branche française de la société allemande UFA, qui lui confie la réalisation de Gueule d'amour en 1937. Entre séduction et fragilité, la star Jean Gabin y trouve un de ses plus beaux rôles, celui d'un militaire épris d'une femme fatale. Autre monstre sacré, Raimu campe un malfaiteur qui cache bien son jeu dans L' Etrange Monsieur Victor, autre classique de Grémillon en 1938. L'année suivante, il retrouve Gabin à l'occasion du tournage -souvent interrompu à cause de la guerre- de Remorques. Grand amoureux de la mer, le cinéaste lui confie le rôle d'un capitaine, qui doit affronter la tempête, mais aussi les tourments causés par sa passion pour deux femmes (Madeleine Renaud et Michèle Morgan).

Attaché à ses racines populaires, il filme avec bienveillance, mais sans complaisance, les ouvriers d'un chantier dans Lumiere d'été et dépeint un couple de garagistes férus d'aviation dans Le ciel est à vous. Après ces deux films tournés pendant l'Occupation, il revient au documentaire pour dresser un portrait de sa Normandie natale à l'heure du Débarquement (Le 6 juin a l'aube). En raison d'une succession d'échecs commerciaux, il ne parvient pas à financer des projets qui lui tiennent à coeur, notamment un film sur la Commune. Elu président de la cinémathèque en 1944, il remplace Jean Anouilh, souffrant, en plein tournage de Pattes blanches en 1949.

Après des retrouvailles avec Michèle Morgan (L'Etrange Madame X en 1951), le féministe Jean Grémillon signe en 1954 son ultime long métrage, L'Amour d'une femme, avec Micheline Presle en médecin qui refuse de renoncer à son métier. Ne jouissant pas du même statut que Renoir ou Carné (même si son oeuvre sera réévaluée après sa mort), il ne tournera plus ensuite que des courts métrages documentaires, comme à ses débuts. En 1958, peu après son séjour à Venise, en tant que Président du jury aux côtés de son vieux complice René Clair, il est hospitalisé durant plusieurs mois. Il disparait le 25 novembre 1959, le même jour que l'icône Gérard Philipe. 

Vie privée et décès

Jean Grémillon aimait réfléchir à son œuvre dans sa maison familiale de Normandie, à Cerisy-la-Forêt. Il est inhumé au cimetière de Saint-Sulpice-de-Favières (Essonne) avec son épouse Christiane, décédée en 1992. Plusieurs des longs-métrages de Grémillon ont longtemps été considérés comme perdus, toutefois, tous ont été finalement retrouvés, et restaurés à partir du milieu des années 1970. 

Récompenses

  • 1949 : prix spécial au Festival International du Film de Locarno pour Pattes blanches
  • 1950 : prix du court-métrage international à la Mostra de Venise pour Les Charmes de l'existence

Filmographie

Courts métrages

  • 1923 : Le Revêtement des routes
  • 1923 : Chartres
  • 1924 : L'Étirage des ampoules électriques
  • 1924 : Les Parfums
  • 1924 : Le Roulement à billes
  • 1924 : La Photogénie mécanique
  • 1924 : La Fabrication du fil
  • 1924 : La Fabrication du ciment artificiel
  • 1924 : La Bière
  • 1924 : Du fil à l'aiguille
  • 1925 : Les Aciéries de la marine et d'Homécourt
  • 1925 : L'Électrification de la ligne Paris-Vierzon
  • 1925 : L'Éducation professionnelle des conducteurs de tramway
  • 1925 : L'Auvergne
  • 1925 : La Naissance des cigognes
  • 1926 : La Vie des travailleurs italiens en France
  • 1926 : La Croisière de l'Atalante
  • 1927 : Gratuités
  • 1928 : Bobs
  • 1932 : Le Petit Babouin
  • 1949 : Les Charmes de l'existence (coréalisateur : Pierre Kast)
  • 1951 : Le Choix le plus simple, court métrage d'Henri Aisner (voix)
  • 1951 : Les Désastres de la guerre de Pierre Kast (commentaire et musique)
  • 1952 : L'Encyclopédie filmée - segment Alchimie
  • 1952 : Astrologie ou le miroir de la vie
  • 1955 : La Maison aux images
  • 1958 : André Masson et les quatre éléments

Moyens métrages

  • 1926 : Un tour au large
  • 1933 : Gonzague ou l'accordeur
  • 1945 : Le 6 juin à l'aube

Longs métrages

Publié dans Métiers du Spectacle

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