Rivarol
Rivarol est un hebdomadaire français d'extrême droite, se réclamant de l'opposition nationale et européenne, fondé en 1951 par René Malliavin.
Le nom du journal fait référence au pamphlétaire contre-révolutionnaire français Antoine de Rivarol, émigré en juin 1792. Le journal porte en exergue une citation d'Antoine de Rivarol : « Quand les peuples cessent d'estimer, ils cessent d'obéir ». René Malliavin, plus connu sous le pseudonyme de Michel Dacier, avait déjà fondé en décembre 1944 le mensuel Questions actuelles qui devint dès janvier 1947 Écrits de Paris, conçu comme un organe de résistance au « résistantialisme » alors triomphant. Il milita pour l'amnistie des personnes visées par l'Épuration dont il dénonça les « crimes ». Rivarol est l'héritier direct de La Fronde, brûlot d'extrême droite de Maurice Gaït, Julien Guernec, Antoine Blondin et Ben, à l'audience ultra-confidentielle et financé par l'industriel Philippe Wolf.
Organe se présentant comme « antisystème » dès sa fondation, Rivarol a combattu la Ve République après la chute de la IVe. L'antisémitisme y est présent depuis sa fondation. Rivarol soutient par ailleurs le « droit à la libre expression » des partisans du négationnisme, dont il se fait le relais régulier. Il lui arrive selon l'association belge Résistance de faire l'apologie d'anciens nazis. L'une des originalités du titre au sein de la presse de droite radicale a longtemps été l'engagement européen de Rivarol dont les options de politique étrangère étaient proches de celles du Mouvement républicain populaire. Rivarol a notamment fait campagne pour la Communauté européenne de défense (CED), s'opposant ainsi à Jeune Nation. Son sous-titre initial, « Hebdomadaire de l'opposition nationale », est devenu ensuite « Hebdomadaire de l'opposition nationale et européenne » afin d'insister sur la dimension européenne du journal. Le vif intérêt que ce journal témoigne pour les mouvements nationalistes européens est un héritage de cette orientation pro-européenne.
Rivarol est par ailleurs propriétaire du mensuel Écrits de Paris depuis 1951 et le considère comme sa revue théorique. L'hebdomadaire, qui paraît le jeudi après-midi à Paris et le vendredi matin dans le reste de la France (la parution est avancée d'un jour, à partir de septembre 2013), a emprunté de manière mesurée le virage vers l'économie numérique, en proposant un abonnement électronique, par réception le mercredi après-midi (le mardi après-midi, à partir de septembre 2013) d'une version de l'hebdomadaire au format PDF, à un tarif moindre de celui de l'abonnement au journal imprimé.
En 2005, les relations entre Rivarol et le Front national se dégradèrent quand Jérôme Bourbon publia le texte d'une conversation à bâtons rompus avec Jean-Marie Le Pen relative à la Seconde Guerre mondiale et qu'il présenta comme un entretien et qui selon le président du FN n'aurait pas dû être publié comme tel. Jusqu'en 2010, Rivarol a apporté un soutien quasiment constant mais non sans critiques ponctuelles au Front national, sans que ce journal ou ses collaborateurs soient pour autant membres de ce parti. En 2010, ce soutien critique s'est transformé en conflit violent à la suite de la mise en cause de Marine Le Pen lors de la campagne pour l'élection du président du Front national. Le journal est en particulier très hostile à Marine Le Pen ; son directeur Jérôme Bourbon a ainsi déclaré en 2010 : « Pour moi, Marine Le Pen est un démon, c’est l’ennemie absolue à tout point de vue, sur le plan moral, sur le plan politique, sur le plan intellectuel. C’est une catastrophe absolue, je n’ai aucune confiance en elle. C’est une révulsion totale, qui est réciproque d’ailleurs. » Pour lui, les proches de celle qui est alors vice-présidente du FN, sont « une bande de dégénérés ».
L'opposition de Marine le Pen aux différentes tentatives d'entrisme au sein du Front national (exclusion des cadres du mouvement antisémite et pétainiste de l’Œuvre française) conduit à une hostilité toujours plus importante de la part de Rivarol. Marine Le Pen déclare en décembre 2010 sur le plateau de Serge Moati : « Je suis opposée à voir revenir dans le FN des groupuscules radicaux, caricaturaux, anachroniques. Entre les catholiques intégristes, les pétainistes et les obsédés de la Shoah, ça ne me paraît pas cohérent. Le FN ne servira pas de caisse de résonance à leurs obsessions. » Ce à quoi Jérôme Bourbon répondra par une série d'articles virulents, accusant la nouvelle présidente du Front national de se rapprocher du « Système », et donc de trahir la cause du combat nationaliste dont Rivarol entend être un des héritiers les plus intransigeants. Jean-Marie Le Pen a, quant à lui, qualifié Jérome Bourbon de « taliban hystérique » ; ce dernier intitula son éditorial du 19 novembre 2010 « Le Pen veut tuer Rivarol ». Rivarol et Jérôme Bourbon soutiennent activement l'Union de la droite nationale.
