Jared Kushner
Jared Corey Kushner est un homme d'affaires américain, né le 10 janvier 1981 à Livingston. Il est marié depuis 2009 à Ivanka Trump, fille aînée de Donald Trump, le 45e président des États-Unis. Lui et son épouse sont qualifiés de « supercouple » par les médias américains, qui leur ont donné le surnom de J-Vanka. Il devient le haut conseiller de son beau-père au moment où celui-ci accède à la magistrature suprême.
Une des grands-mères de Jared Kushner était une survivante de l'Holocauste ; elle a vécu aux États-Unis après avoir été passagère du Saint Louis, un paquebot en grande majorité composé de Juifs allemands fuyant l'Allemagne nazie et dont l'essentiel des passagers a été refoulé à son arrivée aux États-Unis. Son père, Charles Kushner, est un entrepreneur majeur de l’immobilier du New Jersey, qui « n’a fait son entrée dans le cœur de New York qu’avec le concours plus présentable de Jared auprès des investisseurs ». Accusé d'avoir détourné de l'argent, Charles Kushner a été condamné à deux ans de prison par le procureur de l'État Chris Christie, ce qui explique les ressentiments futurs de Jared Kushner à son égard. En 2005, il se met en couple avec la femme d'affaires Ivanka Trump, fille de Donald Trump. Leur relation est interrompue en 2008, sous la pression de sa famille juive orthodoxe. Sa compagne se convertit finalement au judaïsme, ce qui lui permet d'épouser Jared Kushner en 2009. Ils ont trois enfants6. La presse américaine le décrit comme un juif orthodoxe.
Il est titulaire d'un BA en sociologie de l'université de Harvard (2003) et d'un master professionnel en droit (JD) ainsi que d'un MBA de l'université de New-York (2007). Il est le propriétaire de la société immobilière Kushner Properties et de la société d'édition de journaux The New York Observer (acheté en 2006 pour 10 millions de dollars). Il est le fils du promoteur américain Charles Kushner et a hérité, alors que ce dernier a été emprisonné pour fraude fiscale, de sa « vaste entreprise de promotion immobilière ». Après avoir vendu les 22 000 appartements que la famille possède dans le New Jersey, il achète en 2007 le bâtiment le plus cher dans l'histoire des États-Unis : le 666 Fifth Avenue pour 1,8 milliard de dollars. Le prix unitaire payé pour cette acquisition — 1 200 dollars/pied (12 840 dollars/m2) — est le double du prix le plus élevé payé jusqu'alors sur le marché new-yorkais pour un achat immobilier. Dès le début il s'avère que le prix est trop élevé, de même que l'emprunt consenti pour financer l'opération. La crise financière qui survient l'année suivant l'acquisition aggrave la situation en tirant les loyers vers le bas et en réduisant les surfaces louées, ce qui place la famille Kushner dans des difficultés financières que Jared s'efforce depuis lors de résoudre en faisant appel à des investisseurs et financements extérieurs. Il doit vendre la moitié de sa tour pour un prix très inférieur à celui de son achat.
En 2016, il participe à un projet immobilier à Brooklyn d'un montant de 2 milliards de dollars. Après avoir soutenu financièrement le Parti démocrate les années précédentes, il compte, en 2016, parmi les conseillers de la campagne présidentielle de Donald Trump et est décrit comme l'architecte de sa campagne sur les médias numériques, notamment en termes de finances. Il organise la visite surprise du candidat républicain à Mexico, fin août, et conduit à la réconciliation de ce dernier avec la communauté juive, après un tweet accusé de relents d'antisémitisme. Il joue un rôle essentiel dans le départ des deux premiers directeurs de campagne, Paul Manafort et Corey Lewandowski, et contribue à écarter Chris Christie — ennemi personnel de son père — de l'équipe de transition de Donald Trump (il avait déjà contribué à ce que Donald Trump lui préfère Mike Pence comme colistier pour la vice-présidence). Pendant la période de transition, il cherche à mettre en place un canal de communication secret avec la Russie. Le 9 janvier 2017, Donald Trump le nomme Haut conseiller du président des États-Unis. Jared Kushner a déclaré qu'il renoncerait à tout son salaire, pour la durée du poste. Pour occuper son poste dans l'administration Trump, Kushner doit obtenir et conserver une autorisation de sécurité top secret qui, entre autres, l'a obligé à remplir le « Standard Form 86 ».
