Berthelot Marcellin

Publié le par Roger Cousin

Berthelot Marcellin Pierre Eugène Marcellin Berthelot, né le 25 octobre 1827 à Paris et mort le 18 mars 1907, est un chimiste, essayiste, historien des sciences et homme politique français. Issu d'un père médecin et républicain convaincu, et né à Paris (dans une maison située au coin de la rue du Mouton et de l'ancienne place de Grève), Berthelot fit de brillantes études en pension au lycée Henri-IV, s'intéressant entre autres à l'histoire et à la philosophie (prix d'honneur de philosophie au concours général). C'est là qu'il fit la connaissance de Renan qui avait quitté le séminaire et travaillait dans cet établissement comme maître d'études ; ils nouèrent une amitié qui devait durer jusqu'à la mort. Il entre ensuite à la Faculté des sciences de Paris. Il commença vraiment ses recherches dans le laboratoire privé de Théophile-Jules Pelouze, où il pouvait expérimenter à sa guise. Il entra au Collège de France en 1851 comme préparateur d'Antoine-Jérôme Balard, son ancien maître.

Comme plusieurs autres chimistes de son temps, Berthelot commença ses recherches sur des composés organiques de nature assez complexe. Il obtint son doctorat en 1854 à l'âge de 27 ans grâce à sa thèse sur la structure et la synthèse des graisses et sur les combinaisons du glycérol avec les acides. Berthelot a fait sur les synthèses organiques beaucoup de recherches fructueuses, qui suite à un article paru en 1859, sur les sucres analogues au sucre de canne, attirent l'attention sur lui. Cela lui vaut d'être nommé la même année professeur à l'École supérieure de pharmacie. Six ans plus tard (en 1865), sur proposition de M. Balard, il devient professeur de chimie organique au prestigieux Collège de France, avec une chaire spécialement créée à son intention. , mais le domaine de ses intérêts était extrêmement large ;

 À partir de 1869 année durant laquelle l'inauguration du Canal de Suez lui donne une vision de l’Égypte, pays d'Hermes qui lui laisse une forte impression ; il se passionne pour les textes anciens qu'il peut trouver sur l'Alchimie. Il sera aussi l'auteur d'études historiques sur les alchimistes du Moyen Âge ; Il dit avoir revisité les textes de la haute antiquité, les livres hermétiques (chaldéennes, juives, gnostiques..), les livres d'alchimie. Il consigne ses opinions sur le sujet dans un libre sur les Origines de la chimie, (Introduction à l'étude de la chimie des anciens et du moyen-âge), puis 3 gros volumes sur l'Alchimie.

  • Il travaille sur les médicaments ;
  • Il étudie les explosifs (qui l'ont conduit à devenir président de la Société des explosifs) ;
  • Il étudie la physiologie végétale,


Il entre en politique à l'occasion de la Guerre de 70 ; le 2 septembre 1870 en devenant président du comité scientifique de défense. Il est alors membre puis président du comité consultatif du Comité des poudres et salpêtres, puis président de la Commission des substances explosives. Il fabrique alors des canons et de nouvelles formules de poudre et les expérimente. En 1871, les Parisiens reconnaissants l'élurent député par 31 000 voix, puis, en juillet 1881, il devint sénateur inamovible. Il fut nommé inspecteur général de l'instruction publique en 1876. Il occupera ensuite deux fonctions ministérielles importantes :

  • Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, du 11 décembre 1886 au 17 mai 1887, dans le gouvernement René Goblet
  • Ministre des Affaires étrangères, du 1er novembre 1895 au 23 avril 1896, dans le gouvernement Léon Bourgeois


A la tête de l' école équivalentiste, il combattit le vitalisme mais aussi l'atomisme scientifique, refusant jusqu'à sa mort les travaux de Gay-Lussac et Avogadro sur ce sujet, et usant de son prestige de ministre pour imposer jusque vers 1900 une notation chimique dépassée, alors qu’aucun savant n’ignorait, au moins depuis 1870, qu’elle était fausse. Comme adversaire de la théorie atomique, il refusait d'ailleurs les travaux portant sur ce sujet qui lui étaient adressés. Marcellin Berthelot était un espérantophone et espérantiste distingué, dont le souvenir fut salué par Zamenhof lors du Congrès de Cambridge le 12 août 1907. Il était membre du Comité de Patronage de ISAE (Internacia Scienca Asocio Esperantista (eo) = Association Internationale Scientifique Espérantiste).

