La musique sous la République de Weimar
La
défaite militaire et l'effondrement de l'empire ont fait de l'allemagne en 1918 un pays à reconstruire, où les bouleversements politiques et sociaux s'accompagnent de profondes mutations
culturelles. la musique qui, comme les autres arts, se ressent de ces chocs et les répercute, devient un enjeu idéologique majeur. L'inflation entretient une angoisse qui trouve sa traduction
dans de folles audaces créatives. les repères traditionnels s'effacent, les frontières entre les genres s'estompent : le cabaret envahit l'opéra. les mouvements d'avant-garde surenchérissent les
uns sur les autres, les manifestations dadaïstes et antibourgeoises relèguent au second plan l'expressionisme.
Si les grandes figures du début du siècle (busoni, Richard Strauss, schoenberg, schreker), forment une pléiade de disciples, elles n'en sont pas moins contestées dans leur esthétique. a cette
période d'effervescence succède une phase de stabilisation (1924-1929) où, la prospérité revenant, se développe une intense vie musicale dominée par les plus grands noms (Furtwängler, Walter,
Klemperer, Scherchen, schnabel...). de nouvelles tendances s'instaurent telles que le fonctionnalisme, la musique communautaire, la nouvelle objectivité, illustrées notamment par Hindemith ; la
tradition spécifiquement allemande de la pratique du chant choral trouve alors une expression idéologique au sein des différents partis politiques. les nouveaux moyens d'expression (cinéma,
radio) ouvrent également un champ d'expérience largement pratiqué tandis que prospère l'industrie de la musique légère avec l'opérette, les cabarets et les revues.
La crise économique de 1929 exacerbe les tensions sociales et radicalise les mouvements esthétiques comme le théatre musical et les pièces didactiques de Brecht ; les compositeurs novateurs qui
bénéficiaient jusque-là du soutien fragile de la social-démocratie, se heurtent au conservatisme des milieux académiques (inspirés principalement par hans pfitzner) et à la haine des
nationaux-allemands qui, assimilant toute nouveauté au bolchévisme culturel, s'appuient sur les forces montantes du parti nazi.
De très nombreux compositieurs, parmi lesquels kurt weill et hanns eisler, vont se trouver contraints à l'exil sous le iiie reich. sur la toile de fond du berlin des années vingt, ce livre
restitue la violence et les audaces esthétiques d'une société vivant dans un climat quasi permanent de guerre civile musicologue, critique musical, pascal huynh est l'auteur de nombreuses
contributions sur la musique de l'entre-deux-guerres, l'histoire culturelle de berlin et kurt weill dont il a publié les écrits et qu'il contribue à faire connaître en france. il prépare un
ouvrage sur la musique sous le IIIème reich.
Auteur : Pascal Huynh
EAN13 : 9782213600789
Date de parution : 04/11/1998
Editeur : FAYARD