Plusieurs écrivains comme Antoine Blondin, Robert Poulet, Lucien Rebatet et Albert Paraz ont écrit dans Rivarol. Parmi les autres collaborateurs du journal, on peut citer, à des époques très diverses :
- A.D.G. ;
- Camille-Marie Galic (1963-2010) ;
- Chard (de son vrai nom Françoise Pichard), dessinatrice ;
- François Brigneau (de son vrai nom Julien Guernec) ;
- François Duprat, alias « Solchaga » ;
- Gérard de Villiers ;
- Jean Madiran ;
- Louis Truc, chroniqueur judiciaire sous le pseudonyme de Sacher Basoche ;
- Maurice Bardèche ;
- Maurice Gaït, ancien responsable adjoint des jeunesses sportives du Régime de Vichy, a été le rédacteur en chef de Rivarol jusqu'à sa mort, en 1983 ;
- Pierre-Antoine Cousteau ;
- Ralph Soupault, alias Leno, dessinateur (ancien correspondant de Je suis partout) ;
- Robert Poulet.
Les principaux collaborateurs actuels du journal sont :
- Claude Lorne,
- Patrick Laurent,
- Jérôme Bourbon,
- Jean-Paul Angelelli,
- Pierre-Patrice Belesta,
- Petrus Agricola,
- René Blanc,
- Jim Reeves,
- François-Xavier Rochette,
- Robert Spieler (ancien député et par ailleurs délégué général de la Nouvelle Droite Populaire),
- Pierre Vial (universitaire et président de Terre et Peuple),
- André Gandillon (aussi directeur de la revue Militant)
- le Québécois Gilbert Gendron,
- Anne Brassié, Martin Peltier (sous le pseudonyme d'Hannibal)
- Hervé Ryssen.
Poursuites et condamnations par la justice française. Plusieurs collaborateurs du journal ont été poursuivis et condamnés par la justice française, notamment pour « incitation à la haine raciale ».
- Albert Paraz, contributeur régulier du journal, fut de nombreuses fois condamné : « condamnation aux dépens dans l'affaire Roure en novembre 1953, confirmée en appel le 11 février 1954, condamnation pour diffamation et injure envers France-Soir dirigé par Lazareff dans un article de Rivarol du 10 au 16 juillet 1953, procès14 contre L'Express en mai 1954 ».
- En novembre 1955, la onzième chambre de la cour d'appel de Paris condamne René Malliavin, directeur de Rivarol, à 20 000 francs d'amende pour recel de malfaiteur (un ancien de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme) et confirme les peines prononcées en première instance pour d'autres affaires (injure, diffamation, et refus d'insertion du droit de réponse).
- En février 1956, René Malliavin est condamné à 200 000 francs d'amende pour diffamation envers François Mitterrand (affaire des fuites) ; F. Mitterrand étant devenu garde des sceaux après le dépôt de sa plainte, il s'était désisté de l'action civile, renonçant ainsi aux dommages et intérêts.
- Le 13 juin 1957, René Malliavin, directeur de Rivarol, et Albert Paraz, journaliste de cet hebdomadaire, sont condamnés, par la 17e chambre correctionnelle de la Seine, à 20 000 francs d'amende chacun et à verser solidairement 50 000 francs de dommages-intérêts à L'Express, pour diffamation et injure.
- Le 29 novembre 1959, René Malliavin, directeur de Rivarol, et Lucien Rebatet, collaborateur du journal, sont condamnés chacun à 50 000 francs d'amende pour diffamation contre Pierre Brisson, directeur du Figaro.
- Le 25 juin 1965, René Malliavin est condamné à 2 000 francs d'amende par la 17e chambre correctionnelle de la Seine pour la publication d'extraits d'une Histoire de la Collaboration rédigée par Maurice Yvan-Sicard.
- En mars 1966, la cour d'appel de Paris condamne (aggravant les peines prononcées le 10 novembre 1965 par la 17e chambre du tribunal de grande instance de la Seine) le directeur de la rédaction de Rivarol, René Malliavin, et Paul Rassinier, à quatre mois de prison avec sursis et cinq mille francs d'amende, pour diffamation envers Marie-Claude Vaillant-Couturier et Zysla Speter.
- Le 27 mai 1993, Marie-Luce Wacquez dite Camille-Marie Galic, directrice de publication de Rivarol depuis 1983, a été déclarée coupable du délit de provocation à la haine raciale pour un article dont elle est l'auteur paru dans Rivarol du 20 novembre 1992, titré « Sous la botte des lobbys », et qui présentait notamment les Maliens comme « un cancer ». Elle sera condamnée en première instance à 10 000 francs français de l'époque d'amende et à verser 1 franc français aux parties civiles (LICRA, MRAP, Ligue des droits de l'homme). Marie-Luce Wacquez fera appel de cette décision, mais la 11e chambre de la Cour d'appel de Paris (section A) confirmera la condamnation de première instance le 24 novembre 1993 en augmentant de 6 000 francs la somme à verser à chacune des parties civiles. Le pourvoi en cassation de Marie-Luce Wacquez est rejeté le 31 mai 1994 par la Chambre criminelle de la Cour de cassation.
