Hartmannswillerkopf

Publié le par Roger Cousin

Le Hartmannswillerkopf rebaptisé Vieil-Armand après la Première Guerre mondiale (nommé l'Hartmann, la « mangeuse d'hommes » ou la « montagne de la Mort » par les Poilus), est un éperon rocheux pyramidal, dans le massif des Vosges, surplombant de ses 956 mètres la plaine d’Alsace du Haut-Rhin. Un monument national y est érigé en souvenir des combats qui s'y déroulèrent durant le premier conflit mondial, en 1915 surtout. En effet, situé en droite ligne à 7 km de Thann et 6 km de Cernay, entre lesquelles passait la ligne séparant la partie de l'Alsace redevenue française dès 1914 et celle reprise par les troupes allemandes, le Vieil Armand était une forteresse stratégique alors âprement disputée. Le sommet est partagé entre les communes de Hartmannswiller, de Wuenheim, de Wattwiller et de Soultz. Le cimetière militaire apparaît dans une scène du film Jules et Jim de François Truffaut.



Hartmannswillerkopf

Le site historique

 

Le nom de Hartmannswillerkopf provient du nom du village de Hartmannswiller et de la butte (la « tête », Kopf) qui le surmonte. Les Poilus, à l'époque, ont rebaptisé le Hartmannswillerkopf en Vieil-Armand, Hartmann étant Armand en français. Les principaux combats eurent lieu les 19 janvier-20 janvier, 26 mars, 25 avril-26 avril et 21 décembre-22 décembre 1915 faisant près de vingt-cinq mille morts dont une majorité de Français. Parmi ces nombreux morts, on relève le général Marcel Serret et le capitaine Joseph Ferdinand Belmont. Ensuite le front s'est stabilisé et ne donna lieu qu'à des duels d'artillerie et qui a valu au sommet le nom de Montagne Sacrée d'Alsace. Au sommet, au niveau de la croix, il y a environ 22 mètres qui séparent les lignes allemandes des lignes françaises. L'inconvénient de cette situation est que les lignes doivent constamment être silencieuses, car elles peuvent s'écouter les unes les autres, et donc découvrir les stratégies de l'ennemi.

Dans l'impressionnante organisation défensive allemande, des sculptures d'Antoine Bourdelle illustrent le sacrifice de la jeunesse de ces pays voisins et cousins. Pour en sentir le pathos, il faut faire comme ces soldats du Kaiser qui gravissaient les 560 marches de la « Himmelsleiter » (échelle du ciel) qui commence à 790 m d'altitude sur le Bergpfad au versant sud. Daniel Ziegler a réalisé en 2004 HWK, la mangeuse d'hommes, respectueux de la précision historique (les soldats du début de 1915 ne portaient pas encore de casques). Sa caméra traque les regards vides, la trouille mortelle, l'envie d'en finir avec l'horreur du déluge de fer, de feu et le sang dans le paysage lunaire au sol mêlé de terre et de chair. Les prêtres faisaient sonner les cloches pour masquer le bruit et la fureur. Il y a aussi des scènes de fraternisation entre les adversaires.

Photographes et peintres immortalisèrent les événements tragiques qui se déroulèrent en ces lieux. Parmi ceux-ci, François Flameng, peintre officiel aux armées, dont les nombreux croquis et dessins furent publiés dans la revue L'Illustration. Le site du Hartmannswillerkopf inclut 45 km de tranchées qui ont été conservées, et des sentiers qui permettent de visiter le site. Pour préparer la « célébration » du centenaire de la Grande Guerre, les installations militaires reliques de la Première Guerre ont fait l'objet d'un projet de rénovation et de mise en valeur. Le BRGM a été missionné pour un diagnostic des zones d’instabilité des anciens souterrains sous et près de la crête. Des propositions de mise en sécurité pour une mise en valeur sans risques ont été faites.

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