Le Toulonnais Jean-Claude Kella, un ancien de la French Connection, trafic d'héroïne entre la France et les Etats-Unis dans les années 1970, est mort à Nice à 69 ans.
Selon sa maison d'édition, les Éditions du Toucan, il a succombé le 8 juillet à un cancer du poumon.
Surnommé « yeux bleus » ou « le diable », l'homme avait passé plus d'un quart de siècle en prison, essentiellement aux États-Unis. Il avait publié en 2009 une histoire de son parcours de hors-la-loi intitulé L'Affranchi. Selon son avocate marseillaise, Catherine Martini, « il avait opéré une rédemption par l'écriture ». « C'était un homme pudique, avec un code de l'honneur à l'ancienne », explique-t-elle, en indiquant qu'il voulait donner une suite à ses mémoires.
« J'avais fait du banditisme mon métier, je ne me plains pas », avait confié en 2009 cet homme enfin « rangé », dans un entretien.
Tout commence à l'âge de 14 ans lorsque son patron lui vole ses pourboires d'apprenti coiffeur. « Je l'ai traité de voleur, il a voulu me frapper, je l'ai frappé le premier. Ma vie a basculé », avait-il raconté.
S'en suivent une longue histoire de trafics et l'amitié avec le parrain marseillais Francis Vanverberghe, dit Francis le Belge, mort assassiné en septembre 2000 à Paris.
Au sein de la French Connection, gigantesque trafic d'héroïne entre la France et les Etats-Unis dans les années 1970, Jean-Claude Kella, polyglotte, devient un intermédiaire majeur avec les chefs mafieux italiens de New-York. Relaxé à plusieurs reprises contre de fortes cautions, notamment au Mexique, il tombe en 1998 dans l'affaire « Topaze », un coup de filet historique dans le milieu marseillais parmi des proches de Francis Le Belge, concernant notamment un trafic de cocaïne colombienne en Europe.
De ses années de détention en solitaire, il avait tiré profit pour passer un bac français et son équivalent américain, et étudier philosophie, sociologie et langues étrangères. « Ca m'a aidé à supporter l'isolement, à évoluer », avait-il raconté. « Le plus dur pour moi, c'est quand ma famille avait un problème à l'extérieur », notait cet homme père de deux garçons. Le gangster avait épousé en secondes noces la fille de Jean-Dominique Fratoni, gestionnaire de casinos sur la Côte d'Azur mort en cavale, soupçonné d'être impliqué dans la disparition d'Agnès Leroux.
Il passera en tout 25 ans en prison.
« Il avait opéré une rédemption par l'écriture », estime son avocate marseillaise Catherine Martini. « C'était un homme pudique, avec un code de l'honneur à l'ancienne », dit-elle. Dans un second ouvrage, « Hold-up » (publié en 2011), il avait revisité, entre témoignage et fiction, le « casse du siècle » à la Banque de France de Toulon, en 1992.
Plusieurs de ses amis se sont également reconvertis sur le tard en écrivains, surfant sur la fascination exercée par le grand banditisme à l'ancienne, sans toutefois se ranger des affaires.
Jean-Claude Kella a tiré sa révérence au domicile niçois de Marianne Fratoni, le 8 juillet, d'un cancer du poumon.