- En avril 1994, Marie-Luce Wacquez et Françoise Pichard, dessinatrice, sont condamnées, par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, à 15 000 F d’amende pour injure publique envers Laurent Fabius.
- Le 8 novembre 1994, Marie-Luce Wacquez a été déclarée coupable du délit de provocation à la discrimination, à la haine, ou à la violence raciale envers la communauté noire. Françoise Pichard, dite Chard, est reconnue coupable de complicité de ce délit. La première avait diffusé dans Rivarol du 4 mars 1994 un dessin de la seconde représentant deux femmes enceintes, dont l'une, noire, se saisit de billets de banque qui semblent tomber du ciel, empêchant ainsi l'autre femme, blanche, de profiter à son tour de l'argent. La directrice de publication de Rivarol et la dessinatrice sont condamnées chacune à 20 000 francs français d'amende et à 1 franc français aux parties civiles (LICRA, MRAP, Ligue des droits de l'homme).
- Le 8 février 2008, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris condamne Marie-Luce Wacquez et Jérôme Bourbon (journaliste à Rivarol) à 5 000 et 2 000 € d’amende pour avoir publié en 2005 un entretien de Jean-Marie Le Pen, où ce dernier déclarait, notamment, que l’Occupation n’avait pas été « particulièrement inhumaine ». Le 21 janvier 2009, la 11e chambre de la cour d’appel confirme ces condamnations25. Le 7 mai 2010, la Cour de cassation rejette la question prioritaire de constitutionnalité présentée par l’avocat de Rivarol26. Le 27 avril 2011, la Cour de cassation annule en revanche les condamnations pour vice de forme, et renvoie l'affaire devant la cour d'appel de Paris, qui confirme les peines, le 16 février 2012. En juin 2013, la Cour de cassation rejette le dernier recours.
- Le 8 novembre 2010, le directeur de Rivarol, Jérôme Bourbon, a reçu une citation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris à la requête du Front national et de Jean-Marie Le Pen demandant la somme de 50 000 euros pour diffamation, plus les intérêts, plus les dépens, pour des propos tenus dans un article du 15 octobre 2010 intitulé «La tension continue à monter au Front national» et contenant de virulentes attaques contre Jean-Marie et Marine Le Pen. Le 9 décembre 2011, Jérôme Bourbon est condamné à trois cents euros d'amende avec sursis et un euro symbolique de dommages et intérêts pour diffamation envers Jean-Marie Le Pen.
- En octobre 2012, Jérôme Bourbon est condamné, par la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, à verser trois mille euros de dommages et intérêts à Marine Le Pen, pour injure publique.
- Le 11 octobre 2012, Jérôme Bourbon est condamné à mille euros d'amende pour incitation à la haine raciale, à la suite d'un article d'Hervé Ryssen, paru dans Rivarol en janvier 2011, et à cinq cents euros d'amende pour un article du même Hervé Ryssen, paru en mars 2011.
- Le 26 septembre 2014, Jérôme Bourbon est condamné à cent jours-amendes de quatre-vingts euros (ce qui signifie qu'il doit payer huit mille euros d'amende, sous peine d'un jour de prison par tranche de quatre-vingts euros non payée) pour incitation à la raciale contre les Juifs. La 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris estime qu'un passage du texte est « une apologie du IIIe Reich en la personne de son ministre de la propagande et de l'information, Joseph Goebbels », et qu'« en associant les juifs à l'impureté, à la pornographie, à la délinquance sexuelle, à l'amoralité, à la rapacité, à l'insolence de la richesse devant laquelle tout cède […], l'auteur de l'article, dont le but est évident, stigmatise les juifs et les désigne clairement à la vindicte des lecteurs. » Or, non seulement Jérôme Bourbon, en tant que directeur de la publication, est le principal responsable juridique, mais encore, relève le tribunal, il « ne se désolidarise aucunement d'un article qu'il a reconnu ne pas avoir lu avant de le publier et à propos duquel il a déclaré à l'audience : “Moi, rien ne me choque, il n'y a pas de quoi fouetter un chat, ce qui est dit est exact.” »
- Le 4 décembre 2014, Jérôme Bourbon est condamné à deux mille euros d'amende, mille euros de dommages et intérêts à la Licra, cinq cents euros à la Ligue des droits de l'homme, la même somme à SOS-racisme et de nouveau cinq cents euros à chacune des trois associations, pour incitation à la haine raciale, à cause d'un article présentant le Conseil d'État comme « un tribunal rabbinique », puis affirmant que « nous vivons en pleine tyrannie juive » et que « nous sommes en effet dirigés, étouffés, opprimés par une minorité qui se croit tout permis ».