Une fois Donald Trump investi, il est chargé de définir la politique moyen-orientale des États-Unis et de suivre d’éventuelles négociations israélo-palestiniennes. En avril 2017, il se voit chargé de la réforme de l’administration américaine. Il figure également au premier plan des relations avec les régimes mexicain et chinois. Mediapart le présente comme le « pense-bête de Donald Trump, un mémento de l’essentiel de ses préoccupations immédiates, des dossiers que seul un proche digne de la plus haute confiance pourrait se voir confier ». Depuis le début de la présidence, il fait partie, avec son épouse Ivanka Trump, de l'aile modérée du cabinet du président, « force clé, censée modérer les élans des populistes » auprès du président, comme le conseiller Steve Bannon. L'ancien secrétaire d'État et spécialiste des relations internationales Henry Kissinger le considère comme le « conseiller le plus influent de la Maison-Blanche ». S'étant entretenu avec divers contacts sans se coordonner avec le conseiller à la sécurité nationale H. R. McMaster, ni même lui avoir rendu compte de ces échanges, il voit fin février 2018 rétrograder son habilitation de « top secret » à « secret » par le chef de cabinet de la Maison-Blanche John F. Kelly, ce qui lui interdit désormais de participer à la réunion matinale entre le président et le directeur national du renseignement Dan Coats concernant les opérations secrètes de la CIA ou encore les interceptions sensibles de la NSA. Cette décision aurait également été motivée par le fait que des interlocuteurs étrangers le jugeaient « manipulable ».
Les relations privilégiées qu'il entretient avec le prince saoudien Mohammed ben Salmane Al Saoud ont été largement commentées dans la presse. Donald Trump confie notamment à Jared Kushner la gestion du dossier du conflit israélo-palestinien. Très rapidement, la presse fait état de conflits d'intérêts. La fondation de la famille Kushner à la tête de laquelle Jared Kushner siège avec ses parents a fait des dons pour un montant de 325,860 $ à l'organisation Friends of the Israeli Defence Forces (FIDF) — association qui collecte des dons au bénéfice de l’armée israélienne. Selon le journaliste Daniel Solomon, « les liens de Kushner avec les FIDF pourraient avoir assombri sa capacité à paraître comme un intermédiaire neutre » entre Israéliens et Palestiniens. Son nom qui figurait parmi les membres du Conseil d'Administration de la fondation en a d'ailleurs été retiré à la suite des révélations sur son « implication dans le groupe ». Entre 2011 et 2013, la Fondation Kushner a effectué des dons de 58,500 $ à des yechivas de colonies israéliennes, apportant notamment 38,000 $ aux American Friends of Beit El — une colonie connue pour son opposition radicale au processus de paix entre Israël et la Palestine.
Malgré la polémique, Jared Kushner conserve la confiance du Président Trump qui a déclaré au New-York Times que Kushner serait « très bon » pour la prise en charge des négociations entre Israël et la Palestine ; « Je veux dire qu'il connaît [la problématique] si bien. Il connaît la région, il connaît les gens, il connaît les acteurs ». Le 21 juin 2017, à la tête d'une délégation américaine, il rencontre Mahmoud Abbas lors d'une réunion « tendue », notamment à cause de la reprise par les Américains des plaintes israéliennes quant aux salaires versés aux prisonniers palestiniens condamnés pour terrorisme par les Israéliens. Pour les Palestiniens, les Américains « semblaient être des conseillers de Netanyahou et non des arbitres impartiaux ». Selon le journaliste Mehdi Hasan Kushner n'est pas le premier envoyé du gouvernement américain à afficher un biais pro-israélien, mais seulement le premier chez qui ce biais est aussi flagrant. En mai 2018, il assiste à l'inauguration de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem avec son épouse.