Après avoir étudié les explosifs et les moyens de les améliorer, Marcellin Berthelot fut nommé Président de la Société des explosifs. Dans ce domaine, il a notamment travaillé sur « le rôle des détonants par rapport à la force des explosions et put ainsi déterminer de façon précise quel sera l'effet produit par une quantité donnée d'un explosif, comment et pourquoi cet effet se produira ». Il a contribué à la mise au point et à la production d'explosif sans fumée, qui seront très utilisés durant la Première guerre mondiale et par la suite. Interrogé par la Revue illustrée (qui lui consacre un article de plusieurs pages en 1902), il dit s'être adonné au « culte de la vérité pure » ; « (...)ne me mêlant jamais à la lutte des intérêts pratiques qui divisent les hommes, j'eus vécu dans mon laboratoire, solitaire, entouré de quelques élèves, mes amis : mais pendant pareille crise (guerre de 1870 et tensions avec l'Allemagne), il n'était plus permis de rester indifférent. Voilà pourquoi j'ai fabriqué de la poudre, des canons, des explosifs ; j'ai tâché de faire mon devoir sans partager les haines étroites de quelques-uns contre l'Allemagne dont je respecte la science en maudissant l'ambition impitoyable de ses chefs(..) »

En fin de carrière, ce physicien s'est aussi beaucoup intéressé à la physiologie végétale. À partir de 1882 (à l'âge de 55 ans) il s'installe à Meudon et y cultive des champs expérimentaux (dans les potagers de l'ancien château de Meudon, pour y étudier les liens entre croissance végétale et électricité (selon l'altitude dans la « tour de Meudon » ; il produit l'électricité nécessaire dans son laboratoire au moyen d'un moteur et d'une batterie d'accumulateurs. Notamment en exposant des plantes à de l'électricité (à basse tension), il cherche à comprendre comment les végétaux synthétisent les « principes organiques », comment ils fixent l'azote libre de l'air dans la terre en comprenant l'importance de l'action microbienne, qui permet de conserver la « fertilité indéfinie » des sols naturels . Dans sa tour, haute de 28 mètres, il étudie l'effet de l'altitude sur le potentiel électrique des plantes soumises à différentes hauteur et de là d'éventuels effets sur certaines fonctions végétales. C'est là qu'il prouve la fixation de l'azote par les microbes.

Berthelot avait maintes fois répété qu'il ne souhaitait pas survivre à son épouse Sophie Niaudet, malade. Et, en effet, quelques minutes après la disparition de celle-ci, le 18 mars 1907, il s'éteignit lui-même. Pour Jean Jacques, il s'agit clairement d'un suicide. Marcellin Berthelot est le père du diplomate Philippe Berthelot, du banquier, homme d'affaires et encyclopédiste André Berthelot, du chimiste Daniel Berthelot, du philosophe René Berthelot. Il est également l'arrière-grand-oncle de René Berthelot, ancien directeur du conservatoire d'Orléans, compositeur, chef d'orchestre, et violoncelliste.

Son jubilé scientifique fut célébré solennellement. Après sa mort, désireux d'honorer le grand homme, mais prenant acte des circonstances de sa disparition, le gouvernement, qui décida le transfert des cendres de Marcellin Berthelot au Panthéon, estima logique de ne pas le séparer de sa femme, qui fut inhumée avec lui : c'est donc la première femme entrée au Panthéon. Pour cette occasion, Clemenceau, toujours caustique, aurait déclaré : « Ci-gît Marcellin Berthelot. C'est la seule place qu'il n'ait jamais sollicitée ». Après sa carrière d'enseignant, Marcellin Berthelot résida à Meudon, où l'on trouve encore la tour d'expérimentation déjà appelée « Tour Berthelot » de son vivant. En 1907, l'ancienne place Cambray située devant le Collège de France est renommée en hommage place Marcellin-Berthelot. Le 19 janvier 1969, la nouvelle avenue rectiligne de 1 350 mètres ayant desservi le stade olympique de Grenoble lors de la cérémonie d'ouverture des jeux de 1968 à Grenoble, est baptisée avenue Marcellin Berthelot.

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